Dimanche prochain, le peuple marocain célébrera le 66ème anniversaire de la visite de Feu SM Mohammed V à M'Hamid El Ghizlane, en 1958, au cours de laquelle le Souverain avait reçu les Chiyoukhs et les représentants des tribus sahraouies venus renouveler leur allégeance, comme l'avaient fait leurs ancêtres depuis des siècles. Nous sommes le 25 février 1958. Le drapeau tricolore n'est présent au Maroc que dans les administrations diplomatiques françaises, le Protectorat de l'Hexagone n'étant qu'un vieux et pâle souvenir. Ce jour-là, un événement charnière, porteur de profondes significations, a eu lieu, à la plus grande joie des habitants de Zagora et de M'Hamid El Ghizlane.
En effet, la visite de Feu Mohammed V, Chef suprême de la Nation, a incarné la symbiose entre le peuple marocain et le glorieux Trône alaouite pour le recouvrement de l'Indépendance et de ses terres pillées, comme le rappelle le Haut-Commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l'Armée de libération, à chaque anniversaire de ce jour empreint de patriotisme.
À maints égards, ce jour aux allures de printemps et aux acceptions de renouveau a été un gage de la mobilisation, à toute épreuve, du peuple marocain pour la consécration des acquis nationaux et la défense de l'intégrité territoriale du Royaume, ainsi que son attachement à l'initiative marocaine d'autonomie des provinces du Sud.
Des pages écrites en lettres d'or...
Cette communion avait été illustrée par le défunt Souverain, lors de Son discours au peuple marocain prononcé devant les habitants de M'hamid El Ghizlane, dans lequel le Grand regretté avait dit : "Nous proclamons solennellement que nous poursuivrons notre action pour le retour de notre Sahara dans le cadre du respect de nos droits historiques et selon la volonté de ses habitants". De même, dans un discours prononcé lors de Sa visite à M'hamid El Ghizlane le 11 avril 1981, Feu SM Hassan II avait exposé les motifs de la visite de Son auguste père et la profonde portée historique de ce glorieux fait national.
Dès Son retour d'exil, le 16 novembre 1955, et après la clameur de l'indépendance du Maroc, Feu SM Mohammed V avait affirmé Sa vocation à rebâtir l'entité nationale sur la base de l'intégration des régions et provinces du pays et de la suppression des frontières fantoches léguées par la colonisation.
Quelques jours avant Sa visite à Ouarzazate et Zagora, Feu SM Mohammed V avait prononcé un discours à Arbaoua le 16 février 1958, dans lequel Il affirmait que "notre arrivée symbolique prouve que le Nord et le Sud ne seront plus que des concepts géographiques pour laisser place à un Maroc unifié".
Cet événement vient ainsi matérialiser tant le lien séculaire de loyauté entre les Souverains marocains et les populations de ces chères régions que la pérennité du pacte indéfectible qui a toujours lié le glorieux Trône alaouite au peuple marocain.
Résistance, clairvoyance, indépendance !
En effet, les habitants des régions du Sud du Royaume ont toujours manifesté un profond attachement à leur religion, à leur patrie et à leur Roi, et se sont révélés disposés, à l'instar de leurs compatriotes des autres régions du Royaume, à consentir des sacrifices et à lutter, à mains nues, contre la domination du colonisateur.
Les luttes livrées dans le Sud du pays par l'armée de libération, dirigée par de jeunes sahraouis, sont gravées avec éclat dans les pages glorieuses de l'Histoire de la lutte nationale pour l'indépendance.
Ces combats de l'armée de libération ont été autant d'occasions pour les populations des provinces du Sud de renouveler leur mobilisation et leur entière disposition au sens du devoir de sacrifice, à l'instar de leurs aïeux, qui ont su pérenniser la tradition de la lutte nationale, notamment lors de la bataille de Bougafer, en 1933.
Les fruits de cette lutte acharnée et incessante, le Maroc les a engrangés avec la reconquête de Tarfaya le 15 avril 1958 et de Sidi Ifini le 30 juin 1969, à la faveur de la politique clairvoyante de Feu SM Hassan II, architecte de la Marche Verte de 1975.
Aujourd'hui encore, sur la voie tracée par Ses illustres ancêtres, SM le Roi Mohammed VI persévère dans la marche pour la défense de l'intégrité territoriale du Royaume et la consécration de l'identité marocaine des provinces du Sud.
Ainsi, à l'occasion de ce 66ème anniversaire, la famille des Anciens Résistants et membres de l'Armée de libération réaffirme son inébranlable attachement à l'intégrité territoriale du Royaume et à l'initiative marocaine d'autonomie des provinces du Sud.
Il s'agit, en sus, aux yeux du peuple marocain et de la famille de la Résistance et de l'Armée de libération, d'une opportunité pour éterniser l'épopée victorieuse de la lutte nationale contre l'occupation étrangère et de réaffirmer leur mobilisation constante en faveur de l'intégrité territoriale du Royaume. Faits marquants : Une conjoncture plus nationaliste que jamais Au début des années 1950, les tensions se sont intensifiées entre le Sultan Mohamed Ben Youssef et la Résidence française. Le nationalisme marocain étant incarné par le Souverain, la riposte française est orientée contre Sa personne et même contre la Monarchie. C'est tout le contraire de la politique suivie par le maréchal Louis Hubert Lyautey, qui se présentait, même à l'étranger, comme le "protecteur" et l'"ami" du Maroc.
En 1953, la crise culmine sous le ministère Laniel, et la déposition du Souverain en faveur de Mohammed Ben Arafa a eu lieu cette année-là. Le 20 août, le général Guillaume a remplacé le général Juin en qualité de Résident. Le Sultan est alors exilé en Corse, puis à Madagascar.
Mais cet exil, en totale entorse au traité de Fès du 30 mars 1912, Lui donne une dimension hors du commun, qui va servir de catalyseur aux revendications nationalistes.
La situation, qui paraissait enlisée, se résout pourtant le 6 novembre 1955, à la suite de la Conférence franco-marocaine d'Aix-les-Bains.
Pour les Marocains d'alors, le départ de Ben Arafa était un passage obligé, Sidi Mohammed Ben Youssef étant manifestement le Sultan légitime. Ce point est acquis par la partie française lors du Conseil des ministres des 28 et 29 août 1955.
Ces propositions sont alors soumises, au nom du gouvernement Pinay, à l'approbation officielle et solennelle de Sidi Mohammed Ben Youssef à Madagascar, où Il est astreint à une résidence surveillée, par une délégation composée du général Catroux et de son chef d'état-major, Henri Yrissou.
Les tractations entre le Sultan Mohammed Ben Youssef et le président Coty débutèrent le 15 février 1956 et, le 2 mars, la France reconnut l'indépendance du Maroc en apposant sa signature sur une déclaration commune mettant un terme à la suprématie du drapeau tricolore sur le sol marocain. Rétrospective : Bougafer, Bournazel et les goumiers Il est des pages de l'Histoire coloniale française écrites avec le sang des martyrs marocains. Nous sommes en 1933 et il est déjà lointain le souvenir de la politique protectorale de Lyautey progressiste et pacifiste. La bataille de Bougafer, dite bataille de Saghro, débute le 13 février 1933 dans le Sud du pays et oppose les forces coloniales françaises aux combattants des tribus Aït Atta. L'échec cuisant que les colons ont essuyé restera gravé, à tout jamais, dans les annales des Archives nationales du Royaume.
Retranchés dans la montagne de Bougafer au Sud du Saghro, 12.000 hommes et femmes de la tribu amazighe Ait Atta résistent pendant plus de quarante jours face à plus de 80.000 hommes et n'acceptent de négocier de trêve qu'après des bombardements aériens de l'aviation stationnée à Ouarzazate et un sévère blocus.
Sous les ordres des généraux Giraud et Catroux, 80.000 soldats français tentent de réduire les 12.000 Marocains installés dans le Saghro.
Les colons entrent dans la zone sinistrée le 13 février, mais ils sont repoussés par des tireurs d'élite. Une première offensive frontale des goumiers et des auxiliaires le 23 février échoue, ainsi que deux autres attaques les 24 et 25 février.
Du 25 au 27, les goumiers et les auxiliaires dirigés par le capitaine Henri de Bournazel, connu sous l'appellation de "l'homme rouge" en raison de son uniforme de la couleur des spahis, parviennent à conquérir le côté Est de Bougafer. De premières négociations de soumission ont lieu, mais sont ensuite abandonnées.
Le 27, Lucien Saint mandate le lieutenant-colonel et futur maréchal Alphonse Juin en vue d'ordonner au général Huré de relancer l'assaut. Déclenché le lendemain par les auxiliaires puis les légionnaires, l'assaut se solde par un fiasco et les Français essuient plus de 64 pertes, dont 12 légionnaires et Bournazel.
Les Français ont décidé de changer de stratégie en barricadant la montagne et en soumettant les assaillants à des bombardements d'artillerie et d'aviation.
Le siège s'achève le 25 mars par un cessez-le-feu, à la suite duquel Assou Oubasslam soumet au général Huré une série de contreparties au dépôt des armes, que ce dernier accepte. 327 Marocains sont tués, dont 127 femmes.
De cet épisode hautement symbolique, l'Histoire du Maroc a retenu que le courage et la vaillance des tribus du Sud n'ont d'égal que leur résistance inébranlable face aux tentatives velléitaires d'intrusion étrangère. Us et traditions : M'hamid El Ghizlane, des Saâdiens à nos jours M'Hamid El Ghizlane fait partie des nombreuses petites communes rurales marocaines de la province de Zagora, sise aux confins du Sahara, à quelques encablures de la frontière algérienne et du méandre de l'Oued Drâa, qui s'incurve vers l'Ouest en direction de l'Océan Atlantique.
De M'Hamid El Ghizlane, cette pure splendeur de l'écosystème dont le nom signifie "la plaine des gazelles", naît l'immense plateau désertique connu sous le nom de Drâa Hamada, avec ses gigantesques dunes larges d'une trentaine de kilomètres.
M'Hamid El Ghizlane constitue la fin de la route et le point de départ des randonnées en 4×4 ou à dos de chameau vers le lac Iriki ou les grandes dunes de Chigaga.
M'Hamid El Ghizlane, c'est aussi et surtout une oasis qui recèle un ancien palais en ruine, la Kasbah d'el Allouj, qui témoigne à lui seul de la forte activité de cette région à la fin du XVIème siècle, à l'époque des dynasties saâdiennes et des caravanes de chameaux qui reliaient le Maroc au Soudan. Pendant des siècles, M'hamid a été le rendez-vous des hommes bleus.
Rappelons qu'il y a quelques mois, la municipalité de M'hamid El Ghizlane a accueilli le 18ème Festival international des Nomades, organisé par l'Association mondiale des Nomades.
Le festival a permis de mettre en évidence les traditions et les activités qui font partie intégrante de la culture nomade, pour le plus grand bonheur de milliers de visiteurs provenant des quatre coins du monde, désireux de vivre une expérience authentique et immersive au cœur de la culture nomade. Patriotisme : L'allégeance sahraouie aux Sultans marocains est pluriséculaire Il y a un peu plus de cinq millénaires, le Sahara marocain était une savane boisée dotée d'une riche biodiversité, confirmée par les vestiges fossiles et l'art rupestre : autruches, gazelles, bovins, éléphants, girafes, hippopotames et crocodiles, dont les premiers habitants tiraient leur subsistance, comme en atteste l'art rupestre lui-même.
Ces provinces du Sud qui connaîtront un grand essor intellectuel quatre millénaires plus tard sous les Almoravides, faisaient initialement partie du Grand Maroc arabo-amazigh, et ont embrassé l'islam et prêté serment d'allégeance aux tout premiers Sultans marocains, les Idrissides, il y a douze siècles.
Sous le protectorat français, les Sahraouis ont réaffirmé cet acte de fidélité au Sultan Mohamed ben Youssef, lequel acte a été renouvelé au lendemain de l'indépendance.
Après quelques tentatives infructueuses au XVIème siècle, les Espagnols ont fait de ces territoires une colonie, et ce, entre 1884 et 1975. À la suite du désengagement de l'Espagne en 1975, qui abandonnait ce territoire sans procéder au référendum du Peuple Sahraoui pour lequel elle était mandatée par l'ONU. De ce fait, le Sahara est ipso facto annexé, de nouveau, à la Mère Patrie : le Royaume du Maroc.
Contrairement aux poncifs qui ont largement imprégné l'imaginaire occidental, le désert du Sahara peuplé de tribus nomades n'est rien d'autre que l'image des communautés rurales sahraouies, pourtant riches et fières de leurs traditions folkloriques bédouines.