« Il serait totalement illusoire, irrespectueux et stupide » de penser pouvoir reconstruire les relations franco-marocaines sans tirer au clair la question du Sahara marocain. Dans une déclaration parsemée de langage diplomatique, l'ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a réitéré, vendredi dernier, la volonté de Paris de tourner définitivement la page d'une crise historique avec le Maroc, amplifiée par les mille et une maladresses de Macron. Le diplomate, qui s'est vu attribuer la mission difficile et délicate de préparer un terrain fertile pour rétablir la confiance entre les deux pays, tente tant bien que mal d'émettre des signaux positifs au Royaume, sans trop s'aventurer et impliquer la France dans une position qui mettrait en péril ses relations avec Alger. Sauf que pour sortir de l'impasse, Paris et ses diplomates, qui multiplient depuis plusieurs mois les bonnes promesses à l'égard du Maroc,devraient plutôt passer à l'acte, à l'image des Etats-Unis, l'Espagne et plusieurs autres grandes puissances occidentales. Reste à savoir si la France de Macron est prête à sacrifier le régime algérien en faveur d'un rapprochement avec Maroc, qui serait profitable à plus d'un titre. Sur le plan géopolitique, le Royaume bénéficie d'une voie Royale au Sahel, où les Français ont été sommés de plier bagages. Dans cette région prisée par les Américains et les Russes, l'Elysée veut maintenir un semblant de présence qui ne peut se faire qu'à travers le Maroc, le régime algérien étant chassé de la zone sahélienne après le fiasco du plan de réconciliation présenté par un Tebboune incapable de garantir sa propre réélection présidentielle.
Au niveau économique, le Maroc est le premier pays récipiendaire des investissements français en stock dans la zone ANMO (Afrique du Nord et Moyen-Orient), confortant des perspectives de croissance durable pour le pays. Il est vrai que la manne pétro-gazière du régime des généraux pèse lourd dans la balance politique, mais l'expérience espagnole a montré à quel point l'Algérie d'aujourd'hui est incapable d'acter un embargo contre ses partenaires occidentaux. D'autant que l'initiative Royale pour l'Atlantique, forte d'un gazoduc qui s'étend sur 7.000 km en traversant 13 eaux territoriales, offre une alternative plus fiable pour répondre aux besoins énergétiques des pays partenaires. Finalement, le choix n'est pas aussi difficile qu'on le croit !