Le chantier de la digitalisation des prestations de santé s'accélère progressivement, avec la signature d'une nouvelle convention visant la digitalisation de la feuille de soins et le déploiement du dossier médical partagé, deux projets de grand intérêt pour le patient mais qui risquent de se confronter à plusieurs défis. Détails. Quelques mois après le lancement du chantier de la généralisation de la protection sociale, le gouvernement d'Aziz Akhannouch s'efforce, cette fois-ci, d'accélérer le déploiement de deux projets qui constituent un rouage dans l'amélioration des services de santé. Il s'agit d'abord du dossier médical partagé (DMP), un véritable carnet de santé numérique au service de la coordination des soins, offrant aux professionnels de santé la possibilité d'accéder à une information beaucoup plus complète sur leurs patients. Et ensuite, la feuille de soins électronique, un service destiné au médecin traitant, aussi bien dans son cabinet que lorsqu'il opère au sein d'une structure de soins. Il lui permet de réaliser ses propres prestations médicales, mais aussi d'opérer la prescription des autres prestations que le patient doit réaliser auprès d'autres prestataires de soins. Ces deux projets, ayant fait l'objet d'une convention-cadre de partenariat signée entre le ministère de la Santé et de la Protection sociale, le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et l'Agence de développement du digital (ADD), sont destinés à garantir une meilleure qualité de service pour le citoyen dans le domaine de la santé et de la protection sociale. L'accord établit le cadre de la coopération entre les parties signataires, avec pour objectif de simplifier le suivi médical, la coordination des traitements entre les professionnels de santé et les procédures de remboursement des frais de soins médicaux pour les patients.
Connecter les professionnels de santé
Intégrant des fonctionnalités innovantes, destinées à rehausser la qualité des soins, et utilisant un identifiant santé unique, le nouveau système permettra un accès aisé et transparent aux données de santé des patients, y compris des informations sur leur assurance maladie obligatoire, simplifiant d'autant le travail des médecins en offrant un accès transparent aux dossiers médicaux, a détaillé le ministre de la Santé et de la Protection sociale. En vertu dudit accord, il sera procédé à la création d'une interface unifiée pour harmoniser les deux solutions et les connecter aux systèmes d'information des établissements de santé et des cabinets médicaux. Les solutions déployées seront accessibles aux patients et aux professionnels de santé via des applications et portails dédiés, qui seront pensés pour améliorer l'expérience des utilisateurs. Pour les professionnels de santé, ces deux projets constituent le gage d'une meilleure prise en charge médicale des patients. « C'est les prémices à ce que tout le monde ait, dans un futur proche, la carte vitale « Riaya » qui contient toutes les informations personnelles du patient ainsi que son historique médical », commente Dr Moulay Saïd Afif, président de la Société marocaine des sciences médicales, soulignant que la dématérialisation du processus AMO bénéficiera largement au patient.
Faciliter la vie au patient
Concrètement, le patient n'aura plus besoin de se déplacer pour déposer son dossier médical auprès de la CNSS. « Le transfert de la note d'honoraire se fera de manière électronique et le remboursement se fera, ainsi, dans les plus brefs délais permettant au citoyen d'avoir une prise en charge complète sans interruption », explique Dr Afif. Cependant, estime-t-il, le succès de cette étape est tributaire d'une coordination et d'une connexion renforcée entre les différentes parties prenantes, qu'elles soient du secteur privé ou public, afin d'identifier les difficultés pouvant entraver sa bonne mise en œuvre mais également pour parvenir à unifier les systèmes d'information et de gestion des intervenants dans le processus de prise en charge des patients.
Tarification de référence
Se félicitant de cette avancée majeure, l'expert souligne la nécessité, à ce stade, d'améliorer la tarification de la médecine ambulatoire qui ne correspond pas aux tarifs réels payés par les patients. « Une augmentation de la tarification de référence des consultations est nécessaire du moment que ces dernières ne représentent que 4% des dépenses de l'AMO », ajoute Dr Afif qui souligne l'importance de la médecine préventive pour réduire la pression sur l'AMO, précisant que « 3% des assurés consomment plus de 50% du budget compte tenu du caractère grave de leurs maladies ».