Le nombre des médecins légistes au Maroc ne dépasse pas 33 personnes, un constat affligeant, déploré par le ministre de la Justice, lui-même, lors de son intervention, lundi 29 janvier à la Chambre des Représentants ,sur les mesures prises par son département pour le développement de la médecine légale. La médecine légale séduit actuellement quelque trente personnes au Maroc. En 2022, ils ont été à peine 24 médecins légistes à exercer sur l'ensemble du territoire national. Au dire d'Abdellatif Ouahbi, " les autopsies sont faites par des médecins qui ne sont pas certifiés légistes, que des généralistes". Par ailleurs, le ministre décèle une explication claire à une telle réticence: "un manque d'attractivité de la profession en vue des rémunérations peu motivantes, un médecin légiste ne perçoit que 100 dhs l'autopsie", regrette Abdellatif Ouahbi. Devant ces constats, le ministre de la Justice affirme avoir discuté avec le Ministère des Finances, en vue de revoir et revaloriser ces rémunérations, "dans l'espoir d'améliorer l'attractivité de cette spécialité". Il a également affirmé la formation d'un nombre important d'étudiants en médecine légale, résultat d'un accord avec le ministère de l'Enseignement Supérieur ."Ces médecins, seront affectés prochainement, selon le besoin, par les départements de la Santé et de l'Intérieur", a assuré Ouahbi. "L'objectif global est de former 250 médecins légistes", a dit Ouahbi à la Chambre des Représentants, soulignant que l'accord entre les ministères s'inscrit dans le cadre d'un décret adopté en mai 2022 en vue de pallier le déficit de professionnels titulaires de diplômes de spécialité. Il est à rappeler dans ce sens qu'un médecin peut obtenir un diplôme de médecine légale après une formation de 4 ans, qui est validée après l'obtention d'un doctorat en médecine générale. Pour rappel, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), avait publié en juillet 2013, les résultats d'une étude sur les activités médico-légales au Maroc, afin de déterminer les modalités de mise en œuvre d'une réforme de ce secteur. Cette étude qui s'intitule « Les activités médico-légales au Maroc : La nécessité d'une réforme globale » a concerné trois champs d'activités médico-légales : le champ thanatologique comprenant les autopsies et les examens externes des cadavres, le champ des certificats médico-légaux de tous genre, y compris pour les femmes et enfants victimes de violences et enfin le champ des expertises médico-judiciaires. Le Conseil avait présenté plusieurs recommandations qui prônent une réforme globale des activités médico-légales, dont la refonte du cadre institutionnel national pour l'activité médico-légale , la révision des frais dus aux expertises médico-judiciaires et la formation pré et post-graduée des médecins légistes.