Dans un contexte de sécheresse historique, le taux de remplissage des barrages est de 23,4%. Une situation inquiétante qui appelle à la vigilance. Mais grâce aux chantiers royaux appliqués par le gouvernement, le Royaume parvient à réduire le déficit hydrique. Explications. Près d'une semaine après la réunion de travail tenue devant Sa Majesté le Roi au Palais Royal de Rabat, pour examiner la situation hydrique au Maroc, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, est apparu au Parlement pour répondre aux questions des députés sur la stratégie de l'Exécutif pour limiter les dégâts de la sécheresse. Lors d'une séance houleuse, le ministre s'est félicité des dernières précipitations, bien qu'elles aient été minimes, soulignant que la capacité des barrages s'est renforcée depuis le mois de septembre jusqu'à présent, atteignant un total de 646 millions de mètres cubes. Baraka a ainsi précisé que le déficit hydrique est passé de 70% à 57% par rapport aux années normales et à 37% par rapport à l'année dernière, notant cependant que le taux de remplissage des barrages est de 23,2% en comparaison avec les 31,7% enregistrés l'année dernière. Il a indiqué dans le même sens que les réserves des barrages se situent désormais à 3,7 milliards de mètres cubes, contre 5 milliards de mètres cubes l'année dernière, soulignant que lors de la dernière réunion royale, « une nouvelle feuille de route et un programme urgent ont été mis en place pour faire face à ces problématiques ». Le plan d'action, rappelons-le, vise à accélérer des chantiers programmés ayant un impact à moyen terme, en particulier les barrages en cours de construction, qui vont booster la capacité de stockage du Royaume au moment où le manque de pluie atteint son pic. Une enveloppe de 22 MMDH a été allouée à cet effet dans le cadre de la Loi des Finances 2024, ce qui permettrait l'achèvement des barrages de M'dez à Sefrou, d'Al Hoceima et de Sidi Kacem, tout en accélérant le rythme des travaux de réalisation de 13 grands autres barrages. Dans ce registre, Baraka a aussi relevé le début de l'exploitation de nombreux nouveaux barrages dans les régions de Tiddas, Toudgha, Fask, Agdez et Zagora. S'agissant de l'exploitation de l'eau des barrages, le ministre a annoncé la mise en place dans de nombreux barrages importants de pompes flottantes en vue d'être utilisées dans l'agriculture et l'approvisionnement en eau potable afin de faire face aux problématiques actuelles, outre la réalisation de plusieurs forages exploratoires pour l'approvisionnement en eau potable.
Stations de dessalement : ça pompe Le ministre s'est également attardé sur le chantier des stations de dessalement, affirmant que l'état d'avancement et les perspectives sont positifs. Il a ainsi indiqué que la convention signée en avril dernier avec l'OCP pour les villes de Safi et El Jadida a permis, à partir de ce janvier, de fournir 100% d'eau potable, soutenant que ce chantier majeur contribuera à réduire la pression sur le barrage Al Massira et garantira l'approvisionnement en eau potable des populations de la région. Le ministre a également souligné l'accélération de la construction des stations de dessalement qui sera entamée par l'ouverture de celle de Casablanca dans les prochaines semaines, ainsi que la station de Sidi Ifni qui sera réalisée courant 2024 et celle de Dakhla en 2025. « Les travaux d'agrandissement de la station d'Agadir à l'horizon 2026, outre neuf autres stations dont les travaux seront lancés au cours de cette année ou le début de l'année prochaine », a rassuré le ministre istiqlalien. Parmi les grands projets de l'Exécutif pour lutter contre le stress hydrique, on trouve également les stations mobiles de dessalement d'eau. Dans ce registre, Nizar Baraka a indiqué que plus de 42 stations mobiles sont en cours d'utilisation, outre l'acquisition de 20 nouvelles stations et de trois grandes stations mobiles de dessalement d'une capacité de 100 litres/seconde qui seront fournies à Taghazout, au Nord d'Agadir. Ceci en plus des stations d'eau saumâtre à El Kelaâ des Sraghna, Zagora, Taza, Sidi Kassem, Khémisset, Settat, Berrechid, Boujdour, Khénifra, Tinghir et Tan-Tan, ainsi que les stations qui seront mises à disposition à Al Hoceima.
La sensibilisation, une priorité Cela dit, le ministre de l'Equipement et de l'Eau a été interpellé sur les programmes de sensibilisation visant à agir sur le comportement des usagers. A ce sujet, Baraka a précisé que « vu la délicatesse de la situation, un effort collectif auquel adhèrent les citoyens et les acteurs dans le domaine agricole en économisant l'utilisation de l'eau s'impose ». Il a ainsi fait état du lancement par le ministère d'une nouvelle campagne de sensibilisation globale, basée sur la mise en avant de la situation actuelle tout en expliquant les difficultés posées et en clarifiant les mesures à entreprendre pour économiser l'eau et mettre fin à son gaspillage. Aussi, il a mis l'accent sur l'effort déployé à travers le goutte-à-goutte qui permettra d'atteindre un million d'hectares, appelant les petits et grands agriculteurs à se mobiliser et à s'engager dans cette perspective. Baraka a appelé les différents acteurs du domaine de l'industrie à tenir compte de l'efficience hydrique et énergétique en utilisant l'eau traitée ou dessalée, soulignant que les collectivités territoriales sont invitées, à leur tour, à s'impliquer dans cet élan. « Une campagne de sensibilisation audiovisuelle basée sur la lutte contre le gaspillage de l'eau dans tous les domaines, mise en place l'année dernière, a réalisé 229 millions de vue », a rappelé le ministre, annonçant une nouvelle campagne imminente couvrant sur tous les canaux d'information. Il a aussi annoncé le lancement d'une plateforme multimédia « MaaDialna.ma », qui informe les citoyens sur les actions publiques et privées mises en œuvre pour garantir l'approvisionnement en eau des populations.