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"Marocaine, Sahraouie et fière de l'être"
Aminatou contre Aminatou
Publié dans L'opinion le 05 - 12 - 2009

« Ou le citoyen est marocain, ou il ne l'est pas... Ou on est patriote ou on est traître ». SM le Roi a fait preuve d'une grande fermeté dans son discours, à Ouarzazate, à l'occasion du 34ème anniversaire de la Marche Verte. Pour signifier le début d'une nouvelle ère dans le comportement adopté envers tous ceux qui appellent au séparatisme tout en jouissant des acquis de la citoyenneté marocaine. C'était le 6 novembre 2009.
Près d'un mois avant, le 8 octobre 2009, Ali Salem Tamek et six de ses compagnons débarquaient à l'aéroport de Casablanca où ils se font arrêter par la police judiciaire. Un juge d'instruction les interroge avant de les inculper «d'intelligence avec une puissance étrangère». Tamek et compagnie revenaient d'une visite de douze jours dans les camps de Lahmada, en Algérie, où ils ont tenu des réunions avec les dirigeants du Polisario et des responsables de la DRS, les services de renseignement militaire algériens. Les sept accusés de trahison avaient également assisté à un défilé militaire organisé à leur honneur par les dirigeants séparatistes. Autant dire qu'ils n'ont pas cherché à cacher leur forfaiture.
Ali Salem Tamek est né dans une localité aux environs d'Assa, c'est-à-dire dans une région non contestée. Lors des opérations d'identification devant établir la liste des sahraouis pouvant participer au processus référendaire dont il n'est plus question actuellement, il s'est fait contester sa prétendue appartenance sahraouie par un Cheikh du Polisario ! Condamné en septembre 2002 à deux ans de prison pour «atteinte à la sûreté de l'Etat», puis gracié en janvier 2004, Tamek n'a pas cessé depuis lors de faire la propagande séparatiste dans les provinces du sud du Maroc.
Le 13 novembre, c'est Aminatou Haidar qui atterrit à l'aéroport de Laâyoune, où elle se présente devant le poste de police frontière avec un passeport marocain, mais refuse d'accomplir les formalités de police. Elle ne veut pas remplir la fiche de débarquement qui comporte une case sur la nationalité du voyageur.
Le lendemain, en présence de membres de sa famille, notamment son oncle, elle signe devant un procureur du Roi un document où elle renie sa nationalité marocaine. Son passeport marocain et sa carte d'identité lui sont alors retirés et elle est raccompagnée vers un avion à destination des Îles Canaries d'où elle provenait, après une « mission » de collecte de fonds de par le monde pour financer la propagande et la subversion séparatistes dans les provinces du sud du Maroc. Depuis lors, les dépêches des agences de presse la disent SDF, « squattant » de jour à l'aéroport d'Arrecife, dans les Îles Canaries et passant la nuit dehors. Elle aurait même porté plainte contre le Maroc, l'Espagne et la compagnie aérienne qui l'a transportée da Laâyoune vers Lanzarote, dans les Îles Canaries, où elle a pu accéder avec son permis de résidence en Espagne. Tous seraient coupables d'avoir appliqué la législation internationale en matière de procédures administratives à accomplir au débarquement des passagers d'un avion et des documents de voyage nécessaires pour se rendre dans un pays étranger. Aminatou Haidar a, depuis lors, refusé l'offre des autorités espagnoles de lui accorder le refuge politique, ensuite la nationalité. Elle veut juste prendre l'avion vers Laâyoune sans passeport. En attendant, c'est Aminatou Haidar qui doit se trouver un nouveau « squat » pour passer la journée, la justice espagnole l'ayant déjà convoquée, suite à une plainte de la direction de l'aéroport d'Arrecife, et condamné à 180 euros d'amende pour trouble à l'ordre public. Dès le premier soir d'ailleurs, elle s'est faite signifier par la Guardia civil qu'elle devait vider les lieux, puisque l'aéroport devait fermer ses portes.
Mais qu'est-ce qui pousse ces gens à agir ainsi ?
Aminatou contre Aminatou
« Nous avons accueilli avec beaucoup de satisfaction le discours de SM le Roi prononcé à l'occasion de l'anniversaire de la Marche Verte et nous en apprécions le contenu. Il n'est pas possible d'avoir un pied dans les deux camps. Il faut faire un choix très clair. Pourquoi allons-nous prier ces gens d'être ce qu'ils ne veulent pas être et pendant combien de temps ? Nous n'avons pas besoin d'eux. Je suis contre ceux qui optent pour un camp et qui se prélassent dans l'autre camp en jouissant des avantages qu'il offre. Quand je rencontre des séparatistes qui font l'éloge du Polisario, je leur dit toujours, « si le Polisario vous plaît autant, vous n'avez qu'à rejoindre ses camps. Personne ne vous empêche d'y aller ». Aminatou Toubali, « je suis l'autre Aminatou, l'unioniste » précise t-elle en riant, est de Laâyoune et appartient à une famille qui n'a jamais caché son attachement, somme toute naturel estime t-elle, à sa marocanité. Et le militantisme, le vrai, elle connaît. Aminatou Toubali est présidente de l'association Forum des Jeunes Marocains du 3ème Millénaire, membre de l'association internationale AMNIR, du Centre d'Etudes et de Recherches en Sciences Sociales de Rabat et du Conseil International de la Jeunesse Francophone. Elle a été la coordonnatrice du Forum des Jeunes Sud Sud pour l'amitié et le développement organisé à Agadir en mai 2006, puis coordonnatrice nationale de la 2ème édition du Forum des Jeunes Sud Nord pour l'amitié et le développement, tenu en août 2007 à Rabat, ainsi que du Forum International des Jeunes sur le thème de l'INDH en janvier 2007, à Laâyoune. Les participations à différents congrès, séminaires et conférences au Maroc comme à l'étranger remplissent toute une page de son long CV.
Et Aminatou n'a pas sa langue dans sa poche. « Le discours de SM le Roi était révolutionnaire. Il a été on ne peut plus franc et direct. Et il a demandé à tous les Marocains de se mobiliser, Roi, peuple et institutions, pour mettre un terme à cette mascarade. Il n'a obligé personne à se dire marocain, mais de faire un choix clair et net, soit tu es marocain, soit tu ne l'es pas. Il n'y a pas de position médiane entre le patriotisme et la traîtrise ».
« Parce que j'en ai connu pas mal, des jeunes sahraouis qui ont rejoint les camps du Polisario et qui l'ont amèrement regretté. Il y a des sahraouis qui ont vraiment cru en la propagande du Polisario et qui, après avoir milité pour la cause des séparatistes dans les provinces du sud, ont fini par rejoindre les camps de Lahmada. Ils y sont allés, ils ont compris qu'ils se sont fait arnaquer et sont revenus honteux. Leur enthousiasme avait totalement disparu et ils savent qu'ils ont tout perdu.
Le discours du Roi a mis un terme à ce genre de situations confuses, de tels comportements n'étant dorénavant plus admis ».
Ses convictions patriotiques sont profondément ancrées en elle. « Les relations historiques entre la dynastie des Alaouites et les habitants du Sahara sont connues de tous et évidentes. Tout le monde sait que les Chioukhs des tribus du Sahara présentaient la « Beïa » au Sultan Alaouite. Même Sayed Mustapha El Ouali reconnaissait l'existence de ces liens. Les actuels dirigeants du Polisario ne reconnaissent, toutefois, ni liens historiques ni autres qui relieraient les habitants des provinces du sud à ceux du reste du Maroc. De toute manière, ceux là ne réclament l'indépendance que par avidité du pouvoir et pour servir leurs propres intérêts. Ceci sans parler des généraux algériens, qui sont ceux qui tirent véritablement les ficelles ».
Comment les séparatistes arrivent à faire entendre leur voix dans les provinces du sud ?
Propagande et subversion à la porte des établissements scolaires
« A mon avis, on peut diviser la société sahraouie en deux catégories. Une catégorie est celle des séparatistes et ils sont peu nombreux. Une autre est celle des unionistes, plus nombreux. Les vrais unionistes croient en leur marocanité et en la justesse de la cause nationale en partant de plusieurs principes. Il y a l'attachement particulier envers la dynastie alaouite, mais aussi une foi profondément ancrée en leur marocanité, héritée de père en fils et remarquablement renforcée par la génération des résistants à l'occupation étrangère. Ceux là seront toujours unionistes, quoi qu'il advienne. Et ceux là sont ceux qui ne profitent pas des privilèges accordés par l'Etat marocain. De par leur éducation et leur mentalité, ils ne sont pas du genre à quémander des subsides.
« Les séparatistes de l'intérieur reçoivent le soutien d'organisations étrangères qui soutiennent le Polisario ou du Polisario même. Ils s'activent avec d'importants moyens. Leurs activistes visent toujours les établissements scolaires. Ce sont d'ailleurs eux qui sont derrière les événements de 2005 à Laâyoune.
Ces événements ont été déclenchés bêtement. Je le sais pour avoir personnellement enquêté à ce sujet. Ça a commencé quand le surveillant général du Lycée Mssala à Laâyoune trouve un jour le drapeau de la RASD hissé sur le bâtiment de l'établissement. L'erreur, c'est quand ce surveillant général a appelé la police qui a pris le lycée d'assaut et quelque peu maltraité les élèves. Il aurait pu se contenter de faire enlever ce chiffon et le jeter, le brûler ou le remettre à la police. Par la suite, ce sont les élèves du Lycée Mohammed V qui ont fait grève et sont sortis manifester dans la rue en signe de solidarité avec les élèves du Lycée Mssala. Et dans une sorte de réaction en chaîne, les établissements scolaires sont entrés en ébullition les uns après les autres, au point de susciter une réaction toujours plus vive des forces de l'ordre, qui ont investi tous ces établissements et y sont restés. Les établissements scolaires ont été placés sous haute surveillance policière et certaines familles, par crainte pour la sécurité de leurs enfants, avaient cessé de les y envoyer s'instruire. Et la ville de Laâyoune a été ainsi plongée pendant deux mois dans une atmosphère délétère et très tendue ».
« Nous avons alors proposé au Wali de Laâyoune de rencontrer les élèves, même les séparatistes d'entre eux, et de dialoguer avec eux pour savoir ce qu'ils veulent. C'est ce qu'il avait fait effectivement et a eu une rencontre avec eux un dimanche. Il leur a parlé un langage raisonné et modéré, leur demandant de lui indiquer ce qui posait problème afin de trouver ensemble les solutions qui leur permettraient de reprendre leurs études et ne pas rater leur année scolaire. Leur première requête a été de lui demander à ce que les notables ne soient pas présents au cours de leur réunion, les ayant accusés d'être à l'origine de tous leurs maux. Il est vrai qu'un notable de la région leur avait dit : « Qu'est-ce que vous avez ? « Chbaâtou », vous vous êtes repus ? Moi, mes enfants, ils sont inscrits dans des écoles privées et se font emmener à l'école et ramener à la maison par des chauffeurs et personne ne les touche. « Kiettkoum », malheur à vous qui ne faîtes pas vos études et vous vous faîtes rosser » ! Les élèves lui ont alors répondu : « Tu as raison, seulement, nous ne t'avons pas invité à venir. Si tu as un tant soi peu de dignité, ramasse ce qui en reste et va t'en avec. En plus, tes enfants sont scolarisés dans des écoles privées alors que nous sommes tous des enfants du peuple, scolarisés dans des écoles publiques. Tes enfants se font emmener à l'école par des chauffeurs, nous, nous n'en avons pas. Tu n'es donc pas concerné par nos problèmes. En plus, nous savons tous qui tu es. Les richesses que tu as accumulées, ce n'est ni pour les avoir hérité, ni pour avoir fait des études très poussées pour les mériter. Donc, ce que tu possèdes vient des privilèges qui t'ont été accordés en notre nom. Toi et ton genre, vous êtes la source de tous nos problèmes ».
La réunion avec le Wali s'est par la suite bien déroulée et leurs revendications ont été prises en considération. Les élèves se sont engagés, de leur côté, à reprendre leurs études et à exclure tout ce qui est activisme politique de leurs établissements scolaires ».
L'encadrement des jeunes en concurrence
« Comme nous venions d'ouvrir à Laâyoune une antenne du Forum des jeunes Marocains pour le Troisième Millénaire, nous avions un projet de signature d'un accord de partenariat entre notre forum et l'académie de l'éducation nationale pour la création de clubs destinés aux activités parascolaires au sein même des établissements scolaires. Quand ces jeunes n'ont pas cours, ils se retrouvent dans la rue et c'est là que les séparatistes les approchent et se mettent à les endoctriner. L'idée était d'apporter des projets aux élèves dans lesquels ils vont s'investir positivement. A cet âge, les adolescents apprécient le simple fait de leur accorder du temps, de les écouter, de leur confier la responsabilité de petits projets, ne serait-ce que préparer un exposé et le présenter devant les autres élèves. Ça vaut mieux que de les laisser dehors, cible de tous les propagandistes séparatistes.
Les élèves de ces établissements scolaires ont beaucoup apprécié cette idée et l'ont bien accueillie. J'ai choisi le jour de l'an 2006 pour les sortir en excursion à Foum El Ouad, la plage de Laâyoune, où j'avais obtenu l'autorisation d'utiliser l'espace du club du ministère de la Jeunesse et des Sports et nous avions pris avec nous un groupe de musique. Le matin, ils ont participé à un atelier sur l'écologie et la préservation de l'environnement, et l'après midi, ils ont eu droit à des activités sportives et des matchs de football entre établissements scolaires avec remise de trophées aux vainqueurs. En fin d'après midi, je les ai réunis dans une sorte de table ronde et nous avons commencé à discuter. Je leur ai demandé s'ils avaient apprécié la journée et ils ont répondu que oui. Je leur ai alors promis que ce n'était que le début, que d'autres journées du genre allaient suivre, avec des sorties pas seulement à Laâyoune. Je leur ai parlé du projet d'une rencontre Sud Sud qui devait avoir lieu à Agadir, à laquelle devaient prendre part des jeunes de toutes les régions du Maroc, qu'ils allaient y participer aussi et seront pris en charge pour leur déplacement et leur séjour. A la seule condition de s'engager à poursuivre sérieusement leurs études.
J'ai profité de l'occasion pour m'adresser aux élèves prônant les idées des séparatistes et je leur ai demandé comment ils en étaient arrivés là. Ils m'ont répondu qu'ils étaient endoctrinés par des adultes séparatistes qui savaient jouer sur les problèmes socio-économiques effectivement existants. La moindre défaillance des autorités était habilement exploitée par les propagandistes séparatistes. Ils visaient particulièrement la génération post 1975, c'est-à-dire les enfants qui ont grandi dans le Maroc réunifié, de manière à dire que l'Etat marocain avait échoué à les prendre en charge et les entretenir. Le message implicite était : « si vous n'avez pas pu les encadrer, nous, nous avons su le faire ».
La voix envoûtante des sirènes du séparatisme
« Ceci sans parler de certains courants politiques extrémistes de gauche marocains, qui adoptent une position de neutralité à ce sujet, nocive pour la défense de l'intégrité territoriale du Maroc. Si ce n'est presque un soutien discret à la cause des sécessionnistes, certaines manifestations de ces mouvements étant organisées bizarrement en parallèle aux festivités du Polisario. Ce sont des choses qu'il ne faut pas tolérer. Ces voix discordantes sont nuisibles à notre cause nationale sacrée.
A cette époque( avant 1999) même la diplomatie marocaine laissait à désirer.
Les deux seuls départements ministériels qui s'occupaient directement de la question des provinces du sud, c'étaient ceux de l'Intérieur et des Affaires étrangères.
Dieu merci, SM le Roi, conscient de cette lacune, a mis l'accent sur cet aspect de la défense de l'intégrité territoriale du Maroc dans le cinquième point soulevé lors de son dernier discours. Il a en effet appelé à « oeuvrer pour que les instances politiques, syndicales, associatives et médiatiques ainsi que toutes les forces productives et créatrices, assument les responsabilités qui leur incombent en matière d'encadrement des citoyens, et d'ancrage des valeurs de patriotisme et de citoyenneté effective ».
« Par contre, poursuit Aminatou Toubali, le Polisario, qui a des cellules clandestines actives dans la propagande et la subversion dans les provinces du sud, a toujours cherché à attirer les habitants de ces régions à sa cause, en les encadrant avec des moyens somme toute sommaires, comme de simples fax, au début, pour transmettre ses consignes à ses cellules et communiquer avec elles.
Le Polisario a commencé, en fait, à mener ses campagnes de propagande en exploitant la radio. La chaîne radiophonique du Polisario jouait sur le registre de la culture spécifique des habitants des provinces du sud. Elle diffusait des émissions portant sur la culture traditionnelle sahraouie, alors inexistantes sur la chaîne radiophonique régionale. Ils jouaient également sur les voix particulières de chanteuses clamant des chansons révolutionnaires. Tous les sahraouis ayant rejoint les camps du Polisario dans les années 80 et qui en sont revenus quelques années plus tard, disent à peu près tous la même chose ; « J'ai été subjugué par les messages radiophoniques du Polisario. Je savais que j'allais dans les camps, là où il n'y a ni eau ni rien. Je savais que les conditions de vie y étaient dures. Mais j'ai été ensorcelé par leur radio ».
Je me rappelle avoir un jour entendu une chanson du Polisario sortir du lecteur de cassette de la voiture d'un responsable de la police à Laâyoune et j'en avais été étonné. Je lui ai alors demandé s'il savait que c'était une chanson du Polisario et il m'a répondu qu'il n'en savait rien. Pour lui, c'était seulement une chanson sahraouie dont le rythme lui avait plu et qu'il aimait écouter ! C'est dire à quel point les Polisariens savaient diffuser intelligemment leur propagande.
De notre côté, il n'y avait pas de poètes pour produire de belles chansons patriotiques qui feraient vibrer les auditeurs. Avouons que la chanson patriotique marocaine brille par son absence.
Actuellement, c'est Internet qui joue ce rôle. Les séparatistes ont plus de sites sur le web que nous. Le seul site qui représente la société sahraouie sur le web est celui du CORCAS. Ce site a coûté 6 millions de Dirhams. Pourtant, il n'est pas souvent mis à jour. Alors que celui du Polisario est mis à jour tout le temps et comporte toujours des nouveautés.
Avec l'avènement d'Internet, la tâche du Polisario a été encore plus facilitée. Le Polisario exploite au maximum la liberté d'expression qui existe maintenant au Maroc pour diffuser sa propagande ».
Propagande et défauts de communication
« Les ONG dépendantes du Polisario sont très actives, elles sont présentes dans toutes les manifestations se déroulant en dehors du Maroc et auxquelles participent des marocains et des médias, surtout celles relatives à tout ce qui a trait aux Droits de l'Homme. Le Polisario marque toujours sa présence, même s'il n'est pas invité, ne serait-ce qu'en affichant une banderole devant le lieu de déroulement de ladite manifestation. Par contre, le Maroc est souvent absent de manifestations internationales d'envergure, comme celle qui vient de se dérouler dernièrement au Brésil, le Forum social mondial 2009. Le Polisario y était présent en force. Le Maroc n'y était, par contre, représenté par aucune ONG. Le Polisario ne sous-estime aucune manifestation internationale, il les exploite toutes pour faire passer son message. Il cherche à communiquer avec toute ONG, tout média, quelle que soit leur importance. Le Polisario soutient toute initiative et action de nature à faire parler de sa cause.
Nous devons reconnaître que le Polisario est plus efficient que nous sur le plan de la communication. Bien entendu, derrière tout ça, il y a l'Algérie, car le Polisario n'a pas les moyens de mener de telles campagnes de désinformation. N'est-ce pas que le Polisario est installé dans des camps en Algérie ?
Nos partis politiques et notre société civile, par contre, adoptent toujours une position défensive. Ils ne font que réagir. Ils ne prennent pas d'initiatives, toujours à attendre qu'il se passe quelque chose pour réagir.
Quand des ONG ou de simples citoyens marocains, militants unionistes véritables, prennent des initiatives, ils ne trouvent malheureusement pas de soutien pour mener à bien leurs actions ».
Concernant la promotion de la culture spécifique des habitants des provinces du sud du Royaume, n'y a-t-il pas différents festivals qui la mettent en exergue ?
« Nous avons été privés pendant longtemps de festivals, comme ceux qui existaient depuis longtemps déjà à Rabat et Casablanca. Nous espérions des festivals qui mettent en exergue la Culture Hassani. J'avais posé une question à ce sujet à M. El Achâri, du temps où il était ministre de la culture, et sa réponse m'a fait comprendre que j'avais touché à un tabou.
Ce n'est qu'au cours des dernières années qu'un certain intérêt a été porté à la culture Hassani, mais dans la forme, pas dans le fonds. Maintenant, il y a même inflation de festivals dans les provinces du sud, chaque ville a son propre festival et Laâyoune en a plus d'un. Mais ce qui a de plus beau dans la culture Hassani et les valeurs qu'elle véhicule sont négligés.
Ce qu'il y a de plus vexant dans ces festivals, c'est le fait d'inviter des artistes étrangers payés des sommes faramineuses, alors que les artistes locaux invités ne touchent que des miettes. Ça va de 5.000 Dhs pour les groupes locaux à 5 millions de Dhs pour les artistes étrangers.
Je n'ai rien contre ce genre de festivals auxquels sont invités des artistes étrangers, mais nous n'avons toujours pas pu produire de festivals qui aient un impact sur les habitants des provinces du sud sur tous les plans.
Un exemple du genre de Festivals que nous aimerions voir promus dans nos provinces, est celui de Meknès. Comme la région de Meknès est à vocation agricole, les promoteurs du festival ont eu l'intelligence d'organiser une exposition vente de matériel agricole que les fellahs avaient l'habitude d'aller acquérir à l'étranger, avec toutes les difficultés de communication qu'ils peuvent rencontrer dans des pays dont ils ne parlent pas la langue. Maintenant, ils ont tout chez eux et des gens pour leur expliquer en arabe ce qu'ils veulent comprendre. Comme c'est un festival devenu très fréquenté par les agriculteurs des différentes régions du Maroc, ceux-ci y viennent de leurs propres moyens et logent pendant quelques jours à Meknès, qui dans des hôtels, qui chez l'habitant, chacun selon ses capacités. Pour se restaurer également, chacun le fait en fonction de sa bourse. En fin de compte, tous les habitants de la ville de Meknès tirent profit de ce festival, qui arrive ainsi à atteindre les objectifs qui lui ont été tracés.
Dans les provinces du sud, ce n'est malheureusement pas le cas. Il y a de très gros budgets qui sont mobilisés pour organiser des festivals, versés par l'Agence de développement des provinces du sud, les autorités locales et les conseils communaux. C'est notre argent qui est placé dans des activités qui ne nous concernent pas et sur lesquelles nous n'avons pas d'influence. Des artistes étrangers viennent empocher des sommes fabuleuses dans des festivals organisés par des sociétés événementielles de Casablanca, faute d'existence de sociétés du genre dans les provinces du sud, capables de prendre en charge des spectacles de cette envergure. Tous les fonds levés pour l'événement quittent la région en fin de compte et il ne reste aux habitants que les bons souvenirs des spectacles».
Des richesses à exploiter et des emplois à créer
« Nous ne voulons pas de la pléthore actuelle de festivals culturels, un seul bien ciblé et bien organisé est largement suffisant. L'essentiel est l'impact de cet événement sur les populations de la région. De plus, la majorité des citoyens de ces provinces sont peu portés sur le genre musical de ces artistes étrangers, dont ils boudent les spectacles pourtant diffusés gratuitement à la télévision. Ce que les habitants des provinces du sud escomptent, c'est que ces fonds soient utilisés autrement à leur profit ».
Mais encore ?
« Nous avons des ressources naturelles que nous pouvons nous mêmes mieux exploiter, au lieu de les vendre en tant que matières premières brutes aux pays étrangers. Des sociétés de Las Palmas importent du sable des provinces du sud, extrait de carrières dont les agréments d'exploitation sont au profit de quelques féodaux de la région et non des populations pauvres. Les Espagnols fabriquent du verre avec. Pourquoi est-ce que ce ne sont pas des sociétés marocaines qui le feraient et embaucheraient ainsi les chômeurs de la région ? Avec les fonds consacrés à quelques festivals, il vaudrait mieux créer des fabriques de verre dont les populations tireraient directement profit. Le verre est un produit très demandé, il n'y a donc pas de crainte à avoir pour la viabilité de ce genre de projet.
Dans la région de Dakhla, il y a des exploitations agricoles qui produisent des tomates directement exportées vers l'Espagne. Pourquoi ne pas valoriser le produit sur place dans des usines de transformation ? Pourquoi ne pas produire avec du ketchup par exemple.
A Smara, il y a un site préhistorique, dont quelques monuments avaient été vandalisés par des soldats de la MINURSO, ce qui avait d'ailleurs révélé leur existence pour la première fois à la majorité des marocains. Personne n'a eu l'idée de mener des recherches plus poussées sur ce site, de le valoriser et d'en faire une attraction touristique profitable pour les habitants de Smara.
Nous, habitants des provinces du sud, rejetons les privilèges sous toutes leurs formes et de tous les genres, nous voulons que tous les Marocains soient égaux. Nous voulons aussi que les quelques ressentiments qui peuvent exister entre Marocains concernant les privilèges accordés à quelques notables des provinces du sud disparaissent par suppression de ces privilèges. Bien entendu, il faut, en contrepartie, promouvoir des activités productives, leviers véritables du développement durable.
Les hommes d'affaires marocains ne veulent pas investir dans les provinces du sud parce qu'ils disent que c'est une région à problèmes. Or, si eux ne le font pas, qui va le faire ?
A deux ou trois exceptions près, les sahraouis les plus aisés ont été enrichis par l'Etat marocain. Et la plupart expatrient leurs capitaux et investissent à l'étranger.
Si les villes des provinces du sud devenaient des cités industrielles, ne serait-ce que de dernière catégorie, personne ne va rester dans les camps de Lahmada. Promouvoir le développement et absorber le chômage va résoudre beaucoup de problèmes sociaux. Nous ne voulons plus dépendre des cartes de l'Entraide nationale pour survivre. Nous ne voulons pas être des rentiers. Il ne faut pas croire que le sahraoui est attaché à la carte de l'Entraide nationale et au recrutement dans la Fonction publique. C'est une culture de la dépendance que les autorités ont instaurée dans les provinces du sud. Maintenant, ces autorités veulent changer de politique mais elles sont coincées, car il leur faut proposer une alternative dont elles ne semblent pas disposer. Il n'y a pas de grandes entreprises dans les provinces du sud comme il y en a à Agadir et à Casablanca, où les sahraouis peuvent se faire recruter au lieu de courir uniquement après la Fonction publique. Il y a juste de petites entreprises où l'on peut travailler sans couverture sociale, pour à peine 1.000 Dhs, salaire que l'on peut ne pas toucher un mois sur deux ».
A bas l'opportunisme antipatriotique !
« Par contre, il y a de très grandes sociétés qui ont leur siège dans des villes des provinces du sud, pour pouvoir bénéficier des avantages fiscaux qui y sont accordés, mais qui n'ont aucune activité dans ces provinces.
Si nous avions de vraies entreprises pour dynamiser les activités socio-économiques et résorber le chômage, si nous apportions des solutions concrètes aux problèmes sociaux, les problèmes politiques seraient résolus d'eux-mêmes. Nous n'aurons même plus besoin des Nations Unies pour y parvenir, les gens reviendront d'eux-mêmes. Et s'il reste dix ou vingt personnes dans les camps, ils n'ont qu'à y demeurer éternellement, nous n'avons pas besoin d'eux.
Il faut bien se mettre à l'esprit que personne n'a envie de vivre sous des tentes à Tindouf, dans un désert sec et dénudé des plus élémentaires conditions d'existence, quand son cousin resté au Maroc mène la belle vie.
Le Polisario joue sur ces lacunes socio-économiques, dont sont responsables quelques personnes, du nord comme du sud, qui ont fait des privilèges accordés par l'Etat dans les provinces du sud un business lucratif à leur seul profit et depuis des années.
Comment mieux s'y prendre pour assurer le développement socio-économique des provinces du sud du Royaume, à votre avis ?
« SM le Roi a adressé, dans son discours, de sérieuses critiques à deux institutions très importantes, l'Agence de développement des provinces du sud et le Conseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes, CORCAS. L'Agence de développement des provinces du sud, malgré les efforts qu'elle a déployés dans le domaine de la dotation en infrastructures, a quand même failli quelque peu à sa mission, qui était de promouvoir le développement humain dans les provinces du sud. Elle n'est pas parvenue à promouvoir l'aspect social, humain, malgré ses moyens financiers. Elle n'est pas parvenue à résoudre les problèmes sociaux, dont le chômage ».
SM le Roi a, en effet, mis l'accent, dans son dernier discours, sur la nécessité de « procéder à la révision du champ d'action de l'Agence de développement des provinces sahariennes et de sa compétence territoriale, en veillant à ce qu'elle focalise ses efforts sur les provinces sahariennes et qu'elle s'attache à mettre en œuvre des projets de développement humain, et des programmes locaux générateurs d'emplois pour les jeunes et de nature à renforcer la justice sociale et l'équité. Il lui appartient également d'œuvrer pour faciliter les conditions de retour de tous les repentis, des camps de Tindouf. Elle s'attachera, en outre, à assurer leur accueil et à favoriser leur intégration ».
Il a aussi annoncé « la restructuration du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes (CORCAS), dans la perspective de la fin de son mandat. Il s'agira de revoir sa composition et de renforcer sa représentativité en assurant son ouverture sur de nouvelles élites compétentes et patriotiques. Il faudra également opérer la mise à niveau de ses structures et de son mode de fonctionnement. Ceux-ci doivent, en effet, être mis en adéquation avec les nouveaux défi, et ce, parallèlement à l'amélioration de l'efficacité de l'action du Conseil en matière de mobilisation en faveur de la défense de la marocanité du Sahara et de son développement ».
Meilleure représentativité pour un plus grand rôle à jouer
« Il est vrai que cet organisme a été mis en place de manière quelque peu désordonnée, ce qui avait entraîné une vive critique du mode de désignation de ses membres », déclare Aminatou Toubali. « Résultat, les objectifs tracés n'ont pas été atteints, les commissions créées n'ont jamais été actives, certains membres n'étaient pas agissants, n'ayant même pas pris part aux décisions prises. Que pouvait-on attendre d'une telle institution ?
Pendant les quatre années de son existence, cet organisme n'a eu aucun impact sur la vie des habitants des provinces du sud.
Le CORCAS n'a été entreprenant qu'au sujet du projet d'autonomie des provinces du sud, projet qui faisait, de toute manière, déjà l'unanimité parmi les différents courants politiques et au sein de l'opinion publique marocains.
SM le Roi a déclaré lors de ce discours qu'il allait adopter de nouveaux critères dans le choix des membres qui vont composer le CORCAS, tels le patriotisme et les compétences. Il a montré clairement qu'il veut améliorer l'efficience de cet organisme. Cet organisme pourrait ainsi devenir plus actif et productif dans l'avenir, ce que les habitants des provinces du sud souhaitent du fond du cœur.
Les habitants du sud souhaitent un organisme qui représente toutes les composantes de la société sahraouie, tous les habitants de ces provinces. Je suis contre le tribalisme, parce que je me considère comme moderniste. Mais, qu'on le veuille ou pas, l'institution tribale continue à régenter le mode de vie des habitants des provinces du sud. Et si les critères tribaux sont pris en considération, il ne faut exclure aucune tribu. Il faut traiter toutes les tribus sur un pied d'égalité. Il n'en existe pas de plus patriote qu'une autre. Elles sont toutes marocaines. Toutes comportent des patriotes militants qui ont consenti moult sacrifices pour le Maroc.
Le CORCAS a pour objectif de défendre la cause nationale, de promouvoir le développement économique, social et culturel dans les provinces du sud, d'encadrer les habitants de ces provinces, d'être un acteur actif dans la résolution du problème du Sahara, et ce, à travers la multiplication des contacts avec des institutions et organismes étrangers.
Pourtant, on devrait se demander pourquoi des ONG espagnoles traitent-elles aussi intensément avec les séparatistes du Polisario ? N'avons-nous pas aussi des organisations de la société civile capables de traiter avec ces ONG, de débattre avec elles sur ce sujet ? L'objectif n'est pas forcément de les convaincre de défendre notre cause nationale, mais il faudrait au moins les persuader d'adopter une position de neutralité. Notre cause nationale, nous sommes capables de la défendre seuls, nous n'avons pas besoin de soutien de leur part dans ce sens. Mais il faudrait quand même demander à ces ONG espagnoles au moins pourquoi défendent-elles le séparatisme au Maroc et le rejettent-elles en Espagne. C'est à ce niveau que le CORCAS se doit de jouer un rôle. C'est l'organisme qui représente les habitants des provinces du sud et qui est le mieux placé pour entrer en contact avec ces ONG. Il faudrait au moins dialoguer avec ces organisations, débattre du sujet avec elles. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrions parvenir à un résultat probant.
Le CORCAS pourrait aussi s'activer dans l'élaboration de programmes de promotion socio-économique des provinces du sud. Cet organisme pourrait aller à la recherche des investisseurs et les inviter à venir y développer des activités productives. Il y a les hommes d'affaires marocains de l'intérieur et les expatriés, mais également les étrangers, qu'il faudrait contacter et auxquels il faudrait faire miroiter tous les avantages et facilités accordés par l'Etat aux investissements dans les provinces du sud. Il faudrait une nouvelle formulation des avantages accordés pour attirer un maximum d'investissements dans une région économiquement vierge et qu'il faudrait dynamiser sur ce plan.
Les élites qui vont faire partie du CORCAS doivent d'abord avoir une bonne notoriété et une certaine influence au sein de leurs tribus ou quartiers. Ces personnes doivent être en contact permanent avec les gens et les informer régulièrement de toute nouveauté. Il y a des fois des gains qui sont réalisés, mais les personnes concernées demeurent non informées à cet effet. Tout le monde ne lit pas la presse et s'intéresse aux informations politiques. Aussi, les membres du CORCAS, émanant des tribus ou de la société civile, se doivent de communiquer régulièrement avec les gens pour les informer et se tenir au courant de leurs besoins, attentes et propositions, qu'ils doivent remonter au CORCAS, en tant qu'organisme qui est censé les représenter et défendre leurs intérêts. Cet organisme doit jouer, à travers ses membres, un rôle d'interface entre les habitants des provinces du sud et les pouvoirs publics ».
Encadrement citoyen et efficacité dans l'action
« Nous n'avons que faire de membres passifs au sein de cet organisme. Les commissions doivent être hardies et remettre des rapports sur leurs faits de manière périodique. Membres et commissions qui ne font pas de compte rendu périodique de leurs activités ne peuvent pas se considérer comme actifs. Alors qu'il y a des commissions qui n'ont jamais rien fait en quatre ans.
Nous souhaitons un CORCAS qui soit actif dans les provinces du sud, pas un organisme qui a son siège à Rabat et qui consomme les fonds et attributions accordés par l'Etat aux membres pour accomplir une mission qu'ils ne remplissent pas en fait. Ce n'est pas le siège à Rabat qui pose problème, mais il faut que les réunions de cet organisme se déroulent dans les villes des provinces du sud, près des populations qu'il est censé représenter.
Peu importe aussi le nombre des membres qui composent cet organisme, le qualitatif prime sur le quantitatif. Même s'il n'y a que très peu de membres, juste un ou deux représentants par province, c'est ce qu'ils vont produire comme résultats qui compte.
Le fait que tout le monde veut en faire partie relève des ambitions personnelles de chacun, pas du souci de tous. Si le CORCAS devient plus actif et productif, il ne va pas manquer de recevoir l'appui de tous, de manière collective et individuelle. Tous doivent le considérer comme leur organisme, celui avec lequel ils peuvent communiquer et dialoguer. Le CORCAS doit, donc, veiller d'abord à communiquer au sein même des provinces du sud, avec les habitants, avant de songer à communiquer avec l'extérieur.
L'encadrement pour promouvoir l'esprit patriotique, nous en avons besoin à travers toutes les provinces et régions du Maroc, pas seulement dans le sud. Partis politiques, syndicats et organisations de la société civile doivent mettre de côté leurs querelles idéologiques et travailler sur la promotion de l'esprit patriotique, dans le sens vrai et intégral du terme ».
Qu'en est-il des citoyens marocains qui souffrent le martyre dans les camps de la honte de Lahmada ?
« Nous avons pu, Dieu merci, réaliser un objectif que nous cherchions à atteindre depuis longtemps, celui de distinguer le politique de l'humanitaire en ce qui concerne la question des échanges de visites entre parents séparés depuis de très longues années. C'est un problème qui pesait énormément sur le cœur des habitants des provinces du sud.
Je me rappelle que lorsque j'avais 12 ans, j'écrivais des lettres à une vieille dame dont le fils se trouvait dans les camps depuis de très longues années. En fait, ce pauvre garçon s'est retrouvé par hasard au mauvais endroit, au mauvais moment. Il passait la nuit chez des membres de sa famille quand le Polisario est venu emmener tout le monde dans les camps de Lahmada, au cours de la période où il déplaçait des populations du Maroc vers l'Algérie. Depuis lors, cette pauvre femme n'a plus revu son fils. Ce n'est que lors de l'opération d'identification des votants au référendum, quand cette démarche était encore d'actualité et que les Chioukhs allaient à Tindouf pour ce faire, qu'elle a pu confier au Cheikh de sa tribu une lettre pour son fils, dont elle ignorait s'il était encore en vie ou mort.
Donc, de l'âge de 12 ans à celui de 14 ans à peu près, j'ai écris plusieurs lettres que cette vieille femme envoyait à son fils à travers le Cheikh de sa tribu et recevait également ainsi ses réponses. Je lisais ces lettres à la vieille femme et une fois, dans un style qui trahissait une certaine honte, il a demandé à sa mère de lui envoyer une djellaba, parce qu'il avait froid ».
La souffrance des familles séparées
« C'était au début des années 90. Puis un jour parvint une lettre dans laquelle il disait à sa mère qu'il se doutait d'avoir attrapé une infection pulmonaire, peut-être la tuberculose, et craignait de mourir avant d'avoir pu revoir sa mère. Il lui a alors proposé de la rencontrer en Mauritanie. Comme il était pauvre, il a ramassé la somme nécessaire au voyage assez difficilement, ses amis ayant fait une quête pour l'aider. Le pire, c'est que cette vieille femme était tout aussi pauvre et n'avait pas non plus assez d'argent pour entreprendre le voyage en Mauritanie. En plus, elle n'avait pas de passeport. Un an après, le fils de cette vieille femme s'est éteint, sans jamais que sa mère ait pu le voir.
Il faut souligner à ce sujet que jusqu'en 1999, il fallait au moins une année d'attente pour un habitant des provinces du sud pour obtenir un passeport. Heureusement, aujourd'hui, il est possible de l'obtenir le jour même de sa demande.
Je dois avouer que j'ai été profondément affectée par cette histoire, j'en avais pleuré à chaudes larmes. Beaucoup de gens sont morts sans avoir pu voir leurs parents dont ils étaient séparés. Il y a eu une période de vingt ans au cours de laquelle des familles étaient éloignées et sans nouvelles les unes des autres, comme s'ils étaient sur deux planètes différentes. S'ils avaient été même sur deux continents espacés, ils auraient quand même pu se voir de temps en temps au cours de ces vingt ans. Là, ils étaient à quelques milliers de kilomètres les uns des autres, mais ils ne pouvaient se voir.
Quand un ancien habitant des camps revenait au Maroc, sa maison était littéralement envahie de nombreuses personnes venant s'enquérir des nouvelles de membres de leurs familles séquestrés dans les camps de Tindouf et savoir s'ils étaient encore vivants ou pas. Il n'y avait aucun moyen de communication pour ce faire.
En mettant en œuvre ce programme de rencontre entre familles séparées, c'était un grand et grave problème humanitaire de résolu. Un vieux monsieur que j'ai connu avait un fils dans les camps qu'il n'avait pas vu pendant de très longues années et il priait Dieu de ne pas mourir avant de le revoir. Quand son fils est venu le voir, au cours de la toute première visite organisée de ce genre, il est mort le lendemain. Dieu lui avait exaucé son souhait avant de le rappeler à lui, l'esprit apaisé.
Ces visites ont aussi permis à des habitants des camps de se rendre compte par eux-mêmes que leurs parents et membres de leurs familles au Maroc vivaient dans de bonnes conditions, dignement. Ils ont alors commencé à changer leur perception des choses et se sont mis à profiter de leurs visites pour avouer discrètement à leurs proches parents qu'ils craignaient de perdre leurs enfants restés dans les camps s'ils venaient à rester au Maroc. Et ne manquaient pas de déclarer « Il n'y a ni « mouvement de libération», ni démocratie, ni droits de l'homme dans les camps, ni quoi que ce soit d'autre. Il n'y a rien de tout cela. Nous avons été victimes de la propagande du Polisario et nous avions vraiment cru en la révolution, en l'égalité, en la démocratie. Mais nous n'avons trouvé que racisme, tribalisme, injustice, exactions,... ». Ces « visiteurs » venant des camps avaient commencé, petit à petit, à reconnaître vivre le calvaire dans les camps de Lahmada.
Ils ont raconté des choses que l'on n'aurait imaginé un sahraoui faire à un autre sahraoui.
Certains d'entre eux étaient tellement imprégnés des idées séparatistes qu'ils n'ont pas osé, par amour propre, revenir au Maroc. Mais ils ont été derrière le retour de nombres de familles des camps de Lahmada. Ils leur disaient : « vous n'avez rien à faire ici, rentrez chez vous vivre avec vos familles ».
Enfance acculturée et humanitarisme de pacotille
« Il y a aussi le problème des enfants qui ont été déplacés vers d'autres pays pour leur permettre de grandir décemment puisque les conditions de vie étaient insoutenables dans les camps de Lahmada. Ils ont été placés auprès de familles espagnoles, cubaines, allemandes, etc. Certaines familles n'ont jamais récupéré leurs enfants. Ceux qui ont grandi à l'étranger en sont revenus sans identité, n'étant plus ni marocains, ni espagnols, ni quoi que ce soit d'autre.
Certains étaient encore des bébés en cours d'allaitement au moment où ils ont été envoyés dans des pays étrangers. Surtout ceux qui sont nés en période hivernale, quand le froid est mordant dans les camps de Lahmada. Dans cette région, c'est soit la chaleur suffocante, soit le froid glacial. Les conditions de vie y sont très dures. Les enfants était envoyés dans ces pays étranger pour qu'ils puissent grandir dans de meilleures conditions de vie, mais ils recevaient une éducation qui n'était pas celle des musulmans et devenaient sans identité. De plus, même s'ils ont grandi dans ces pays étrangers, ils n'ont jamais été considérés comme des citoyens à part entière de ces pays. Et quand ils faisaient des études très poussées, ils n'obtenaient jamais les mêmes droits que les autochtones.
J'ai quelqu'un de ma famille qui vivait dans les camps de Lahmada et dont le fils avait été pris en charge par une organisation espagnole. Cette personne en avait eu marre à un moment du Polisario et était parti vers l'Espagne, sans savoir que sa femme allait avoir un enfant. Ce n'est qu'en se rendant, six ans plus tard, dans les camps de Tindouf qu'il a appris qu'il avait eu un fils qui a été pris en charge par une organisation espagnole. Il a alors pris l'adresse de cette organisation et s'est adressé à elle pour avoir des nouvelles de son fils. Il a appris qu'il avait été placé auprès d'une vieille dame espagnole. Il a même découvert que son enfant a vécu dans la même ville où il avait poursuivi ses études universitaires, qu'il l'avait vu quelques fois, mais sans savoir que c'était son fils !
Et quand la vieille dame espagnole a appris que le père de l'enfant cherchait à le récupérer, elle s'est mise à déménager de ville en ville pour qu'il ne puisse pas retrouver leurs traces.
Beaucoup d'enfants de familles sahraouies ont été ainsi perdus, grandissant dans un environnement qui n'était pas le leur. Ils ont ainsi été dépossédés de leur identité. Même ceux qui sont revenus n'avaient plus vraiment d'identité, surtout ceux qui ont grandi à Cuba. Le fait de ne pas avoir grandi avec leurs parents en faisait des personnes acculturées.
Les dirigeants du Polisario ont perdu tout sens de l'humanité. Quand une personne en arrive là, il n'est plus question de défense de principes, mais de défense d'intérêts personnels.
Le problème est en partie à appréhender dans le mode d'évolution de la société sahraouie. La société sahraouie a toujours été constituée de tribus, dont les Chioukhs étaient les porte-paroles.
Sur le plan psychosocial, le sahraoui n'aime pas avoir de leader, pour la simple raison qu'il a lui-même des ambitions de leadership. C'est un nomade qui a toujours vécu dans un cadre sociétal égalitaire. Quand l'Espagne a colonisé les provinces du sud, la majorité des habitants vivaient encore dans les campagnes, rares étaient ceux qui vivaient dans les villes. Ce sont les membres de la tribu qui désignent eux-mêmes le Cheikh selon des critères bien précis. Il se doit d'être âgé, en bons termes et sachant communiquer avec tous les membres de la tribu, etc.
Le Polisario a été créé au cours d'une période particulière dans l'Histoire récente du Maroc. La maturité politique était encore défaillante, il y avait eu les tentatives de putsch militaire contre la monarchie et des courants politiques extrémistes ont saisi cette opportunité pour créer ce mouvement sécessionniste. Ils ont été alors grandement appuyés sur tous les plans pour ce faire par le président algérien de l'époque, Houari Boumediene, qui avait trahi feu Hassan II.
Rien de plus comique que ces dirigeants du Polisario qui se fendent en longs discours sur la démocratie et les droits de l'homme. En fait, depuis la création du Polisario, ceux qui le dirigent sont toujours les mêmes. Comment est-ce que des gens qui n'appliquent aucune règle démocratique prétendent-ils la défendre ? ».


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