Tizi-Ouzou, la capitale de la Kabylie, s'est parée de ses plus beaux atours, pour accueillir le président Tebboune. Les façades des immeubles rafraîchies, des guirlandes multicolores illuminent les grandes et petites artères de la ville, une piste d'atterrissage pour hélicoptères aménagée à quelques mètres du nouveau stade de football qui devait être inauguré et offert au club phare de la Kabylie, la JSK. Mais finalement, Tebboune ne viendra pas. Alors que les autorités locales étaient instruites de tout mettre en œuvre pour la réussite de cette visite-défi, en mobilisant autant que possible la population kabyle envers laquelle, le pouvoir a multiplié les initiatives pour gagner sa sympathie. Offrir à la JS Kabylie, club de football le plus titré d'Algérie, un stade flambant neuf, aux normes mondiales baptisé au nom de l'une des plus grandes figures historiques kabyles, Hocine Aït-Ahmed, qui avait pourtant pris les armes en 1963 au lendemain de l'indépendance, à la tête d'une armée pour annoncer la rébellion de la Kabylie contre le pouvoir central d'Alger. Distribution de près de 1000 logements à Azazga, la ville de Ferhat Mehenni, le leader du Mouvement pour l'autodétermination Kabyle (MAK). Comme pour narguer ce dernier. Evidemment, sur le plan sécuritaire tout était mis en place. Un premier contingent de 4000 militaires a été installé à la cité universitaire « Tamda » de Tizi-Ouzou, depuis près d'une semaine. En attendant le déploiement des forces de police, de gendarmerie et des services de renseignements. Le wali (préfet) a instruit les chefs de daïra d'instruire les maires de mobiliser le maximum de monde. Un siège au Conseil de la Nation (Sénat) récompensera le maire le plus dévoué. Comme l'avait annoncé le site d'information sportive, Le Fennec du Football, dans son édition du 28 octobre dernier, la visite du locataire du palais d'El-Mouradia (siège de la présidence de la république algérienne) était prévue depuis plusieurs semaines. Une visite des plus périlleuses dans une région qui a totalement boycotté la présidentielle du 19 décembre 2019 qui a abouti à la désignation d'Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Etat algérien. Pourtant rien n'incitait l'entourage du président à prendre des risques énormes en programmant un voyage dans une région frondeuse et hostile au régime en place. «Des centaines de prisonniers politiques dont des dizaines condamnées à mort, les incendies militaires des villages kabyles et le terrorisme d'Etat qui y règne depuis 36 mois, ne peuvent y plaider en faveur d'une visite de sérénité de celui qui en porte la responsabilité », comme le souligne Ferhat Mehenni dans un tweet posté ce matin sur la plateforme X. Cependant, il est à relever que l'hésitation de Tebboune à effectuer cette visite en terre kabyle est révélée par l'absence de toute communication sur le sujet. Aucune annonce officielle n'a été faite par les services de la présidence ni par la presse algérienne. Même les journalistes qui ont été accrédités pour la couverture du voyage présidentiel ont reçu pour consigne de ne point en parler. 48 heures avant la visite du président, les autorités locales étaient surprises et angoissées de la coupure de tout contact avec les services de sécurité et la présidence de la république depuis l'après midi du jeudi21 décembre. Leur surprise sera plus grande en apprenant que les 4000 militaires stationnés à la cité universitaire Tamda ont décampé tôt le matin du samedi, jour prévu de la visite. Tebboune n'a plus donné signe de vie en Algérie depuis le mercredi 21 décembre. Il n'ira pas à Tizi-Ouzou et ne sera pas présent non plus aux travaux du Forum national de la société civile qui a vu la participation de tous les membres du gouvernement y compris le premier ministre. C'est ce dernier qui lira l'allocution que devait prononcer le président de la république. Une absence inexpliquée jusqu'ici tout comme reste inexpliquée la visite programmée de Tizi-Ouzou. Ce qui ouvre toutes grandes les portes de la spéculation et des supputations des plus sérieuses aux plus farfelues.