Entre études à distance et formations dispensées dans des écoles privées ou des hôpitaux publics, les étudiants en médecine de retour d'Ukraine font preuve d'une remarquable adaptabilité aux modes d'enseignement ou encore aux stages de terrain. Etat des lieux. Voilà près d'un an que les étudiants marocains sont revenus d'Ukraine à cause du conflit russo-ukrainien. Plusieurs scénarios leur ont été présentés par le ministère de l'Enseignement supérieur et chacun d'entre eux a choisi la voie qui lui convient le plus. Parmi les 7 283 dossiers déposés au niveau de la plateforme électronique dédiée au recensement des étudiants, jusqu'au 6 mai 2022, 75% concernent des étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie. Un chiffre qui rappelle, d'ailleurs, l'attractivité des universités ukrainiennes de médecine, pour leur frais de scolarité moins élevés comparativement aux autres pays. Concernant le parcours des étudiants des branches médicales (médecine et pharmacie) inscrits, 665 sont en première année, 504 en deuxième, 700 en troisième, 674 en quatrième et 755 étudiants ont quitté l'Ukraine à un an de la fin de leurs études, toujours selon les dernières données du ministère de tutelle. En principe, le ministère de l'Enseignement supérieur s'est engagé à intégrer ces étudiants dans les écoles privées de médecine et de pharmacie, sur la base d'un concours national. Une solution qui n'était pas au goût de tous les concernés qui préconisait une place parmi leurs pairs dans les universités de médecine publiques.
Ecoles privées ou études à distance ? Finalement, sur 393 candidats ayant passé cet examen, seulement 123 d'entre eux ont été retenus pour poursuivre leurs études en médecine dans la mère patrie. « Un an après ce concours, je peux vous rassurer qu'un nombre minime de ces étudiants ont intégré ces écoles privées, et ce en raison des coûts très élèves estimés à 13 millions annuellement, ce qui constitue presque le double de la charge supportée durant un an d'études en Ukraine », nous a révélé le président de l'association des parents des étudiants marocains en Ukraine, Abdelkader El Yousfi. Il est à rappeler que le ministre de l'Enseignement supérieur avait promis aux parents d'étudiants marocains de retour d'Ukraine, d'examiner l'option de réduction des frais d'études dans les universités privées jusqu'au 20% pour les familles dans le besoin. Cependant, cette solution n'a pas l'air d'être convaincante pour les étudiants, lesquels évoquent des difficultés d'intégration et d'adaptation. « Faire une transition du système d'enseignement ukrainien au système marocain ne m'était pas facile pour plusieurs raisons liées notamment à la pédagogie. C'est très difficile de faire une telle transition alors que nous sommes au bout de notre parcours universitaire », nous a confié Sarah, étudiante en 4ème année de médecine dans une université ukrainienne. C'est ainsi, que l'étudiante a choisi de rester inscrite dans son université et de poursuivre ses études à distance, une solution à la quelle a adhéré le ministère ukrainien de tutelle par la publication d'une circulaire dans ce sens. Stages de formation dans la mère patrie « Etudier de la médecine à distance est un choix difficile au regard du caractère pratique de la discipline, outre le décalage horaire qui pose problème dans certains cas », dit notre interlocutrice qui se montre, toutefois, positive à l'égard du déroulement de son stage de formation au sein du CHU Casablanca. Au vu de la future médecine, c'est une opportunité en deux, étant donné que ce stage lui permet d'apprendre le métier avec les spécialistes sur le terrain mais également d'apprendre plus sur le climat de travail et les opportunités qui se profilent pour la génération de lauréats dans le futur, dans un contexte où le Maroc témoigne d'un manque criant en médecins. Cette même ambition est permise, selon Allal Amraoui, membre du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » à la Chambre des Représentants. « Grâce à la procédure d'équivalence de diplôme, le Maroc pourrait s'appuyer sur cette génération de médecins afin de remplir le besoin en ressources humaines que connait notre système de santé », souligne-t-il. Parallèlement, les étudiants en médecine d'Ukraine se félicitent des facilités mises en place au Maroc pour le passage du « Krok », un examen exigé par un Centre spécialisé dans le pays indépendamment des universités ukrainiennes, qui concerne principalement les étudiants de la 3ème année de toutes les spécialités médicales et ceux de la 5ème année en médecine et pharmacie. « Grâce à la mobilisation du ministère des Affaires étrangères et de l'Ambassade d'Ukraine à Rabat, les étudiants concernés ont réussi à passer l'examen dans de bonnes conditions », affirme le président de l'association des parents d'élèves. Toutefois, il exhorte, par ailleurs, les deux parties à accélérer le processus administratif d'obtention des diplômes auprès des universités ukrainiennes, étant donné sa lourdeur en termes de procédure et en termes de temps.