Il a fallu attendre les dernières minutes du match pour que l'honneur des Lions de l'Atlas soit « sauvé par… un gamin de… 13 ans ! » Alors que le complexe sportif de Fès sombrait dans une nouvelle tragédie, un bambin haut de 3 pommes s'extirpa du magma des gradins populaires, réussit à escaler on ne sait comment la fosse de sécurité avant d'entamer une course échevelée traversant la pelouse sur toute sa longueur et parvenant dans les 18 m camerounais, laissa tomber un ballon qu'il catapulta rageusement dans les filets des Lions Indomptables. Un but qui fit exploser tout un stade – toutes couleurs confondues – dans un délire indescriptible de bonheur et de délivrance. Un but qui, s'il ne figura pas au tableau de marque, rentrera forcément dans les annales du football national tel un symbole. Symbole sous forme de message aux responsables marocains, à savoir que l'avenir et la résurrection de notre football est dans notre jeunesse, dans le travail à la base. Délivrance, disions-nous, car en cet après-midi du 14 novembre 2009 ce n'étaient que meurtrissures et colères chez ces 30.000 spectateurs invités à l'une des plus pitoyables prestations du onze national. Pourtant, ce large public s'était préparé pour un minimum de réjouissances. Lui qui a scandé en chœur un hymne national fouettant cette fibre patriotique ancrée au fin fond de tout supporter marocain. Auparavant, plus d'un millier de Camerounais tout en couleurs avaient bruyamment accompagné les leur manifestant une présence qui ne tarda pas à jubiler. A l'annonce des 2 formations, Manuel Eto'o côté visiteurs et le duo local Chihani-Benjelloun brillèrent à l'applaud-mètre. Le match pouvait alors démarrer sur une première émotion d'origine camerounaise. Mais Taarabt réplique aussitôt en tenant une percée sur le flanc gauche. L'attaquant de Queen's Park Rangers récidive peu après mais son tir est trop faible pour inquiéter le gardien Kemeni. Mais ce n'était que feu de paille puisque le vrai visage de cette « sélection d'un jour » allait vite montrer les limites de ses ambitions en affichant un souci défensif de mauvaise augure. Nadir Lamyaghri n'avait pas encore chauffé sa cage qu'il encaisse son premier but. On jouait la 18ème mn lorsqu'une offensive camerounaise permet à l'attaquant Pierre Achille de se détacher à hauteur du carré marocain avant de décocher un tir croisé qui ricoche sur un montant avant de mourir dans les filets marocains. Le flanc droit de la tribune officielle s'embrase d'une saga africaine qui ne devait plus fléchir. « Chouha ! chouha ! », répond un public fassi qui sent déjà le brûlé ! Et comment ne pas le sentir à la vue d'une formation marocaine incroyablement… recroquevillée sur elle-même entre défense et milieu, laissant le seul Abdeslam Benjelloun en pointe. Le sociétaire d'Hibernian était non seulement isolé, mais quand il lui arrivait de recevoir un ballon – souvent aérienne – il devait la disputer au « Minaret » Nicolas Akoulou qui l'écrasait de sa taille et de son poids impressionnants. Ce n'est qu'après l'heure de jeu que le banc de touche se décida à introduire Allaoui pour tenter de chatouiller le géant camerounais. A la faillite tactique s'ajouta une incroyable maladresse technique sous forme de gâchis dans son contrôle de balle, passes et remises, démarquages, etc. De fait, la mi-temps s'acheva sur ce résultat négatif ponctué d'une bronca populaire : « Al joumhour hahouwa, wel mountakhab fayn houwa ». Les choses n'évoluèrent guère à la reprise. Alors que les Camerounais imprimaient de plus en plus leur emprise sur un match tenu bien en main par une bonne couverture du terrain et une grande maîtrise technique de ses éléments, les nationaux faisaient encore dans le décousu malgré les entrées de Baha, Allaoui et… Sekkat. Une faillite de nouveau sanctionnée par un second but signé… Samuel Etoo qui transforme une attaque éclair des Lions Indomptables. Ces derniers rateront deux autres buts surtout par Pierre Achille qui loupe un doublé face à Lamyaghri. L'unique essai dangereux des nationaux intervint à un quart d'heure de la fin lorsque Chihani décoche un tir puissant des 25 m que renvoie le keeper Kemeni en corner. Trop peu pour renverser la vapeur. Dire que l'offensive était la seule alternative pour espérer une qualification. Que pouvions-nous perdre que nous n'avions pas déjà perdu ? Même pas l'illusion pour un public qui se défoula en arrosant la piste de tartan en bouteilles minérales. Laisser jouer des Camerounais qui avaient l'air d'évoluer à… Yaoundé. Décidément : « L'autocar national » continue de s'en prendre plein la vitrine. « iiihi l'hikaya ?? ».