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1,02 milliard victimes de sous-alimentation en 2009 Tendance de la sécurité alimentaire mondiale
Les prix internationaux des produits alimentaires demeurent élevés dans plusieurs pays
Conférence de la FAO sur la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, prochainement à Rome L'incidence de la faim et de la malnutrition dans le monde a été aggravée par deux crises successives. Les estimations actuelles de la FAO portent le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en 2008 à 915 millions, souligne la FAO dans une note d'information préparée pour le compte de la 36ème session de sa conférence prévue du 18 au 23 novembre courant à Rome, et qui aura comme thème : « La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture ». Ce chiffre (915 millions) est considéré comme le plus élevé depuis les trente ou quarante dernières années, bien qu'en termes de pourcentage de la population mondiale, la part des personnes souffrant de la faim soit nettement inférieure à celle de 1970, ajoute la même source. Cependant, les projections de la FAO fondées sur une analyse du ministère de l'agriculture des États-Unis d'Amérique montrent une augmentation du nombre des victimes de la sous-alimentation dans le monde, estimé à 1,02 milliard en 2009. Cette forte augmentation accentue une tendance déjà inquiétante à l'accroissement du nombre de personnes sous-alimentées, qui avait été observée au cours de ces dernières années. Pendant les années 70, 80 et au début des années 90, en effet, le nombre de personnes souffrant de la faim avait reculé nettement malgré une croissance démographique rapide. En proportion, ce nombre était ainsi passé d'un tiers en 1970 à moins de 20 pour cent dans les années 90. Depuis le milieu des années 90, ce nombre a augmenté, même si, proportionnellement, la part des personnes souffrant de la faim a reculé, s'établissant à 16 pour cent de la population des pays en développement et à 13 pour cent de la population mondiale en 2004-06. En revanche, la crise récente a, pour la première fois depuis plusieurs décennies, provoqué une augmentation du nombre absolu et proportionnel de personnes sous-alimentées. Un autre point soulevé par la FAO est relatif à l'évolution des prix agricoles. Les prix internationaux des produits alimentaires ont quelque peu reculé l'année dernière, mais ils restent néanmoins historiquement élevés et, dans de nombreux cas, les prix nationaux à la consommation ne baissent que très lentement. Les prix ont commencé à augmenter lentement dans les premières années de la décennie avant de connaître une hausse brutale à la fin de 2006. L'indice FAO des prix des denrées alimentaires (base 100 en 2002-04) a atteint un sommet historique de 214 en juin 2008, soit un indice deux fois supérieur au niveau de la période de base et 139% au-dessus de la moyenne de l'année 2000. De juin 2008 à la fin du premier trimestre 2009, l'indice a reculé de 35 pour cent pour retrouver son niveau du premier trimestre 2007. En mai 2009, après une nouvelle flambée des prix internationaux de plusieurs produits alimentaires de base (à l'exclusion du riz et de la viande), l'indice, établi à 152, était encore inférieur de près de 30 pour cent au sommet de juin 2008, mais supérieur de 52 pour cent à la valeur de base (2002-04) et de près de 70 pour cent à celui de 2000. La plupart des prix agricoles, toujours selon la FAO, ont augmenté pendant l'épisode de la flambée des prix, mais le fait que les produits alimentaires de base, en particulier les céréales et les huiles végétales, aient augmenté le plus et fait preuve d'une variabilité extrême a retenu l'attention, car ces produits alimentaires constituent les éléments essentiels des revenus ruraux et des régimes alimentaires des populations pauvres des pays en développement. D'autres prix agricoles ont aussi subi d'importantes variations mais, à l'exception des produits laitiers, dans une moindre mesure. Les matières premières, qui sont importantes pour les économies de certains pays en développement, ont à peine augmenté pendant la période critique 2006-2008. Par ailleurs, en termes relatifs, ces prix ont été les plus touchés par la récession car ils sont très dépendants des secteurs à forte élasticité-revenu. À ce sujet, l'exemple des cuirs et peaux destinés au cuir utilisé dans des produits durables comme les voitures est probant. En effet, la demande les concernant a fortement chuté depuis le début de la récession mondiale. Bien qu'ils restent historiquement élevés, les prix internationaux des prix agricoles ont néanmoins connu une baisse significative. Les causes essentielles du recul des prix ont été en grande partie attribuées à un affaiblissement de la demande de biens de consommation et d'importation dans un contexte de récession mondiale et de resserrement du crédit, et à une demande moins forte de produits agricoles servant à fabriquer des biocarburants résultant d'une baisse des prix de l'énergie. Cependant, les indicateurs de l'offre ont aussi beaucoup contribué au recul des prix, en raison notamment d'une réponse importante en terme d'offre de produits agricoles en 2008 et d'une diminution du prix des intrants, en particulier pour le transport. La manière dont ces facteurs évolueront à court terme et auront une incidence sur l'avenir des marchés agricoles reste empreinte d'une grande incertitude. La FAO indique, par ailleurs, que malgré le niveau moins élevé des prix internationaux des produits agricoles, la transmission de cette baisse des prix aux marchés nationaux semble avoir été lente ou retardée dans de nombreux pays en développement et pays à faible revenu et à déficit vivrier, en particulier en Afrique subsaharienne. Dans de nombreux cas, au début de 2009, les prix nationaux étaient encore supérieurs à ce qu'ils étaient un an auparavant, et là où ils avaient reculé, la baisse des prix avait été relativement moins marquée que celle observée sur les marchés internationaux. Cette médiocre transmission des prix illustre l'inefficacité des marchés et tend à augmenter la variabilité sur les marchés internationaux. Bien qu'ils soient nettement inférieurs à leurs sommets de juin 2008, les prix des produits destinés à la production alimentaire restent élevés en 2009 par rapport à la tendance de ces dix dernières années. Dans leur récente publication conjointe intitulée Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO: 2009-2018, l'OCDE et la FAO estiment que les prix des produits alimentaires devraient se stabiliser à ces niveaux, voire augmenter à moyen terme, continuant ainsi à dépasser en termes réels les niveaux de prix observés avant la flambée des prix de 2007‑2008. Les projections de l'OCDE et de la FAO indiquent aussi que ces tendances subissent peu les effets de la récession mondiale même si des produits sensibles aux revenus comme les huiles végétales, les viandes et les produits laitiers pourraient subir davantage les effets de la crise économique si la situation se détériorait. La perspective que les prix réels des produits agricoles puissent rester à ces niveaux élevés à moyen terme dépend essentiellement de trois facteurs importants. Premièrement, l'incorporation obligatoire de biocarburants décidée dans plusieurs pays – fixant ainsi les parts de marché pour l'éthanol et le biodiesel par rapport à la consommation totale de carburants – ainsi que les diverses subventions et incitations fiscales en leur faveur semblent prolonger l'influence de la production de biocarburants sur les prix agricoles, bien que les projections indiquent que le prix du pétrole brut devrait être inférieur à celui de 2008. Certes, comme les marchés de l'énergie sont plus importants que les marchés agricoles, les prix de l'énergie détermineront les prix des biocarburants et des produits agricoles qui servent à les fabriquer. Deuxièmement, même si les prix du pétrole brut se situent à des niveaux qui n'entraîneront pas à court terme une augmentation de la production de biocarburants, ils n'en restent pas moins historiquement élevés en termes réels. Cette tendance se traduira par des coûts également élevés pour des intrants comme les produits chimiques et les engrais, ainsi que pour le transport. Enfin, la croissance de la productivité agricole semble ralentir, ce qui suppose qu'à la marge, accroître la production aura pour corollaire des coûts unitaires réels plus élevés. L'analyse de l'évolution des prix réels des produits agricoles montre que la baisse tendancielle qui dure depuis plusieurs décennies s'est peut-être arrêtée en 2000, d'autant que les projections ne semblent pas indiquer une reprise de cette baisse tendancielle à moyen terme.