« Le colonialisme, c'est maintenir quelqu'un en vie, pour boire son sang goutte à goutte », Massa Makan Diabaté. Stéphane Hessel, un rescapé des camps nazi et un des rédacteurs de la Déclaration des droits de l'Homme, ne cessait de répéter dans les médias français, depuis l'attaque israélienne sur le sud du Liban en 2006, que par son comportement ''Israël est en train de creuser sa propre tombe''. Nul besoin du Hamas, de l'Iran, du Hezboallah ou d'une quelconque « flottille de la liberté » pour envisager la disparition de l'Etat d'Israël. Cette puissance d'occupation âgé de 75 ans, s'active toute seule à sa propre disparition. Son comportement suicidaire répond à une logique de l'histoire bien démontrée. Celle de toute occupation coloniale qui avance inexorablement vers sa fin. Le compte à rebours est rythmé par chaque victime innocente, qu'elle soit palestinienne ou israélienne. La machine coloniale est animée par la mort, y compris par sa propre mort. En 1947, l'ONU dominé alors par des puissances coloniales, a reconnu la naissance d'Israël. Le colonialisme était encore à la mode. La plupart des pays du sud étaient occupés par une puissance ou par une autre. Faut-il rappeler que ce ne sont pas les juifs de Palestine qui ont créé Israël. Ce sont des juifs sionistes arrivés des pays d'Europe qui ont installé par la force un Etat religieux suite à une opération de nettoyage ethnique en Palestine. Pour caricaturer et dénoncer le discours colonialiste des sionistes d'Israël Tom Segev, historien israélien écrivait le 29 décembre 2008 au journal Haaretz : ''Nous sommes les représentants du progrès et des lumières, évolués aux plans rationnel et moral, alors que les Arabes sont primitifs, foules violentes et enfants ignorants qui doivent être éduqués et se voir enseigner la sagesse. Bien entendu par la méthode de la carotte et du bâton, comme le charretier le fait avec son âne''. Le propre d'une occupation coloniale c'est de renier la dignité du peuple occupé. De le traiter et le considérer comme inférieur, voire inexistant. Accorder aux palestiniens de Gaza une attention humanitaire va à l'encontre de la politique coloniale d'Israël. Comme le rappelle l'historienne Dyala Hamzah dans un article du Devoir (Journal québécois) « 75 ans d'apartheid, 56 ans d'occupation, 17 ans de blocus de Gaza ; le carnage des bombardements au phosphore de l'opération « plomb durci » (2008-2009), des bombardements de l'opération « pilier de défense » (2012), de l'opération « bordure protectrice » (2014), de 2021, de la Marche du grand retour... et jusqu'au carnage actuel ». La terre de Palestine existe, mais pas les palestiniens. Ainsi la thèse de ''La terre sans peuple pour un peuple sans terre'' s'est inscrite au cœur du projet sioniste. Une forme de négationnisme qu'aucune loi au monde ne punit encore. Un négationnisme soutenu par une formidable machine médiatique pro-sioniste et par les déclarations des dirigeants occidentaux justifiant les attaques d'Israël par son fameux droit à se défendre. Sur l'agression israélienne contre la flottille de la liberté, Sarkozy avait déclaré qu'elle était disproportionnée comme si Israël était dans son droit d'attaquer dans les eaux internationales. Harper hier et Trudeau aujourd'hui (Deux premiers ministres canadiens), avec leur appui inconditionnel à Israël, ils se déclarent, sans honte, complices de crimes contre l'humanité. Avec des amis comme Thrump, Trudeau, Macron et Biden, Israël n'a pas besoin d'ennemis. De nombreux juifs d'Israël, dont Abraham Burg (Fils d'un dirigeant historique du Parti national religieux), arrivent à cette conclusion : ''Cela ne peut plus fonctionner. Définir l'Etat d'Israël comme un Etat juif est le début de la fin. Un Etat juif, c'est explosif, c'est de la dynamite''. Un Etat islamique en Palestine serait tout aussi explosif. La seule solution pour mettre fin à l'islamisme du Hamas, c'est de mettre fin au statut religieux de l'Etat d'Israël. Le sionisme est une forme religieuse du colonialisme. Un cadeau empoisonné que les sionistes se sont donné à eux-mêmes avec le support des grandes puissances. La création d'Israël répondait à une conjoncture particulière dont les racines remontent au début de l'industrialisation et la découverte du pétrole au Moyen Orient. Cela coïncidait avec la naissance du mouvement sioniste de Theodore Herzl à la fin du 19e siècle. Au cours de la Première guerre mondiale, le puissant lobby sioniste est parvenu en 1917 à obtenir de l'Angleterre la déclaration de Balfour qui promettait aux juifs d'Europe un Etat sur la terre de Palestine. Selon le juif américain antisioniste Benjamin Harrisson Freedman, l'Allemagne a vu dans les manœuvres sionistes une trahison qui lui a fait perdre la première guerre. La revanche allemande est sans nom. Après la découverte de l'horreur nazi, l'Europe devait soulager sa conscience. Israël s'est imposé et l'indépendance de la Palestine, qui devait suivre celles des autres pays arabes, a été retardée. Après la reconquête de Jérusalem par Saladin en 1187, ce dernier, contre l'avis de ses généraux, avait ordonné que les juifs puissent rester chez-eux avec leurs biens et le droit d'accès à leurs lieux saints. Cela explique le lien naturel de plusieurs juifs palestiniens, dont Ilan Halevi (grand intellectuel et un des conseillers politiques de l'autorité palestinienne 1943-2013), avec leur terre ainsi que leur participation active dans la résistance contre l'occupation sioniste. « Comment le peuple juif fût inventé » est écrit par un autre historien israélien. Ce best seller de Shlomo Sand décortique les mythes fondateurs d'Israël. Ecoutez-le ici raconter les détails de sa thèse :
Israël est le dernier bastion d'un empire colonial qui a duré cinq siècles. Cinq siècles de pillage, d'esclavage, de vol et de viol. Avant de se retirer des terres occupées, les puissances coloniales se sont assurées d'avoir un chien de garde de leurs intérêts géostratégiques dans la région la plus sensible. Depuis 1947, les palestiniens payent le prix d'une telle stratégie, les israéliens aussi et plusieurs d'entre eux le savent pertinemment. Les voix de Shlomo Sand, de Tom Segev, d'Abraham Burg et d'autres consciences libres d'Israël participent également au déclin du colonialisme israélien, de la même manière que des grands intellectuels français, comme Jean-Paul Sartre, avaient contribué activement à mettre fin au colonialisme de la France sur les pays d'Afrique. Israël aurait le droit de se défendre prétendent ses "alliés inconditionnels"! C'est le monde à l'envers. Une lecture froide de son histoire démontre que cet Etat, depuis sa fondation en 1948, en déplaçant 750 mille palestiniens de leurs terres et en multipliant ces crimes contre l'humanité durant 75 ans, au delà des apparences, il se meure dans le sang de ses victimes autant palestiniennes qu'israélienne. Après 75 ans de résistance palestinienne, une évidence s'impose. Tôt ou tard, les palestiniens auront leur pays. Un seul pays sur l'ensemble du territoire de la Palestine historique où juifs, musulmans et chrétiens seront des citoyens à part entière. Un pays démocratique et laïque, celui que l'Organisation de Libération de la Palestine avait envisagé dès sa création en 1964. Aujourd'hui le comportement criminel d'Israël envers une population démunie, notamment depuis le 7 octobre dernier, rappelle tous les massacres qui ont précédé la libération des peuples occupés. Palestine, Algérie, Maroc, Inde, même histoire, même combat, même parcours vers l'indépendance. Les manifestations de force d'Israël sont en réalité les signes de son déclin. La plupart des occupations coloniales ont fini par finir! C'est une question de temps.