Près d'une semaine, après le séisme d'Al-Haouz, des millions de personnes sont en détresse humanitaire alors que le personnel médical s'efforce d'éviter la propagation de maladies dans les centres accueillant des dizaines de milliers de réfugiés. En effet, malgré le dispositif médical mis en place par les autorités marocaines pour porter assistance aux sinistrés, et en dépit des mesures d'hygiène prises, les risques d'avènement de maladies sont présents, surtout que les dépouilles des victimes se trouvent à proximité des camps. Raison pour laquelle les experts ont mis en garde contre le risque de propagation d'épidémies dans les prochains jours, surtout que les températures sont encore élevées dans lesdites régions. Dans ce sens, Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé, nous explique que parmi les principaux défis, il y a le respect des mesures d'hygiène, surtout que des centaines de personnes vivent actuellement dans des tentes très proches les unes des autres. «Des milliers de ménages ont perdu leurs foyers, ils n'ont pas de douches, pas de toilettes, pas de cuisines en bonne et due forme, pas de produits d'hygiène en abondance, une dégradation du réseau d'eau potable et de gestion des déchets. Tous ces éléments favorisent la propagation des maladies», indique Hamdi, notant qu'il faut adopter des gestes préventifs à l'instar de ce qui a été fait lors de l'épisode Covid-19.
Quelles sont ces maladies ?
Selon notre interlocuteur, les maladies qui pourraient toucher les personnes sont surtout digestives. « Il y a des bactéries, des virus qui se propagent, des gastro-entérites vitales, l'hépatite A, le rotavirus chez les enfants». Dr Hamdi souligne, à ce sujet, que ce sont des maladies qui, malheureusement, peuvent amener à la déshydratation des personnes et qui peuvent toucher plusieurs personnes à la fois. Il y a également des maladies respiratoires qui peuvent voir le jour suite aux sinistres, mais aussi suite à la proximité des personnes. Tayeb Hamdi évoque également le nouveau variant du Covid qui se propage à grande vitesse et qui peut toucher les personnes desdites régions, vu l'afflux massif des citoyens vers ces zones pour apporter leurs aides.
Les plaies des personnes blessées risquent aussi de s'infecter parce que les conditions d'hygiène ne sont plus propices à un bon traitement. Il y a même des épidémies qui peuvent se déclencher. «Il faut signaler que le Maroc est loin de ce scénario, mais, par exemple durant le séisme de Haïti, le choléra qui a été importé par des casques bleus, mobilisés sur place, a emporté 10.000 personnes », explique le professionnel. D'où l'utilité de bien filtrer les aides ainsi que les équipes à mobiliser dans la gestion du sinistre.
L'eau avant tout Selon Hamdi, il faut pallier au manque d'eau potable en priorité, puis assurer des conditions d'assainissement et d'hygiène pour la population. Il faut assurer les points d'eau, les points d'assainissement, la collecte des déchets, qui peuvent engendrer de grandes conséquences dans les douars et dans les rues. « Le Maroc, grâce à l'expertise des autorités, essaie de se focaliser sur ces points », indique-t-il, notant que la nourriture qui sera dirigée vers les régions touchées devrait être prête à consommer car les gens n'ont pas de quoi préparer leur propre repas d'une manière hygiénique. En outre, il faudrait qu'il y ait des équipes de veille épidémiologique pour repérer et traiter rapidement tous les cas qui apparaissent, endiguant ainsi la propagation des virus. Ceci devrait être accompagné par un grand travail de sensibilisation des populations sur l'hygiène et les bonnes pratiques. « Ce n'est pas possible d'avoir le top, mais le maximum possible », affirme Tayeb Hamdi. « Je pense, heureusement, que nous ne sommes pas encore dans la période du grand froid, nous ne sommes pas encore dans la période des maladies respiratoires qui se propagent très vite. Donc, il faut rester vigilant et réactif en attendant de reloger ces personnes », conclut-il.