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Coopération climatique UA-UE : Une révision des engagements financiers et juridiques s'impose
Publié dans L'opinion le 06 - 09 - 2023

CAER voit que la coopération entre l'Afrique et l'Europe se déroule sous de mauvais auspices, mais le Maroc a bien réalisé des avancées avec ses partenaires européens. Détails.
The Center for Africa-Europe Relations (CAER) vient de rendre public un rapport, intitulé "Faire progresser l'Europe et l'Afrique vers un terrain d'entente sur le climat et l'énergie ". Le CAER traite les enjeux climatiques communs auxquels font face les deux continents, et les traîne vers un terrain d'entente pour une meilleure coopération.

Sur la base des conclusions de la COP27 qui s'est tenue en Egypte en novembre 2022 et en prélude de celle qui se tiendra fin 2023 aux Emirates Arabes Unis, le CAER a mis en place un rapport qui diagnostique les enjeux du continent africain et celui européen, avec une approche axée sur une coopération bilatérale, déjà existante, mais qui ne peut se consolider qu'à travers un terrain d'entente sur le climat et les énergies.

Le CAER exhorte les Etats des deux continents à trouver un terrain d'entente pour maximiser les avantages et minimiser les coûts de la lutte contre le changement climatique et de la transition verte. "L'Europe et l'Afrique doivent abandonner leurs positions dogmatiques sur les énergies renouvelables et les combustibles fossiles pour se concentrer sur les opportunités commerciales liées à la transition écologique." lit-on dans le rapport.

Et de poursuivre : les deux continents doivent reconnaître, traiter et atténuer les tensions au sujet de la décarbonation. À défaut, la promotion d'une transition énergétique juste en Afrique sera ralentie. "Les représentants africains et européens devraient éviter le piège de la "signalisation politique" ou des solutions idéales et se concentrer sur l'obtention de résultats rapides en matière de financement du climat, d'énergie et d'industrialisation, ainsi que sur une communication plus efficace de leurs progrès." précise-t-on dans le rapport.

Quatre priorités pour un partenariat renforcé UA-UE

Le CAER a mis quatre priorités comme soubassement d'un partenariat renforcé, "l'engagement, l'ambition, la justice et la résilience sont essentiels pour cimenter la coopération entre l'Afrique et l'Europe en matière de climat et d'énergie", indiquent les auteurs.

A commencer par maintenir l'élan pour la justice climatique en expliquant que l'engagement de l'UE en faveur d'un fonds "pertes et dommages" pour les pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques doit être respecté. "L'accord de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique COP27 pour fournir un financement "pertes et dommages" en novembre 2022 a créé l'opportunité pour l'Europe et l'Afrique de coopérer plus étroitement. Des progrès doivent être démontrés lors de la COP28 en novembre-décembre 2023.", synthétise-t-on.

En outre, il faut rehausser les ambitions par la mise en place d'une dynamique pour réformer la gestion dont les institutions financières mondiales soutiennent le monde dans sa marche vers le "net zéro", visant aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs de développement durable (ODD)."Il s'agit notamment de s'attaquer au fardeau de la dette des pays en développement, en particulier en Afrique, de réformer la Banque Mondiale et d'autres banques multilatérales de développement (BMD) et d'accroître les investissements dans la réalisation des ODD d'ici à 2030", fait savoir le CAER, ajoutant que le Sommet de Paris de juin 2023 pour un nouveau pacte financier mondial a présenté une feuille de route de réformes et réitéré ces engagements. "Afin de maintenir l'élan de ce programme, des progrès rapides seront nécessaires au cours du second semestre 2023".

Le troisième et le quatrième axes, conseillés par le CAER, concernent une "transition énergétique juste" qui est essentielle. Cela implique de reconnaître que la transformation énergétique de l'Afrique doit aller de pair avec la réduction de la pauvreté, de la faim et des inégalités, tout en favorisant la croissance et le développement en Afrique afin de réaliser les ambitions des objectifs du Millénaire pour le développement.
Il faut faire plus et dépenser plus pour la résilience et l'adaptation au changement climatique. L'Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique. Elle subit de manière disproportionnée les effets des conditions météorologiques extrêmes, allant des sécheresses aux inondations, causées par le changement climatique.

L'entente Maroc-Europe

Les conclusions du rapport du CAER se sont axées sur les deux continents de manière globale, mais le Marco semble avoir déjà compris le jeu et les enjeux climatiques, et que la concrétisation des avancées soulignées dans le rapport du CAER ne peut avoir lieu sans des coopérations solides avec l'UE.

En effet, le Maroc et l'UE ont signé en octobre 2022 à Rabat un « partenariat vert », le premier du genre, afin de renforcer leur coopération énergétique et lutter contre le réchauffement climatique. Cet accord a été paraphé par le vice-président de la Commission Européenne Frans Timmermans et le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita. Le Maroc, frappé par une sécheresse historique et un stress hydrique structurel, est le premier pays à signer un « partenariat vert » avec l'UE.

« Ce premier partenariat vert entre l'UE et le Maroc est le coup d'envoi d'un développement, qui veut que le destin de l'Afrique et le destin de l'Europe sont intimement liés, soit un destin de croissance soutenable qui reflète les enjeux d'aujourd'hui », a souligné à cette occasion M. Timmermans à l'issue de la cérémonie de signature. « On doit bien comprendre que l'avenir de l'humanité se jouera autour du bassin méditerranéen », a-t-il ajouté.
« La dure réalité internationale a démontré, tant en Europe qu'en Afrique du Nord, que lorsqu'il s'agit d'énergie, c'est la fiabilité et seule la fiabilité qui compte, davantage encore que la disponibilité de la ressource », a plaidé de son côté M. Bourita, une allusion à la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine et à l'Algérie voisine riche en hydrocarbures.

Ce chantier, lancé en juin 2021 à Bruxelles, a pour objectif de renforcer la coopération en matière d'énergie, de lutte contre le dérèglement climatique, de protection de l'environnement et de stimuler « l'économie verte », y compris en mobilisant le secteur privé.

« Il vise à favoriser la transition vers une industrie décarbonée par l'investissement en technologie verte, la production d'énergie renouvelable, la mobilité durable et la production propre dans l'industrie », selon le mémorandum d'entente signé mardi à Rabat. Le projet s'inscrit dans la mise en œuvre de l'accord de Paris sur le changement climatique.

La CGEM place la décarbonation au centre de ses préoccupations

La CGEM et l'UE ont organisé, le 6 juin à Casablanca, un séminaire sur le thème "Le green deal : un pacte vert pour l'UE, le Maroc en tête".
Cette rencontre avait pour but de présenter les nouvelles réglementations industrielles et environnementales du Pacte Vert européen ainsi que les opportunités qu'il offre au secteur privé marocain.

Lors de son intervention à l'ouverture de cette rencontre de haute importance, Chakib Alj, président de la CGEM, a déclaré que « l'entrée en vigueur du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE est un événement capital. Il s'agit de la première mesure de ce type visant à stimuler l'innovation verte dans le monde industrialisé. Les industries stratégiques du Maroc sont prêtes à relever ce défi et reconnaissent l'importance de ce moment ». « Les entreprises européennes et marocaines disposent d'une fenêtre d'opportunité historique pour créer un marché innovant, vert et commun – un modèle pour le reste du monde », a-t-il souligné.

Il a également appelé les décideurs politiques à continuer à fournir les incitations qui stimulent l'innovation dans les technologies vertes en insistant sur l'importance de trouver le juste équilibre entre la mise sur le marché de nouvelles technologies et la garantie d'une transition écologique juste et à mettre en place des partenariats mondiaux solides.

Pour sa part, Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l'UE au Maroc, a déclaré que : « La transition vers une industrie décarbonée et circulaire offre au Maroc d'importantes opportunités en matière de croissance économique et d'accès à de nouveaux marchés. Elle permet également de créer de nouveaux emplois, notamment pour les jeunes, et d'attirer le déploiement de nouvelles technologies », ajoutant que la transition verte est une urgence, de part et d'autre de la Méditerranée, et l'UE est déterminée à la mener avec ses partenaires.

L'Afrique souffre toujours d'un sous-investissement

Le Maroc a réussi son programme d'électrification, a affirmé, en juin à Marrakech, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, dans le cadre de la conférence « Bloomberg New Economy Gateway Africa », en précisant que dans le cadre du programme d'électrification, le Maroc a fait de grands pas avec plus de 99,8% de la population électrifiée.

Quant au potentiel de l'Afrique en énergie propre, Leila Benali a fait savoir que le continent dispose de grands atouts en termes d'énergies renouvelables, mettant en avant l'importance pour l'Afrique d'attirer des investissements dans ce domaine.

« L'Afrique souffre toujours d'un sous-investissement en énergie propre et est toujours en retard », a estimé la ministre, ajoutant que le continent a besoin aujourd'hui d'investissements capables de garantir à la population l'accès à l'énergie bas-coût et bas-carbone.


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