Marquant un tournant important vers la consolidation des principes de l'Etat social, le chantier de la généralisation sociale avance à grands pas. Cependant, après quelques mois du lancement de sa mise en œuvre, de grands défis restent encore à relever pour atteindre les objectifs fixés. Plus qu'un programme social, le chantier de la généralisation de la protection sociale représente une étape importante sur la voie de la promotion de la justice et de l'équité sociale. Il s'inscrit dans le cadre de la nouvelle génération des réformes, voulues par SM le Roi Mohammed VI, en faveur des citoyens marocains avec en ligne de mire la consolidation du chantier royal de l'Etat social, en général, et de la protection sociale, en particulier. C'est ce que relève une étude intitulée : « Généralisation de la protection sociale, le Maroc surmontera-t-il les défis persistants ? », publiée sur la plateforme « Arab Reform Initiative ». Soulignant que ce chantier représente un changement qualitatif dans le modèle social du système politique existant, le rapport soulève aussi que son succès est en passe de contribuer à restaurer la confiance des citoyens envers les institutions politiques de leur pays. Un défi majeur auquel le Maroc est confronté, ces derniers temps, suite à la chute de l'indice de confiance des citoyens, notamment envers le gouvernement actuel à 43% en 2023 contre 69% en 2022, selon l'institut marocain d'analyse des politiques. Selon l'étude, ce chantier intervient pour rattraper l'échec dont les programmes d'assistance sociale déployés au cours des dernières décennies ont fait preuve, en l'absence de vraies politiques sociales et économiques visant la justice sociale et la répartition équitable des richesses. « La fragilité structurelle, parmi les franges les plus larges de la société marocaine, est le résultat des politiques d'ajustement structurel adoptées par les gouvernements marocains successifs au cours des années 80 du siècle dernier », souligne l'étude.
Tous les programmes développés, dans ce contexte, ajoute-t-elle, ne s'écartaient pas du contexte néolibéral de ces gouvernements, qui attachaient une grande importance à l'économie de marché et aux équilibres financiers et macroéconomiques, au détriment de la situation des larges couches de la société.
De par son caractère stratégique, le chantier de la généralisation de la protection sociale est confronté à plusieurs défis, relève l'étude. Il s'agit principalement du taux de chômage, qui reste encore élevé, la persistance de l'économie informelle, le système de ciblage qui reste faible et inefficace, outre l'absence de justice spatiale entre les régions du Maroc, due à la répartition inégale des services médicaux, et à l'absence quasi totale d'établissements de santé dans les régions reculées. Afin de relever ces défis, il est important, poursuit l'auteur de l'étude, que le processus de mise en œuvre de ce chantier soit accompagné de mesures liées au modèle de gouvernance avec une approche de solidarité entre les classes sociales en vue de garantir sa pérennité face aux projets à venir touchant le secteur de la santé, en tant que secteur stratégique.