L'ouvrage «L'identité africaine de la culture marocaine», édité par Senior Fellow, Policy Center for the New South (PCNS), vient d'être présenté à l'Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat (UM6P) devant un parterre de choix, sous la direction de Nezha Alaoui M'hammdi et Larabi Jaïdi, avec la coordination de Imane Lahrich. Grille de lecture. L'Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat (UM6P) a abrité un événement peu ordinaire, jeudi dernier, et qui mettait en partage la culture dans toutes ses dimensions. Il s'agissait de la présentation de l'ouvrage «L'identité africaine de la culture marocaine», édité par Senior Fellow, Policy Center for the New South (PCNS). Et c'est devant un beau monde que les principaux auteurs ont parlé de ce beau livre qui aborde le Maroc culturel dans une Afrique culturelle dans la symbiose et la complémentarité. Mené sous la direction de Nezha Alaoui M'hammdi (Senior Fellow-PCNS) et Larabi Jaïdi (Senior Fellow-PCNS), avec la coordination de Imane Lahrich (Head, valorisation de la recherche-PCNS), l'ouvrage comprend pas moins de 28 contributions et 8 portraits de femmes et d'hommes qui ont marqué le temps et l'espace par leur apport et leur engagement pour l'épanouissement de l'identité africaine de la culture marocaine. La présentation a été marquée par une conférence-débat axée sur «L'africanité de la culture marocaine : expression plurielle en mouvement» et «Du patrimoine aux industries culturelles : un soft power en devenir». Cet ouvrage vient à point nommé au moment où le continent vient de célébrer «Rabat, Capitale de la Culture Africaine 2022-2023». Comme le soulignent les auteurs, les industries culturelles et créatives jouent un rôle crucial en Afrique, offrant un potentiel considérable pour le développement économique et social du continent. Ces industries englobent un large éventail de secteurs tels que la musique, le cinéma, la littérature, les arts visuels et la mode, qui contribuent à l'épanouissement des cultures africaines et à la projection de leur rayonnement à l'échelle internationale. L'ouvrage explore l'identité africaine de la culture marocaine en rassemblant des réflexions d'artistes marocains et d'acteurs culturels. Pour faciliter la compréhension, il se divise en trois niveaux d'expression, à savoir : les différentes dimensions (anthropologique, économique, politique et historique) des liens et des traces de l'Afrique dans la culture marocaine.
Inspiration africaine Le deuxième niveau porte sur les actions infrastructurelles soutenant cette dimension culturelle à travers les espaces dédiés à la création artistique, les professionnels qui promeuvent les artistes africains et la diffusion de ces œuvres. Et le dernier escalier est consacré aux portraits d'artistes marocains mettant en lumière leur inspiration africaine et leur contribution à la création culturelle africaine, notamment dans les domaines du cinéma et de la musique. Pour le PCNS, l'ouvrage vise à faire découvrir, analyser et documenter la richesse de l'identité africaine de la culture marocaine, ainsi que ses œuvres et signes souvent méconnus du grand public. Il appelle à une meilleure reconnaissance des arts et à des politiques publiques favorables au secteur culturel. En somme, cette publication incarne la vision du PCNS de renforcer l'ancrage continental du Maroc et de produire un nouveau narratif sur l'Afrique. Dans cette démarche, le PCNS encourage aussi la collaboration entre les acteurs culturels pour promouvoir le développement du secteur et l'ouverture à la culture africaine en tant que source d'inspiration et de dialogue. Il s'inscrit également dans la droite ligne de l'Union Africaine qui a affirmé son engagement en choisissant en 2021 pour thème annuel «Arts, culture et patrimoine : leviers pour construire l'Afrique que nous voulons». A cet égard, l'institution panafricaine souligne aussi le rôle crucial des secteurs de la créativité et de la culture dans la réalisation des objectifs de développement de l'Agenda 2063. Des progrès significatifs ont été réalisés, tels que l'élaboration du guide de mise en œuvre de la Charte de la renaissance culturelle africaine, l'inclusion du Grand musée d'Afrique dans les projets phares de l'Agenda 2063 et la création de la Commission africaine de l'audiovisuel et du cinéma (AACC). Ce qui fait dire à la Directrice de cabinet du Président de la Fondation nationale des Muséés, Mme Zaïnab Guedira, dans le Chapitre : «Une africanité à RE-construire», que « le Maroc, qu'on le veuille ou non, est un pays africain, il n'est pas possible de lui retirer cette appartenance géographique et forcément culturelle. L'expression même d'africanité de la culture marocaine relèverait alors du pléonasme. Les cultures d'Afrique sont complexes, par leurs parcours historiques, leurs langues, leurs démographies et leurs géographies [...] la culture marocaine, dans toutes ses composantes contribue à la diversité de l'Afrique».
Affirmer une diplomatie culturelle Pour leur part, Nezha Alaoui M'Hammdi & Larabi Jaïdi, dans le Chapitre «La diplomatie culturelle : un +soft power+ du Maroc en Afrique», écrivent : «La place de l'Afrique est centrale sur le plan diplomatique. Sans être exclusive, la culture est un vecteur essentiel sur ce plan. Parce qu'elle correspond à un domaine identitaire partagé et qui a le potentiel d'être mutuellement bénéfique, la culture peut constituer un levier d'approfondissement du partenariat que le Maroc entretient avec les pays africains. Le Maroc devrait affirmer une diplomatie culturelle basée sur son histoire, son pluralisme, son ouverture». Comment peut-on terminer avec ces passages croustillants et captivants sans parler du Chapitre consacré aux aspects de l'africanité dans la musique du Maroc. Pour l'artiste et écrivain Ahmed Aydoun, le soft power musical, quoique difficile à mettre en œuvre, est possible grâce aux ressources humaines et culturelles de l'Afrique. «Au Maroc, par exemple, le musicien a démontré à plusieurs occasions sa capacité à dialoguer avec ses vis-à-vis des autres cultures musicales. Il est donc l'un des principaux vecteurs de toute action dans le sens et la logique du soft power musical», dit-il. Quant à la musique hassanie, heureuse héritière de la langue arabe, de la culture amazighe et des sonorités subsahariennes, José Kamal, Directeur chez Dakhla-festival, révèle, entre autres, que : «parmi toutes les musiques africaines, celle du Sahara, appelée hassanie, bien que méconnue et injustement peu étudiée, est le témoin et l'héritage irréfutable de ces liens culturels forts, multiséculaires, entre le Nord et le Sud du Sahara. Elle a puisé ses subtilités et sa grande complexité dans ses racines berbères, arabes et mandingues». Autrement un ouvrage à lire absolument.