Plusieurs faits semblent prouver que la région Tanger-Tétouan vit, malgré elle, sous le joug de ses trafics et des événements qui leurs sont liés. N'en déplaise aux autorités de la région. Cartellisation des barons de la drogue, émancipation de contrebandiers, corruption et enrichissements abusif de fonctionnaires, campagnes mains propres, pauvreté et chômage, ... etc. Autant d'indices de mauvaise santé pour une région en plein essor et développement économique et social. Mais, en entamant un nouveau grand procès des narcotrafiquants, en menant la purge et le nettoyage des honorables parrains administratifs et sécuritaires, même en dehors du lieu du délit, on peut dire que l'Etat rechigne en efforts. Les campagnes d'assainissements se suivent, néanmoins des organes sont loin d'être à l'abri de l'infiltration de l'argent de la drogue et de la contrebande. Cependant, le contraste saisissant c'est celui qui existe entre le laxisme à l'égard de ceux qui ont donné le mauvais exemple et, d'ordinaire, la rigueur manifestée à l'égard des petits (basses échelles) avec qui on donne souvent l'exemple. La sagesse qui comble d'aisance la vox populi en ces derniers temps d'arrangement des comptes et de lutte contre tous les vices sociaux emprunte la formulation au dicton populaire qui s'intitule «chaque brebis se suspend par sa patte». Les brebis, il y'en a beaucoup qui ont gambadé assez longtemps dans la prairie du peuple avant de regagner la montagne de l'argent sale. Et si l'Etat s'était appuyé sur les honnêtes relais de son staff administratif, s'il avait bien clôturé et gardé l'œil ouvert sur sa bergerie, et si le Social n'était pas obtus, chacun se serait tenu à carreau et contenté de sa ration mensuelle légale. Car à défaut d'aboutir à une maîtrise de ses commis, toute lutte serait beaucoup plus difficile qu'avant. Et c'est rebelote, c'est la spirale sans fin. C'est ainsi que la poursuite hyper médiatisée de quelques grands «seigneurs» du trafic, les procès spectacles, n'auront pour effet qu'une relative décartellisation du trafic: multitude de petits et moyens prédateurs dispersés, opérations au coup par coup, délocalisation et dispersion des bases d'intercession et du mode opératoire du blanchiment. De nouvelles mafias naîtront et s'emploieront à assurer le contrôle et à prendre des parts du marché régional. L'engrenage de la justice populaire est tellement sous le feu des critiques que, déjà, la méfiance a vite conduit à invoquer le retour à la case départ et la reprise des promiscuités et du ballet des approches entre fonctionnaires et trafiquants. L'Etat n'a pas encore tout à fait réussi à craquer le PIN de la corruption des grands et à maîtriser les agissements de ses commis. Certains de ses hauts commis ayant mis la main dans la patte au détriment de la sécurité et de l'image de leur employeur et de son exécutif. Au demeurant, il lui appartient de rechercher le sésame adéquat et la formule idéale pour faire marcher son système. L'incohérence et la duplicité ne sont plus de mise. Elles sont les relents d'un ordre moral rétrograde et de la tolérance intéressée. Il est cependant affirmé qu'il existe une relation directe et imbriquée entre l'essor du trafic des drogues, une culture de la pauvreté née de la grande précarité des zones rurales rifaines, le grand écart de développement entre Nord riche (Europe, zone de consommation) et Sud pauvre (zone de production), et l'internationalisation des pratiques mafieuses. Mais c'est l'argent des stupéfiants qui cause les plus grands dégâts. La prolifération de tours d'immeubles inoccupées suffirait à prouver qu'elles n'ont servi qu'à blanchir l'argent sale. Pourtant pour le législateur, l'arsenal juridique du royaume est suffisamment drapé de mesures répressives et de dispositions préventives. C'est alors l'orthodoxie administrative, comme meilleur moyen de garantir la sécurité des marocains et la crédibilité du Maroc, qu'il faut instaurer.