Les approbations du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), qui se sont élevées à 8,2 milliards de dollars en 2022, ont été nettement supérieures à celles des deux années précédentes (6,3 milliards en 2021 et 6 milliards en 2020) et se sont rapprochées du niveau de 2019 (10,1 milliards), inversant ainsi quasiment l'impact de la pandémie de Covid-19. Grille de lecture du rapport 2022. Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) vient de publier son rapport annuel 2022, lequel signe un nouveau palier franchi par l'institution financière panafricaine dans l'accompagnement des pays en matière d'exécutions de projets et des programmes de développement. Ce document sur l'exercice écoulé met en exergue aussi les actions menées par la BAD durant l'année dernière. Dans l'avant-propos du rapport, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, souligne que face aux multiples chocs mondiaux, son établissement a une fois de plus démontré son engagement indéfectible envers les pays africains par le biais d'actions ciblées conçues pour renforcer la résilience sur l'ensemble du continent. Les rédacteurs du rapport indiquent, dans une première observation, que l'Afrique a vu la croissance de son produit intérieur brut réel ralentir à 3,8% en 2022, contre 4,8% en 2021, en réaction à l'inflation, à la hausse des prix des carburants et à la montée des tensions géopolitiques. Les effets persistants de la pandémie de Covid-19, l'impact croissant des changements climatiques et les conditions météorologiques défavorables ont également joué un rôle dans le ralentissement de la croissance du PIB. Il ressort de ce document que 8,2 milliards de dollars américains de financements ont été approuvés en faveur des pays membres africains. Il fait état, en outre, d'une solide performance sur l'année, enregistrant une augmentation significative des prêts aux pays membres régionaux du Groupe de la Banque, dans un contexte mondial difficile pour l'Afrique.
Accroître la production Egalement, le Groupe BAD a répondu à la crise alimentaire du continent et aux perturbations de l'approvisionnement en intrants essentiels à la production alimentaire en mettant en place la Facilité africaine de production alimentaire d'urgence de 1,5 milliard de dollars pour accroître la production de plusieurs denrées alimentaires de base et fournir des engrais et des services de vulgarisation. A ce sujet, il est bon de rappeler qu'avec la perturbation des approvisionnements alimentaires résultant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, l'Afrique est désormais confrontée à une pénurie d'au moins 30 millions de tonnes de denrées alimentaires, en particulier de blé, de maïs et de soja importés de ces deux pays. Résultat : les agriculteurs africains ont un besoin urgent de semences et d'intrants de haute qualité avant le début de la saison agricole en mai, afin d'accroître immédiatement les approvisionnements alimentaires. La Facilité africaine de production alimentaire d'urgence est une initiative globale sans précédent, visant à aider les petits exploitants agricoles à combler le déficit alimentaire. Cette Facilité fournira des semences certifiées à 20 millions de petits exploitants agricoles africains. Elle élargira l'accès aux engrais et leur permettra de produire rapidement 38 millions de tonnes de denrées alimentaires. Cela représente une augmentation de 12 milliards de dollars de la production alimentaire en seulement deux ans. Pour revenir au rapport, les experts révèlent que le Groupe de la Banque a adopté diverses stratégies couvrant ses opérations. Cette stratégie pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique (2022-2026) définit l'approche à adopter en réponse à la fragilité, en renforçant la résilience des institutions, des économies et des sociétés dans tous ses pays membres africains. Aussi, la Stratégie pour des infrastructures sanitaires de qualité en Afrique (2022 - 2030) élabore un cadre pour l'engagement de la Banque dans le développement des infrastructures de santé, et la Stratégie de gestion des connaissances (2022-2031) décrit la vision de l'institution pour devenir le premier fournisseur de connaissances du continent pour les pays africains, afin de leur permettre d'obtenir de meilleurs résultats sur leurs priorités de développement.
Amélioration des compétences Dans cette optique, et afin de stimuler l'égalité des genres en 2022, toutes les opérations souveraines approuvées par la Banque ont été classées selon le système de marqueur de genre. La majorité de ces opérations - 63% - ont contribué directement à l'accès des femmes aux services sociaux et à l'amélioration de leurs compétences dans l'ensemble des domaines prioritaires appelés « High 5 ». Selon le rapport, le montant cumulé des prêts approuvés par la Banque (jusqu'à la fin de l'année 2022) en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) détenues par des femmes dans 27 pays, et par l'intermédiaire de 56 institutions financières, a atteint 1 milliard de dollars. Pour leur part, les approbations du Groupe de la Banque, qui se sont élevées à 8,2 milliards de dollars en 2022, ont été nettement supérieures à celles des deux années précédentes (6,3 milliards en 2021 et 6 milliards en 2020) et se sont rapprochées du niveau de 2019 (10,1 milliards), inversant ainsi quasiment l'impact de la pandémie de Covid-19 qui a pesé sur les approbations de ces dernières années. Par ailleurs, le rapport indique que la fin de l'année a été marquée par la seizième reconstitution historique des ressources du Fonds africain de développement (FAD), le guichet de prêts concessionnels aux pays à faible revenu du Groupe de la Banque africaine de développement. Les partenaires au développement se sont engagés à verser un montant record de 8,9 milliards de dollars au FAD. Ce montant comprend 429 millions de dollars pour le Guichet d'action climatique, créé afin de mobiliser des ressources pour soutenir les actions d'adaptation aux changements climatiques dans les pays du FAD. Le fonds a bénéficié de nouvelles contributions de l'Algérie, de la République démocratique du Congo et du Maroc. Parallèlement, la BAD a maintenu une notation triple A avec une perspective stable de la part des quatre principales agences de notation mondiales.
Wolondouka SIDIBE Bon à savoir Pour l'immédiat et le moyen terme, le Plan de production alimentaire d'urgence en Afrique vise à augmenter la production alimentaire de 30% jusqu'en 2024, notamment la production de blé avec des variétés tolérantes à la chaleur, la production de maïs avec du maïs économe en eau, la production de riz et de soja. Il s'agit aussi de créer des systèmes basés sur Internet et les technologies de communication qui offrent un soutien en matière de transparence et d'inclusion aux agriculteurs, en particulier aux femmes et aux jeunes. Le Groupe de la Banque travaillera également avec les fabricants d'engrais, les sociétés semencières, les bourses de produits, les grands agrégateurs, les pays membres régionaux (PMR) pour livrer 3,54 millions de tonnes métriques d'engrais et 383.875 tonnes métriques de semences certifiées aux petits exploitants agricoles au cours de la même période. Dans la mesure du possible, le programme encouragera l'utilisation de plates-formes d'innovation et de TIC pour la fourniture de ces intrants et technologies aux agriculteurs.