Il fait bon découvrir les Oudayas en ce bon bout d'an. A quelques jours près d'un été qui s'annonce torride et à plus d'une huitaine de la célébration de la fête du Sacrifice, les amateurs de volupté et ceux nostalgiques de la capitale marocaine affluent à nouveau vers la Kasbah que l'on a failli croire désertée. Qui aurait pu prétendre que la Kasbah des Oudayas était moins attrayante qu'elle ne l'était par le passé ? C'est tout sauf le cas, car il a suffi d'un grand lifting par les autorités, grâce à une série de projets de rénovation mis en place, pour que le site retrouve sa splendeur d'antan. D'ailleurs, au cœur de ce spot mythique, les projets florissants ont commencé à éclore avant même l'arrivée du printemps cette année, avec notamment l'inauguration par SAR la Princesse Lalla Hasnaa du Musée national de la Parure qui marque l'évolution historique de la parure, le processus de fabrication et l'histoire du costume marocain. De plus, l'inauguration il y a deux ans du Café des Oudayas, reconnu comme l'une des principales attractions de la capitale, a suffi pour que les passionnés du lieu s'y pressent comme jamais auparavant. L'été sera chaud et le renouveau, patent ! Ainsi, en ce mois de juin mi-figue, mi-raisin, dès que la météo annonce ses plus belles prévisions, des touristes d'ici et d'ailleurs, après avoir arpenté les tortueux raidillons de la grande Kasbah, n'ont d'yeux et de temps que pour son enceinte almohade, sa célèbre porte monumentale, sa résidence royale plongeant ses racines loin dans le passé glorieux la dynastie alaouite, sa mosquée typiquement mauresque, sa maison princière à l'ouest, son ouvrage sécuritaire «Borj Sqala » et son célèbre jardin andalou. Monumentale et majestueuse, la Kasbah des Oudayas, fleuron de la ville de Rabat, culmine à la charnière de deux eaux, sur une falaise qui surplombe l'embouchure de l'Oued Bouregreg donnant sur l'Océan Atlantique. Son emplacement lui a permis d'être le point de convergence et de conquête d'Al-Andalus, puis le siège de commandement d'une cité dont l'armada maritime écumait les mers, de l'Atlantique à la mer du Nord, en transitant par la Méditerranée. De nos jours, elle constitue un îlot de sérénité, digne de son passé, riche de son héritage historique et architectural, et résolument tourné vers la conservation de la mémoire nationale. Ses multiples attraits lui valent d'être la Kasbah marocaine la plus convoitée par les maîtres de la peinture d'ici et d'ailleurs, et la plus reprise par les photographes les plus en vue. In fine, Rabat, Capitale africaine de la Culture, se réinvente, se rénove et se modernise sans relâche dans l'optique de mieux aborder les gageures de l'avenir. Houda BELABD Aux origines de la Kasbah d'antan Selon les archives largement diffusées dans l'historiographie, en 1140, le grand émir almoravide Tachfine Ben Ali a édifié, à partir des Oudayas, une zone militaire appelée «Ksar BniTarga » sur cette falaise à la croisée de l'océan et de la rivière. Sur le site, des fouilles archéologiques ont livré des structures datant de la même époque. Sous le règne du premier calife almohade, Abdelmoumen, fut construite l'actuelle kasbah, nommée Mahdia en souvenir du chef spirituel de la dynastie, Mehdi ben Toumart. À l'époque, la kasbah jouait un grand rôle dans la réception des missions officielles et le lancement des expéditions vers Al-Andalus. C'est sous le règne de Yacoub al Mansour qu'elle prend le nom de Ribat al Fath. Patrimoine national, la Kasbah a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 2012.