Alors qu'il avait disparu de l'agenda de Vladimir Poutine, le voyage du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, est de nouveau à l'ordre du jour depuis la visite à Alger de Dimitri CHOUGAEV, Directeur du Service Fédéral pour la Coopération Militaire et Technique de la Fédération de Russie. L'invitation a été faite par Poutine le 31 janvier 2023 au cours d'une conversation téléphonique avec Abdelmadjid Tebboune. Le chef du Kremlin avait un besoin urgent de soutien dans sa guerre contre l'Ukraine. Il comptait attirer l'Algérie dans son giron et avec elle d'autres Etats africains. La visite était programmée pour le mois de mai selon un communiqué de la présidence de la république algérienne. Depuis l'entretien téléphonique, plus aucun mot sur la visite du côté russe. Et pour cause. Alger est loin de se positionner de manière franche dans le conflit russo-ukrainien. L'Algérie n'a plus d'influence sur la scène internationale sur qui pourrait compter Moscou. L'Algérie se montre, aussi, très docile devant la France, cet autre adversaire qui fait partie de la coalition occidentale anti-russe. C'était assez pour que Vladimir Poutine supprime d'un trait de stylo de son agenda, la visite du président algérien. A Alger, on a beaucoup attendu des nouvelles de Moscou. Nada. Rien. Isolé sur la scène internationale, interdit de se faire représenter par son président au sommet de la ligue arabe de Djeddah et essuyant les revers diplomatiques jusqu'à ne plus les compter, le régime politico-militaire a grandement besoin d'une bouée de sauvetage. La visite improvisée en dernière minute à Lisbonne n'a pas eu l'effet escompté. Bien au contraire, c'était une double humiliation pour Tebboune. A celle de la diaspora installée au Portugal, qui lui a lancé des œufs pourris, est venue s'ajouter celle du pays hôte qui l'a accueilli très froidement. Tebboune s'attendait aux fastes que procure une visite d'Etat. Finalement, il ne sera accueilli par aucun officiel à son arrivée à l'aéroport de Lisbonne et ne sera accompagné par aucun officiel, non plus, à son départ. Pour parer au plus pressé, une invitation est lancée à Dimitri CHOUGAEV, Directeur du Service Fédéral pour la Coopération Militaire et Technique de la Fédération de Russie. Le jeudi 8 mars, il est accueilli au siège de l'Etat-major de l'armée par le véritable numéro 1 du pays, le général d'armée Saïd Chengriha. On lui fait miroiter d'alléchantes offres tant commerciales que politiques. Deux volets qui intéressent Moscou au plus haut point. Sur le plan commercial, l'armée algérienne dispose du budget le plus fort depuis l'indépendance du pays. Une cagnotte de 18 milliards de dollars. Le double du budget de l'année précédente. La part du lion reviendra, à coup sûr et sans le moindre doute, au camarade historique. En cette période de disettes pour les Russes à cause de l'embargo occidental, Moscou a bien besoin d'argent. De beaucoup d'argent. Pour faire face aux dépenses d'une guerre dont l'effort financier devient de plus en plus lourd et insupportable. Une dizaine de milliards de dollars, au bas mot, est une véritable bouffée d'oxygène. Donc, il faudrait signer au plus vite ces fameux contrats d'armement. L'autre volet et qui est, aussi, très intéressant est celui d'ordre stratégique. Moscou qui a perdu énormément de terrain en Afrique depuis la chute de l'empire soviétique a bien besoin de reprendre pied dans le continent noir. Ni l'Angola, ni la Guinée ou la Lybie, jadis des alliés de l'ex-URSS ne sont ; aujourd'hui, en mesure d'offrir un pied à terre à Moscou en Afrique. Seul le régime algérien en mal de légitimité populaire et isolé sur la scène internationale est prêt à tout céder aux Russes pour peu qu'il retrouve un semblant de respect dans le concert des nations. Pour la signature d'accords si importants la visite du président algérien en Russie s'impose ont laissé entendre les militaires algériens à leur très estimé invité Dimitri CHOUGAEV. Au Kremlin, on ne va pas faire la fine bouche devant une offre si affriolante. Et, sans trop tarder, on relance l'invitation pour la semaine qui arrive. Abdelmadjid Tebboune sans charisme et très influençable risque de laisser des plumes devant le puissant et arrogant président russe. La forte personnalité de Poutine risque d'écraser le président algérien nullement habitué aux confrontations que ce soit en interne ou en externe. Aussi, pour sauver le régime de ses mentors, des généraux pratiquement tous acquis à Moscou, il y a fort à parier de voir l'Algérie entraînée, malgré elle, dans le conflit opposant la Russie au monde occidental. En cas de refus, Poutine n'hésiterait pas une seule seconde à humilier son hôte comme il l'a déjà fait avec Macron, Merkel et tant d'autres. Tebboune est sur des bois ardents. Il n'est pas aisé de jouer avec l'ours russe.