Le Fonds Monétaire Arabe publie le dix-huitième numéro du rapport sur les perspectives économiques arabes, y compris les prévisions macroéconomiques pour 2023 et 2024. L'institution financière table dans ce sens sur une croissance de 3% pour le Maroc en 2023 et de 3,2% en 2024. « La croissance économique au Maroc devrait passer de 1,2% en 2022 à 3% en 2023, tirée par la demande intérieure et l'amélioration des revenus agricoles grâce à la réalisation d'une production agricole moyenne, surtout après la sécheresse qu'a connue le Royaume l'année dernière, ce qui a entraîné une forte baisse de la production agricole. Il est également prévu que la croissance sera tirée par l'augmentation des envois de fonds en devises des MRE », prévoit le FMA dans sa publication. Par ailleurs, l'institution monétaire arabe s'attend à ce que le taux d'inflation du Royaume diminue pour atteindre 3,90% cette année et 4,20% en 2024 après avoir atteint 6,60% en 2022, sachant qu'il s'est situé à environ 10,1% en février dernier. Dans ce sens, l'institution passe en revue les principales mesures prises par les autorités marocaines dans le but de préserver le pouvoir d'achat des familles, dans le contexte de la hausse des taux d'inflation. Ces mesures « comprenaient l'ouverture de crédits supplémentaires pour l'année 2022 d'un montant de 16 milliards de dirhams pour continuer à soutenir les dépenses des transporteurs, ainsi que le maintien de la paix sociale, notamment par l'augmentation du salaire minimum ». Le FMA ajoute qu'une subvention exceptionnelle a également été allouée aux transporteurs afin d'assurer la stabilité du coût du transport pour les citoyens ainsi que le transport des marchandises. De plus, un programme de lutte contre les effets de la sécheresse a également été mis en place. Cela s'ajoute au renforcement du stock stratégique de produits alimentaires, énergétiques et de santé.
Changement climatique : les efforts du Maroc
Le FMA souligne, d'autre part, que le Maroc, afin de relever les défis du changement climatique, cherche à promouvoir les énergies propres et à porter leur part dans le mix électrique à 52% d'ici 2030. Dans ce contexte, à fin 2021, 831 MW d'énergie solaire et 1466 MW d'énergie éolienne ont été mis en service, en plus d'autres projets prévus pour les années à venir, dont le programme solaire photovoltaïque multi-sites Noor 2 (Phase I) avec une capacité de 400 mégawatts, Nour Boujdour (350 mégawatts) et Nour Atlas (200 mégawatts). Le Royaume compte également construire le complexe solaire hybride "Noor Midelt" d'une capacité de 1000 mégawatts d'énergie photovoltaïque et 600 mégawatts d'énergie solaire concentrée, indique la même source. En outre, plusieurs parcs éoliens sont prévus pour être construits, dont la deuxième phase de la centrale éolienne de Taza, la centrale de Boujdour (300 MW) et celle de Tiskrad (100 MW). « Le Maroc souhaite également assurer sa place parmi les pays leaders dans le secteur de l'hydrogène vert, étant donné qu'il est aujourd'hui parmi les pays les mieux positionnés dans la révolution de l'hydrogène vert grâce à ses abondantes ressources solaires et éoliennes, alors que l'on s'attend à ce qu'il ne soit pas limité à l'autosuffisance, mais ouvrira la porte à l'exportation d'énergie vers les marchés européens », peut-on lire dans le rapport du FMA. Afin de faire face au stress hydrique, qui s'intensifie avec le changement climatique, l'Etat a eu recours à des mesures, notamment la construction d'usines de dessalement d'eau de mer, le traitement des eaux usées, la construction d'un groupe de barrages (grands, moyens et petits) dans diverses régions, et le renforcement des contrats d'eau souterraine, rappelle l'institution.
Emploi des jeunes, un casse-tête pour les pays arabes
Dans l'ensemble, le Fonds Monétaire Arabe souligne que « les trajectoires de croissance dans les pays arabes au cours des années 2023 et 2024 seront affectées par un ensemble de facteurs, notamment ceux liés aux conditions mondiales qui impliquent un état d'incertitude, en plus des effets du resserrement de la politique monétaire qui a duré presque tout au long de 2022 et début 2023 ». Ainsi, selon l'institution, le taux de croissance des économies arabes devrait baisser en 2023 à environ 3,4% avant de bondir à 4% en 2024, contre 5,6% en 2022. « Les pays arabes qui ont adopté des programmes, des visions et des stratégies de réforme économique pour diversifier leurs économies et accroître leur force relative, réformer l'environnement des affaires, encourager le rôle du secteur privé et soutenir le capital humain, semblent plus capables de faire face aux chocs », pense la même source. Le FMA s'attend, d'autre part, à ce que le taux d'inflation des pays arabes devrait atteint 6,8% en 2023 et 6,3% en 2024. « Les mesures mises en œuvre par les gouvernements du monde entier pour soutenir leurs économies pendant la pandémie de Covid-19, y compris des plans de relance budgétaire et des politiques monétaires accommodantes pour tenter d'atténuer l'impact économique de la pandémie, et la flambée subséquente des prix de l'énergie et des matières premières, ainsi que volatilité de la chaîne d'approvisionnement, ont tous provoqué une vague inflationniste qui a introduit l'économie mondiale dans de grands défis et un état d'incertitude. Et le monde est passé à une étape différente représentée par le resserrement de la politique monétaire pour freiner la vague inflationniste, et de nombreux pays ont encore du mal à la maîtriser, mais il semble qu'il faille plus de temps avant que l'inflation ne soit maîtrisée », estime le FMA. D'après cette institution, les pays arabes sont confrontés à des défis majeurs dans le domaine de la sécurité alimentaire en raison de divers facteurs, notamment : le climat et la rareté de l'eau, la croissance démographique rapide, les conditions internes défavorables dans certains d'entre eux, ainsi que les défis économiques. Dans le même sillage, elle indique que l'un des problèmes les plus urgents est le taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes. Les taux de chômage des jeunes dans certains pays arabes sont parmi les plus élevés au monde, ce qui a des implications sociales et économiques importantes, estime la même source. Pour conclure, le FMA affirme que parmi les autres défis auxquels la région arabe est confrontée, figure la nécessité de renforcer les capacités institutionnelles, compte tenu de leur importance pour soutenir la croissance économique et le développement. En outre, certains pays de la région arabe sont confrontés à des niveaux élevés d'endettement public, ce qui peut limiter la flexibilité financière et restreindre l'investissement public. L'accès limité au financement pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) reste un défi majeur pour le développement économique dans de nombreux pays arabes. « Bien que des efforts aient été déployés pour résoudre ces problèmes, il est essentiel que les pays arabes continuent d'investir dans le développement agricole, la recherche et les nouvelles technologies, ainsi que de promouvoir la coopération régionale et les pratiques durables pour assurer la sécurité alimentaire », recommande le FMA.
A.CHANNAJE « Le changement climatique et la nouvelle réalité de l'agriculture marocaine » La campagne agricole au Maroc touche à sa fin, avec les derniers programmes de fruits d'été, principalement le raisin de table et les pastèques. La sécheresse et les mauvaises conditions climatiques ont donné le tempo de la saison et ont provoqué une forte baisse des rendements des cultures, même celles pour lesquelles le Maroc avait atteint des records d'exportation jusqu'à ces dernières années. Anas Mansouri, ingénieur au Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), cité par Fresh Plaza, un portail mondial dédié à l'industrie agroalimentaire, a déclaré : « La pénurie d'eau est devenue un défi majeur au Maroc. La situation est critique et nécessite des solutions urgentes, bien que toutes les régions ne soient pas touchées de la même manière. Nous avons constaté de nombreuses perturbations dans le secteur agricole cette saison et, malheureusement, cette année ne fait pas exception. Le problème risque de s'aggraver à l'avenir ».