A l'approche de la fin de l'année scolaire, la pression monte parmi les élèves concernant leur avenir. Face à la multiplicité des offres en formation déclinées par les facultés et écoles publiques et privées, les étudiants sont confrontés comme jamais au dilemme de faire « le bon choix » d'où la nécessité de repenser la démarche de l'orientation. Le défi est de taille pour les élèves puisque ce contexte impose à chaque élève de poser les premiers jalons de sa carrière professionnelle en optant pour une voie qui correspond au mieux, non seulement aux besoins du marché de l'emploi en termes de compétences, mais également à ses propres aspirations professionnelles. La pression est encore plus importante sur les parents qui aspirent à assurer à leurs enfants un niveau éducatif et professionnel élevé. C'est dans ce sens là que l'orientation scolaire trouve son ultime intérêt. Force est de constater, que le sujet suscite un intérêt de plus en plus grandissant des acteurs du système éducatif, à savoir les instances d'éducation et de formation, les enseignants du cycle secondaire qualifiant, les cadres et professeurs de l'Université ainsi que les associations des parents d'élèves. Tous se trouvent engagés dans le processus de développement d'une démarche d'orientation qui profite aux besoins du marché de l'emploi en matière de compétences mais aussi et surtout à l'avenir des élèves. C'est dans ce sens là que s'inscrit la journée d'étude sur le système d'orientation scolaire et professionnelle et le conseil universitaire organisée, mercredi 17 mai par le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS). Cette journée d'étude a pour objectif la co-construction, à travers une réflexion collective, d'un cadre conceptuel et opérationnel du futur système d'orientation, en adéquation avec les dispositions de la loi-cadre 51-17 relative au système d'éducation, de formation et de recherche scientifique et ce, dans le cadre d'un dialogue ouvert à tous les acteurs concernés. En plus d'une allocution du Président du Conseil, la journée verra des présentations du ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, du ministre de l'Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, et du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation. La journée, marquée par la participation des représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) et de la Délégation de l'Union Européenne au Maroc, se veut une plateforme d'échange autour des finalités et fonctions du système d'orientation, le système d'orientation et le modèle pédagogique et la gouvernance du système d'orientation et du système d'information.
L'orientation : un processus continu Bien qu'il soit le pilier de l'acte éducatif, le système d'orientation au Maroc, censé aider à la formation de profils capables de jouer leur rôle socio-économique, présente plusieurs dysfonctionnements comme c'est le cas dans plusieurs autres pays, notamment la France. C'est en tout cas le constat relevé par Mustapha Faiq, directeur général d'Orientation carrefour, qui souligne en premier lieu « l'insuffisance des instances existantes spécialisées dans l'orientation des élèves » et, en deuxième temps, que « l'implication de plusieurs acteurs du système éducatif dans l'encadrement des lycéens ou collégiens et universitaires laisse à désirer ». Malgré que chaque élève a une histoire, une appartenance socio-économique et une identité (vocation, capacités, valeurs), les actions d'orientation déployées par les différentes parties prenantes se résument au seul acte d'informer les élèves sur les filières existantes, les écoles, les opportunités d'emploi et ce, au mépris des entretiens personnalisés, le cœur même de toute action d'orientation. « L'orientation ne devrait pas intervenir à l'approche du bac mais bien avant. C'est un long processus qui comprend la préparation psychologique et cognitive de l'élève », souligne Mustapha Faiq qui rappelle la nécessité d'inscrire l'élève au centre de l'action éducative depuis son entrée à l'école. Ainsi, un long travail devrait se faire, selon notre expert, sur la formation et l'encadrement des formateurs et enseignants à ce sujet. Autrement dit, d'intégrer cette notion dans le programme pédagogique de l'école.
Faire ce qu'on aime ou ce qu'on devrait faire ? Dans un contexte décisif pour leur avenir, si certains élèves sont confiants à propos de leur choix, une grande partie des bacheliers est débordée et perdue. C'est, d'ailleurs, le constat fait par Mustapha Faiq qui explique cela par la multiplication de l'offre et le contexte économique difficile. S'il y a une question qui domine l'esprit de l'élève dans ce contexte c'est bien celle de faire le choix entre ce qu'on aime faire et ce qu'on est censé faire, selon la demande du marché. A ce propos, notre expert en orientation conseille l'élève de choisir sa passion, la clé même pour réussir sa vie active. « L'orientation est le premier mariage entre la personne et l'activité », renchérit Mustapha Faiq.
Se tourner vers des champs d'activité au lieu d'une profession A l'heure où de nouvelles filières se développent, donnant ainsi naissance à de nouveaux métiers et professions, le défi qui reste à relever par l'élève, c'est celui de se tourner vers le bon métier adéquat à ses compétences et à ses ambitions futures. Dans ce sens, notre expert recommande de se tourner vers des champs d'activités adéquates à ses compétences et à ses softs skills plutôt qu'à des métiers spécifiques. Ainsi, « La médecine, par exemple, offre plusieurs métiers aux élèves. Malheureusement, la plupart d'entre eux se tournent vers le métier de médecin, car tout simplement ils ignorent les métiers qui fleurissent en médecine», explique Faiq, rappelant la nécessité d'informer les élèves sur l'environnement professionnel et de les inscrire dans la démarche d'orientation conçue par les acteurs du domaine.