Le changement climatique a mis à rude épreuve les politiques agricoles nationales en accentuant la sécheresse par-ci et une pluviométrie abondante par-là. Ce dérèglement impose une gestion rigoureuse des ressources hydriques en combinaison avec des techniques culturales adaptées pour assurer une sécurité alimentaire. Avec le Plan Maroc Vert et « Génération green », le Maroc se dote de grands atouts. Explications. La tenue de la 3ème Conférence ministérielle annuelle de l'initiative AAA (Adaptation de l'Agriculture Africaine), visant à développer des plans d'investissement dans l'agriculture climato-intelligente dans les pays africains, en marge du SIAM 2023, a démontré, plus que jamais, l'importance de l'innovation agricole pour assurer la sécurité alimentaire. Comme dit l'adage en zootechnie : « A une terre pauvre correspond une végétation pauvre et rabougrie et à une végétation pauvre et rabougrie correspond un élevage maigre et chétif ». Le dérèglement climatique met en avant aujourd'hui cette dure réalité. Le Maroc ne peut faire exception. D'où il met tout en œuvre pour s'assurer d'une grande productivité en misant sur l'innovation agricole pour une meilleure gestion des terres, mais aussi des ressources hydriques pour éviter le stress lié au manque d'eau. D'année en année, il s'emploie à introduire de nouveaux mécanismes d'aide et d'entraide à travers une politique d'investissement dédiés aux agriculteurs. D'ailleurs, le Maroc a tenu, depuis l'indépendance, à accorder l'attention nécessaire à l'enjeu de la sécurité alimentaire, en approuvant des politiques publiques et des plans agricoles soucieux d'atteindre l'autosuffisance et la sécurité alimentaire, comme l'a rappelé le chef de gouvernement devant les représentants de la nation. Pour ce faire, le Royaume a su mettre en place un modèle agricole innovant, doté d'options stratégiques à long terme pour le développement de la production alimentaire. En instaurant les bases d'un système alimentaire durable basé sur une agriculture moderne à forte valeur ajoutée, le Maroc s'assure ainsi d'atteindre la sécurité alimentaire escomptée. Cette stratégie est transversale dont l'épine dorsale est la maîtrise de l'eau. Une ressource devenue de plus en plus rare et qui invite à une approche agricole.
Investissements adaptés
C'est à juste raison d'ailleurs que les conférenciers sur le triple A ont encouragé l'élaboration d'une réserve de projets bancables climato-intelligents alignés avec les stratégies nationales, notamment dans trois domaines clés, les transitions énergétiques, les investissements dans les infrastructures durables, les investissements dans l'adaptation et la résilience au changement climatique, et la restauration du capital naturel et de la biodiversité. D'où le rappel de leurs engagements dans le cadre du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA/ CAADP) et son objectif d'éradiquer la faim vers 2025, les engagements de la Déclaration de Malabo, de l'Agenda 2063 de l'UA, de l'Agenda 2030 des Nations Unies pour le Développement Durable et en partageant les mêmes objectifs que l'Initiative AAI et AAA. Il faut le reconnaitre, le Maroc dispose d'un atout agricole indéniable. La messe internationale a été l'occasion de mettre en avant, pour chaque région, la spécificité géo-climatique, la politique agricole, les produits du terroir, et l'agrotourisme, dans le cadre de la déclinaison territoriale des plans et stratégies du Maroc dans le secteur agricole. La stratégie Génération Green aidant, chaque région peut se targuer désormais d'être pôle agricole valorisé à travers l'utilisation des nouvelles technologies. Ce qui fait dire au directeur des Opérations et innovation de la start-up marocaine Arwa Solutions, Mimoun Chikhi, dans un entretien à la presse, que les solutions numériques ont un grand potentiel pour améliorer l'efficacité énergétique et hydrique dans le secteur agricole. En effet, les technologies émergentes, telles que l'Internet des objets (IoT), l'intelligence artificielle (IA) et la blockchain, sont de plus en plus utilisées pour aider les agriculteurs à surveiller les conditions environnementales, à gérer les ressources en eau et à optimiser l'utilisation de l'énergie. En ce qui concerne l'efficacité énergétique, ajoute le responsable, les solutions numériques peuvent aider les agriculteurs à surveiller et à optimiser la consommation d'énergie dans leurs opérations, notamment en utilisant des capteurs IoT pour surveiller les conditions environnementales et en utilisant des logiciels d'analyse de données pour identifier les zones à fort impact énergétique. Autrement dit, les solutions numériques peuvent également aider les agriculteurs à utiliser des sources d'énergie renouvelables, telles que l'énergie solaire et éolienne pour alimenter leurs opérations.
Agriculture plus performante
Toutefois, reconnait un autre analyste dans l'anonymat, « la souveraineté alimentaire, c'est produire tout ce dont un pays a besoin. Et cela est impossible». Par contre, dit-il, la sécurité alimentaire, elle, suggère l'indépendance, une production locale maximum optimisée, un circuit de stockage et de commercialisation adapté, l'accessibilité économique et physique et une certaine stabilité. En gros, c'est rendre l'agriculture plus performante, résiliente et intégrée et c'est l'objectif des différentes stratégies (Plan Maroc Vert, Génération Green). La souveraineté alimentaire ne peut donc être atteinte pour tous les pays pour plusieurs raisons, dont la première est l'incapacité à s'affranchir des marchés mondiaux et assurer l'autosuffisance pour beaucoup de produits agricoles. In fine, grâce au Plan Maroc Vert, la production céréalière nationale couvre 60 à 65% des besoins du pays même si le Maroc reste cependant obligé d'importer le reste. Cette importation, explique un cadre du Département de l'Agriculture, a pour objectif de couvrir les besoins pour l'alimentation humaine et animale. La majorité de la production, soit 80%, provient des zones pluviales. Cette vision est aujourd'hui payante, sans oublier que le Maroc a renforcé le rôle du secteur privé dans sa stratégie de sécurité alimentaire. L'Etat, lui, garde un rôle de régulation. Les pays qui ont fait cela ont fait preuve d'une plus grande capacité à absorber les chocs. De plus, le Royaume dispose d'une logistique alimentaire développée par rapport au reste de la région.
Wolondouka SDIBE Bon à savoir Le succès du SIAM, au fil des ans, est la parfaite illustration de la stratégie gagnante en matière de sécurité alimentaire. La 15ème édition n'a fait que confirmer cette logique. Le rendez-vous 2023 du Salon international de l'agriculture au Maroc qui s'est tenu du 2 au 7 mai sous le thème « Génération Green : Pour une souveraineté alimentaire durable » s'est clôturé par un franc succès, selon le bilan officiel. En effet, ce sont 923.000 personnes qui ont visité les différents pôles. Le Salon a été déployé sur 18 hectares (ha), dont 11 ha couverts, soit une hausse de 2% par rapport à 2019 avec la participation de 70 pays, contre 60 pays en 2019, et qui ont exposé sur un pavillon de plus de 16.000 mètres carrés, 500 coopératives ont été présentes au pôle « produits de terroir ». Tandis que près de 2.000 éleveurs ont exposé les plus belles races et espèces du Royaume au pôle élevage, 800 experts se sont réunis pour débattre différentes thématiques. Enfin, le salon a enregistré la signature de 19 contrats programmes entre le gouvernement et les professionnels du secteur agricole.