Tanger auction en est déjà à sa 3ème vente consacrée aux artistes Orientalistes et Contemporains. Elle aura lieu ce Samedi 3 octobre sous la direction de Maître Claude Boisgirard à l'hôtel Mövenpick de Tanger. La vente comporte un nombre important de travaux d'artistes que l'on pourrait appeler « Cercle de Tanger » qui regroupe la première génération de peintres marocains (Hamri, Fuentes, Fquih Regragui, Drissi (notre photo), R'Bati et M'Rabet). Elle ne forme pas une école au sens propre mais une toile complexe de relations amicales durant les années proches de l'époque internationale et l'ouverture des dix années post indépendance. Omar Salhi, co-directeurs de Tanger Auction et peintre tangérois est depuis longtemps intéressé par ces peintres et en tant que jeune artiste a été encouragé amicalement par plusieurs d'entre eux. Mohamed (Romain) Ataallah, Mohamed Hamri et Ahmed El Yacoubi ont été, par exemple, associés à des auteurs américains tels Paul et Jane Bowles, Tennesee Williams, William Burroughs, Brion Gysin. El Yacoubi, indiscutablement, après Gharbaoui, le plus talentueux peintre abstrait de sa génération a été lancé à la demande de Paul Bowles, par le plus grand artiste britannique du 20ème siècle, Francis Bacon. Et c'est Bowles qui a organisé les expositions américaines de M'Rabet et même encouragé Hamri a faire éclater son talent sur la toile (lire l'article de Khalil Raïs paru en « une » vendredi passé). Les peintres du « cercle de Tanger » possèdent une certaine vitalité spontanée, un génie florissant largement reconnu aujourd'hui au même titre que le cercle littéraire marocain à l'étranger. Et de ce point, les artistes de ce groupe ont une ligne artistique commune. Antonio Fuentes, espagnol d'origine, né dans le cœur de la médina est resté un enfant du Socco jusqu'à la fin de sa vie. Ami de Picasso, il détestait la promotion et était en marge, rarement exposé, détestant les réunions publiques et n'aimant pas voyager. Il était à tout point de vue l'opposé de son ami Hamri, un extraverti aimant se montrer et faisant sa propre promotion. Ils ont exposé ensemble en décembre 1965 au Casino Municipal de Tanger où on pouvait voir les travaux de Mohamed Ben Ali R'Bati. En tant qu'artistes. M'Rabet est connu tant qu'auteur qu'en peintre. Ses premiers travaux, datant des années 60 ont impressionné de nombreux connaisseurs parmi lesquels Peggy Guggenheim. Mohamed Drissi, un autre tangérois extraverti était un ami proche de l'incontournable Hamri. Spécialiste de la lumière, fauviste, attiré par les scènes naïves et la vie urbaine, les mariages et gnaouas, Drissi a évolué à travers la technique sinistre de Goya, technique dans laquelle on retrouve des thèmes de nus, des formes émaciées. Cette vente s'inscrit dans la continuité dans laquelle on retrouve des maîtres tels que Hassan El Glaoui, Miloud Labied, Henri Jean Pontoy, Joseph-Félix Bouchor sur lesquels viennent se greffer la nouvelle génération Omar Mahfoudi, Aziz Amrani, Aziz Benja ou Abderrahman Ajbar.