L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) vient de publier, lundi, le rapport des dépenses dans l'armement au titre de l'année 2022. Le Maroc, précise le rapport, a totalisé 5,4 milliards de dollars dans l'acquisition d'armements. Une rétrospective sur la montée en puissance militaire du Maroc. Le Maroc a maintenu en 2022 le même niveau des dépenses pour l'armement que l'année 2021, en totalisant 5,4 milliards de dollars. Le rapport indique que les dépenses militaires d'Afrique du Nord en 2022 sont à 3,2% en dessous de celles enregistrées une année auparavant, et de 11% de plus qu'en 2013.
Le Maroc et l'Algérie s'accaparent, tous les deux, des trois quarts (74%) des dépenses militaires dans la sous-région. L'Algérie qui a totalisé, en 2022, 9,1 milliards de dollars des achats, a diminué ses dépenses de 3,7% par rapport à une année auparavant. La même source indique que le Maroc se situe au 29ème rang mondial des importateurs d'armes, tandis que l'Algérie se classe au 18ème rang.
Sur le plan continental, les dépenses militaires ont atteint la barre de 39,4 milliards de dollars au titre de l'année 2022, en régression pour la première fois depuis 2018. " Les dépenses agrégées par les pays africains ont diminué de 5,3% par rapport à l'année 2021 et de 6,4% par rapport à 2013", fait savoir le rapport.
Quant aux dépenses militaires mondiales, elles ont connu une tendance haussière de 3,7% en 2022, pour s'établir à un nouveau record de 2.240 milliards de dollars, les trois plus gros dépensiers en 2022 étant les Etats-Unis, la Chine et la Russie, qui s'accaparent, à eux seuls, 56% du total mondial.
Feuille de route quinquennale 2017-2022
Le Royaume a mis en place, en 2017, un plan quinquennal avec échéance en 2022, dans l'optique de moderniser ses équipements militaires et atteindre une « suprématie régionale », selon ce rapport. Dans ce sens, une enveloppe de 20 milliards de dollars a été consacrée pour ce quinquennat afin de concrétiser ce plan stratégique.
Quant aux fournisseurs du Maroc en la matière, l'approvisionnement se fait autant que possible dans la diversification des pourvoyeurs ; à titre d'exemple, les Etats-Unis sont le principal fournisseur d'armes du Maroc avec une part de marché de 76% des armes, environ 15% des équipements militaires du pays étant importés de France et 6,8% de Chine. L'Algérie, quant à elle, a importé 73% de ses armes de Russie en 2022, suivie de l'Allemagne (10%) et la France (5,2%). Rappelons qu'en 2021, dans la liste des 10 pays aux dépenses militaires les plus élevées au monde du SIPRI, le Maroc occupe la dixième place mondiale, consacrant 4,2% du PIB à investir dans la Défense selon les données de 2021, révélées en avril 2022.
La montée en puissance militaire du Royaume suscite l'intérêt des experts et médias de plusieurs pays, entre autres espagnols, qui ont l'habitude de se livrer à l'analyse des dépenses militaires du Maroc depuis l'époque de l'avant Marché Verte. "Dans les années 70 et 80, en pleine guerre du Sahara, les dépenses militaires marocaines ont atteint des sommets allant jusqu'à 6,6 % du PIB. Dans les années 1990, avec une armée moins mobilisée que lors de la pleine guerre, surtout dans les dernières années de règne de Hassan II, on assiste à un fléchissement des dépenses financières, pour cause d'amenuisement des ressources. L'année de l'intronisation de SM le Roi Mohammed VI, en 1999, 2,4% du PIB étaient consacrés à la Défense. Mais avec le nouveau règne et le tournant du siècle, le Maroc s'est lancé dans une revitalisation qui a fait augmenter le budget de la Défense. Si en 2019, il était de 3,1%, un an plus tard il a augmenté de 30%. En 2023, une augmentation de 5.000 millions de dollars est prévue par rapport à 2022, jusqu'à atteindre 17.000 millions", a synthétisé El Mundo, la semaine dernière, ajoutant que "la clé de cette montée en puissance a été la stratégie de coopération en matière de défense que Rabat a scellée avec Washington à l'horizon 2030... Cela facilite l'achat d'armes et d'équipements militaires de pointe auprès du premier producteur et exportateur d'armes du monde.
Les récentes transactions marocaines avec les USA
Les bonnes relations entre le Maroc et les Etats-Unis sont plus qu'évidentes ces dernières années et se sont traduites par d'importants accords militaires. En effet, le Maroc s'est doté d'un budget pour 2023, pour sa défense de plus de 5.1 milliards de dollars. Ce montant représente une augmentation de 3,6% par rapport à 2022. Les Chasseurs F-16 modernisés, automitrailleuses Abrams, drones Predator... ne sont qu'une partie de l'armement dont le Maroc s'est doté ces dernières années, une course qui n'est pas prêt de fléchir.
Le département d'Etat américain a récemment approuvé la vente des systèmes de fusées d'artillerie de mobilité (HIMARS) et des équipements connexes pour un coût estimé à 524,2 millions de dollars au Maroc, selon un communiqué de l'Agence américaine de coopération en matière de sécurité et de défense. Elle précise en outre que le gouvernement a demandé l'achat de 18 lanceurs M142 High Mobility Artillery Rocket System (HIMARS), 40 M57 Army Tactical Missile Systems (ATACMS) et 36 M31A2 Guided Multiple Launch Rocket Systems (GMLRS) Unitary. La longue liste d'équipements comprend également 36 ogives alternatives GMLRS (Guided Multiple Launch Rocket Systems) M30A2, 9 véhicules à roues polyvalents à haute mobilité M1152A1 (HMMWV) et 18 systèmes internationaux de données tactiques d'artillerie de campagne (IFATDS).
La liste comprend également une multitude de systèmes radio, de véhicules tactiques et de ravitaillement et de systèmes GPS. La livraison comprend également des écrans de camouflage et des systèmes de support, du matériel de support, du matériel de communication, des pièces de rechange et de réparation, des ensembles de test et des ordinateurs portables, entre autres. Les raisons de l'armement Les raisons de ce ravitaillement, selon le rapport de l'Institut, demeurent toujours les mêmes, c'est que le différend sur le Sahara marocain a une influence majeure sur la hausse des dépenses militaires du Maroc et de l'Algérie. « Le différend territorial entre les deux pays, lié au Sahara, qui a souvent une influence majeure sur leurs politiques de dépenses militaires, s'est poursuivi en 2022 », admet le SIPRI dans son rapport.