La cheffe du Service Numérique Forensique et Imagerie de la DGSN, Layla Ezzouine, nous explique les tenants et aboutissants du lancement du système d'alerte « Tifli Moukhtafi » en partenariat avec la société META, en impliquant les usagers de Facebook et d'Instagram. - En partenariat avec META, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a lancé, le 7 mars, un nouveau système d'alerte et de recherche des enfants disparus, intitulé « Tifli Moukhtafi» , pour la recherche des enfants déclarés disparus dans des circonstances suspectes. Pouvez-vous nous expliquer les tenants et aboutissants de ce projet ? Et à quel point les réseaux sociaux détenus par META participeront-ils à trouver les enfants portés disparus ? - L'adoption du système « Tifli Moukhtafi », en partenariat avec la Société META, fait partie d'une stratégie globale et intégrée de la Direction Générale de la Sûreté Nationale visant le renforcement davantage des dispositifs et des mécanismes déjà mis en place par cette Direction Générale pour la protection des enfants disparus. C'est un dispositif mis en place en partenariat avec la société META, propriétaire des réseaux sociaux Facebook et Instagram qui sont parmi les plateformes les plus populaires au Maroc. Grâce à ce système « Tifli Moukhtafi », des alertes seront envoyées à tous les utilisateurs de Facebook et Instagram qui sont localisés sur un rayon de 160 km du lieu de la disparition de l'enfant. Ces alertes consignent des informations utiles sur l'enfant disparu, à savoir le nom, le prénom, les signalements, le descriptif des effets vestimentaires, et éventuellement la photographie de l'enfant disparu. L'objectif étant de permettre d'élargir le champ de recherche des enfants disparus, pour qu'on puisse localiser et retrouver ces enfants dans les plus brefs délais. - S'agissant de la mise en application, quelles sont les zones géographiques concernées prioritairement ? - Sur ce point, il importe de préciser que le système « Tifli Moukhtafi » peut être activé au niveau de tous les arrondissements de police relevant de toutes les villes du Royaume, sans aucune exception. L'activation de ces alertes est subordonnée impérativement à des conditions. Premièrement, la déclaration de la disparition de l'enfant doit être faite auprès des services de police par le père, la mère ou le tuteur légal, en manifestant expressément leur consentement de publier l'alerte sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram. Deuxièmement, la déclaration est faite dans les minutes et heures qui suivent la disparition. Et troisièmement, fournir des informations suffisantes sur l'enfant susceptibles d'aider les utilisateurs des réseaux sociaux Facebook et Instagram à reconnaître cet enfant disparu. - Concernant les fausses alertes, y a-t-il un dispositif bien défini pour les gérer ? - Ce point nous renvoie à la question précédente. En ce sens que le système « Tifli Moukhtafi » est activé par les services de police en collaboration avec la société META suite à une déclaration qui obéit à toutes les conditions que je viens de mentionner. - Dans le cas où des citoyens trouvent un enfant objet de l'alerte, comment peuvent-ils procéder ? - Les citoyens peuvent utilement apporter leur aide en avisant les services de police sur le numéro 19 au cas où ils rencontrent l'enfant objet de l'alerte ou détiennent des informations sur son compte. Portrait Layla Ezzouine, formatrice internationale en cybercriminalité « Une femme déterminée, passionnée par ce qu'elle fait et surtout fière d'exercer dans un domaine de pointe et d'apporter sa contribution au rayonnement de la DGSN, tant au niveau national qu'international ». C'est ainsi que le portrait de la Commissaire de police Layla Ezzouine est brossé par la Direction Générale de la Sûreté Nationale dans la revue de police N°33, parue en octobre 2019. Diplômée de l'Ecole des Sciences de l'Information (ESI), cycle normal et cycle supérieur, titulaire d'un master en rééducation des jeunes délinquants, décerné par la Faculté des Sciences de l'Education (FSE), et doctorante en management des technologies de l'Information et de la Communication à l'Institut National des Postes et Télécommunications (INPT), elle a intégré la DGSN en 2006. Layla Ezzouine est reconnue par l'Organisation Internationale de Police Criminelle "Interpol" comme formatrice internationale sur les techniques d'investigations en cybercriminalité. Elle jouit également du titre de formatrice agréée par le programme américain de lutte contre le terrorisme "ATA" dans le domaine des investigations cybernétiques. Elle est également membre du Groupe d'experts Interpol des chefs de lutte contre la cybercriminalité pour la Région MENA. Maîtrisant parfaitement le côté technique en alliant les qualités de grande pédagogue, l'experte de la DGSN a été sollicitée par le Conseil de l'Europe pour former des procureurs et des enquêteurs de plusieurs pays, notamment le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Jordanie et la Libye, lit-on dans le même document.