Le président des Iles Canaries, Angel Victor Torres, a été l'invité du Royaume pendant les deux derniers jours. Une visite d'une portée symbolique puisqu'elle intervient à la veille du premier anniversaire du soutien espagnol au plan d'autonomie pour le Sahara comme annoncé dans la lettre envoyée par Pedro Sanchez à SM le Roi le 18 mars 2022. Le président socialiste, qui a eu droit à un accueil de haut niveau, digne de l'excellence actuelle des relations entre Rabat et Madrid, n'est pas parti bredouille et commence, d'ores et déjà, à toucher les dividendes de la réconciliation maroco-espagnole. En plus des résultats satisfaisants de la coopération migratoire qui a fait chuter la migration clandestine de 60% au premier trimestre de 2023, il a obtenu des accords concrets : trois nouvelles lignes aériennes entre le Maroc et les îles Canaries avec la promesse de relancer la ligne maritime entre Tarfaya et Fuerteventura, fermée depuis 2008.
Des résultats qui laissent l'opposition canarienne sur sa faim du moment que ses membres ont les yeux rivés sur les frontières maritimes, l'un des grands sujets épineux en stand-by. Mais il n'en demeure pas moins que la visite de Torres n'est que le prélude d'un long parcours de négociations. Torres reste, néanmoins, convaincu que le débat sur la délimitation se fera dans « l'égalité », rejoignant ainsi la position de Rabat, qui, pour sa part, a voté une loi en 2020 pour étendre sa juridiction sur les eaux qui lui reviennent de droit. Un compromis avec l'Espagne demeure, de ce fait, nécessaire pour garantir un partage équitable. Or, les revendications espagnoles, telles que relayées par des médias ibériques, posent problème, vu que la task force nommée par Madrid réclame un plateau continental, dont la superficie est supérieure à ce que permet le droit international, ce qui risque de compliquer la donne. Quoi qu'il en soit, les deux parties semblent sereines et veulent capitaliser sur la nouvelle idylle entre Rabat et Madrid pour parvenir à un compromis.