Le Maroc vient de faire une demande d'emprunt de 5 milliards de dollars auprès du Fonds Monétaire International (FMI). Une action par laquelle le Royaume aspire alléger la pression sur le marché intérieur mais aussi consolider sa crédibilité auprès des organisations internationales. Quelques jours après sa sortie de la fameuse liste grise du GAFI et sa sortie réussie du Trésor sur le marché financier international, le Maroc est en quête d'un emprunt de 5 milliards de dollars auprès du Fonds Monétaire International (FMI). L'information a été affirmée, lundi, par l'Institution de Bretton Woods dans un communiqué, précisant que son Conseil d'administration s'est réuni, le même jour, en session informelle pour examiner la demande du Royaume relative à un accord biennal au titre de la ligne de crédit modulaire pour un montant de 3,7 262 milliards de DTS (environ 417 % de la quote-part du Maroc, soit 5 milliards de dollars). Si la ligne de crédit modulaire (LCM) est conçue par le FMI pour répondre à la demande de prêts pour la prévention et l'atténuation des crises, le Maroc compte mobiliser cet emprunt comme un dispositif de précaution pour faire face aux risques découlant de la conjoncture mondiale très incertaine. Du fait de la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc, condition sine qua non du FMI pour approuver les demandes d'appui financier émises par les pays, la directrice générale de l'institution, Kristalina Georgieva, a l'intention de recommander l'approbation d'un accord au titre de la ligne de crédit modulable en faveur du Royaume lorsque le Conseil d'administration du FMI se réunira de nouveau dans les prochaines semaines pour prendre une décision à ce sujet. La requête de Rabat est renforcée principalement par sa sortie réussie du Trésor qui lève 2,5 milliards de dollars sur le marché international, dans la mesure où il lui donne des ailes sur le plan des financements extérieurs. Un constat partagé par le Conseiller istiqlalien Lahcen Haddad qui a expliqué, dans une précédente interview à « L'Opinion », que cette action témoigne de sa « solvabilité aux yeux des organisations internationales mais également des clubs qui gèrent les dettes, qu'elles soient publiques ou privées ».
Vers l'amélioration des conditions de financement
«Le Maroc est dans une situation de gestion de l'endettement et cherche à améliorer ses capacités en la matière, notamment en ayant recours au financement à l'international. Il s'agit également d'éviter une crise de change dans une situation économique tendue pleine de risques», nous indique l'économiste Omar Bakkou. « Si on fait l'addition de la dette du Trésor et celle des établissements publics, on remarquera, effectivement, que le Maroc a dépassé de loin le taux de 60% de la dette publique», ce qui constitue un danger pour les équilibres macro-économiques, précise notre interlocuteur.
Ceci dit, Bakkou rappelle que la décision du Maroc de s'endetter à l'international permettra d'alléger la pression sur l'épargne et témoigne de la crédibilité de l'Etat marocain et de sa volonté de se conformer aux normes internationales en matière de fiscalité. La demande d'emprunt engagée par le Maroc auprès du FMI est d'une démarche essentielle dans le contexte actuel, « mais il ne faut pas qu'elle soit un prétexte pour retarder les réformes qui devront jouer le rôle de thérapies de choc », souligne Bakkou qui rappelle la nécessité de procéder à des réformes profondes au niveau des administrations publiques pour mesurer leurs dépenses et donc redresser la situation économique et sociale du pays.