Entre paysages somptueux, forêts à perte de vue et patrimoine culturel et artisanal remarquable, la région de Khénifra gagnerait à réaliser son plein potentiel touristique. Les paysages du Moyen Atlas sont enfin redevenus blancs après l'avènement d'un tant attendu épisode de chute de neige. Si la majorité des familles qui vivent dans les douars de montagne se retrouvent à nouveau en difficulté à cause du froid et de l'enclavement, la neige est également synonyme d'un afflux touristique local et régional. Dans le Moyen Atlas, la Province d'Ifrane s'accapare la grande majorité de ce tourisme hivernal, alors que d'autres régions - pourtant dotées d'atouts naturels et culturels remarquables - ne semblent pas profiter suffisamment de cette manne socioéconomique. «Le potentiel touristique de la région de Khénifra n'est pas encore exploité de sorte à impulser directement l'économie locale d'une manière optimale. Il est vrai que des sites comme Aguelmam Azegza ou les sources d'Oum Errabia accueillent beaucoup de touristes à majorité nationale, mais la richesse et le potentiel touristique réel de la région de Khénifra ne sont pas pleinement mis à profit», regrette Mhamed Khaffou, coordinateur de la licence professionnelle «Tourisme Durable et Conservation de la Nature» à l'Ecole Supérieure de Technologie de Khénifra.
Des sites d'exception Pourtant, une immersion dans la culture et la nature de la région de Khénifra peut rapidement démontrer une richesse parfois insoupçonnée. «La région de Khénifra dispose de beaucoup d'atouts, principalement ses ressources naturelles et paysagères, ainsi qu'un important patrimoine culturel et artisanal. La richesse naturelle et paysagère est présentée par de grandes forêts de cèdres de l'Atlas et de chênes verts, des parcours, des sources, des lacs, des rivières, des vallées et des sommets montagneux... Tous ces espaces abritent une richesse floristique et faunistique importante, offrant de ce fait un environnement très apprécié, notamment par les scientifiques et les amateurs du tourisme tourné vers la détente et la nature», énumère Khaffou. La région est également dépositaire d'un patrimoine culturel fort, dont l'une des articulations est constituée particulièrement de Moussems et de festivals qui participent au développement et à l'attrait de la région, ainsi qu'à la promotion des activités économiques et commerciales génératrices de revenus.
Un tourisme de passage
En dépit de ses richesses, la destination «Khénifra» reste très limitée par rapport à d'autres destinations équivalentes. Les connaisseurs de cette région notent qu'une grande part de la fréquentation touristique de Khénifra (et de sa région) se fait à travers un «tourisme de passage». Il reste difficile pour la région de concurrencer d'autres destinations classiques (Ifrane, Fès, Meknès...) alors qu'elle continue à souffrir d'un certain déficit en termes d'infrastructures routières, de structures d'hébergement, de gîtes d'étapes homologués, de guides de montagne agréés, sans oublier les agences de voyage spécialisées. La carte de l'offre touristique de la région de Khénifra est également souvent méconnue, surtout en l'absence d'outils de promotion et de commercialisation des produits du tourisme de nature et de structures d'accueil qui proposent un choix d'activités potentielles. D'ailleurs, un des indicateurs qui ne trompent pas est l'absence d'une délégation provinciale du Tourisme à Khénifra...
Les efforts pour promouvoir Khénifra «En prenant en considération des potentialités et des indices socioéconomiques, les décideurs ont choisi de se focaliser sur deux axes : le développement de l'écotourisme et l'économie de savoir. Pour l'écotourisme, les autorités locales ont fait des efforts louables pour arriver à un vrai décollage de la province. Dans ce sens, la priorité a été donnée au début au désenclavement de la province par l'ouverture et l'entretien du réseau routier pour permettre l'accès aux sites», assure pour sa part Hassan Belahcen, directeur du Parc National d'Ifrane. «Le deuxième chantier consiste en l'aménagement récréatif de plusieurs sites touristiques, notamment le site d'Aguelmam Azegza, les sources d'Oum Errabia et le site d'Arougou. Il y a eu également la mise en place d'un Comité provincial de développement économique (CPDE) rassemblant l'ensemble des acteurs de la province. Enfin, l'élaboration d'une étude sur les circuits écotouristiques par laquelle on a pu identifier trois grands circuits : circuit bleu, circuit de tolérance, circuit culturel», conclut la même source.
Omar ASSIF
Aires protégées : Le précieux et emblématique Parc National de Khénifra Le Parc National de Khénifra (PNK) est le plus récent des parcs nationaux du Maroc. Sa création en 2008 est venue répondre à l'importance économique et environnementale de la région du Moyen Atlas, ainsi qu'à l'urgence des menaces pesant sur ses ressources naturelles. Le Parc National de Khénifra a fait l'objet de reclassement dans la catégorie «parc national» conformément aux dispositions de la nouvelle loi 22.07 relative aux aires protégées. Son territoire se distingue par plusieurs caractéristiques, à savoir son rôle écologique et hydrologique fondamental pour une grande partie du pays. Le Parc National de Khénifra héberge une faune remarquable, ainsi que plusieurs écosystèmes représentatifs de la cédraie du Moyen Atlas Central, en particulier la zone biogéographique d'Ajdir, Kerrouchen, Itzer, Sidi M'Guild et Aghbalou Larbi. Couvrant une superficie de 84.204 hectares, le Parc National de Khénifra héberge 13 communes territoriales. 74% des terrains qui s'y trouvent appartiennent au domaine forestier.
L'info...Graphie 3 questions à Mhamed Khaffou « Le potentiel touristique de la région de Khénifra est concentré dans ses zones rurales » Coordinateur de la licence professionnelle «Tourisme Durable et Conservation de la nature» et enseignant-chercheur à l'Ecole Supérieure de Technologie de Khénifra, Mhamed Khaffou répond à nos questions. - Quel genre de tourisme est le mieux compatible avec les spécificités et les atouts de la région de Khénifra ? - La région de Khénifra a un très grand potentiel touristique à valoriser. Cela devrait idéalement se faire à travers un tourisme durable. C'est-à-dire une chaîne de valeur touristique qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux tout en répondant aux besoins des touristes, des professionnels, de l'environnement et des populations d'accueil. - Quelles sont les activités touristiques qui peuvent être développées dans cette région ? - Le potentiel touristique de la région de Khénifra est concentré dans ses zones rurales. Pour attirer de grands nombres de touristes, et en se basant sur les atouts de la région, les activités liées à nature sont à privilégier : les excursions, les randonnées pédestres et équestres, les circuits en VTT ou en motos, la pêche touristique, la chasse, la spéléologie, l'escalade et l'alpinisme, etc. Cela dit, pour maximiser l'impact socioéconomique, la promotion et l'encouragement des initiatives basées sur une offre d'hébergement chez l'habitant peuvent également se révéler très pertinents dans le contexte de la région. - Quelles sont les formations supérieures disponibles dans la région de Khénifra et susceptibles de pouvoir qualifier des profils dans le domaine du tourisme de nature ? - L'Ecole Supérieure de Technologie de Khénifra offre deux formations en relation avec les métiers de la nature. Il s'agit d'un DUT en Animation Nature et une Licence Professionnelle intitulée : Tourisme Durable et Conservation de la Nature. Parmi les objectifs de cette formation : répondre aux besoins du secteur du Tourisme dans la région en la matière de conception des produits écotouristiques et la création des services ou produits touristiques durables.