Actuellement, ils sont au nombre de 20.000 bâtiments menaçant ruine, recensés seulement au niveau de trois régions : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et Rabat-Salé-Kénitra, selon les données avancées par le ministère de tutelle. Le phénomène des habitats menaçant ruine (HMR) persiste encore malgré les efforts soutenus déployés en ce sens. Ainsi, « l'Etat a engagé des efforts considérables pour faire face aux constructions menaçant ruine », mais le ministère a reconnu « un régression » dans la mise en œuvre du programme, au regard « des résultats insuffisants obtenus jusqu'à présent, d'autant qu'il existe plusieurs contraintes qui entravent le processus », a affirmé mardi, à la Chambre des Conseillers, la ministre de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, Fatima Zahra Mansouri, représentée par le ministre de l'Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri.
Phénomène sans cesse grandissant
Selon la ministère de l'habitat, il semble très compliqué de stopper ce fléau rampant étant donné « son caractère récurrent ». Comme preuve, Sekkouri déclare que le département de tutelle avait recensé plus de 10.000 habitats insalubres seulement au niveau de la région de Tanger, dans le même sillage, près de 6.000 bâtiments de ce genre ont été enregistrés au niveau de la région de Rabat-Salé-Kénitra et 4.000 dans la région de Casablanca. La lutte contre ce phénomène se trouve confrontée à de nombreux obstacles et contraintes, a expliqué la ministre, faisant référence ainsi à l'absence de données exactes et claires sur ce problème, non sans pointer du doigt le manque d'expertise technique en la matière. On rappelle que l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine et la Réhabilitation des Bâtiments menaçant ruine (ANRUR) a été créée à l'origine en 2016, pour « observer, capitaliser, collecter et diffuser les données relatives aux bâtiments menaçant ruine et les quartiers en difficulté et réaliser les études spécifiques préalables au conventionnement ». Parmi ses attributions également, la réalisation des études et l'établissement des expertises nécessaires et d'assurance technique.
Or, dans le dernier rapport de la Cour des Comptes sur les « dispositifs et interventions de l'Etat en matière de lutte contre l'habitat insalubre » au titre des années 2019 et 2020, il est fait état de « l'absence d'adoption d'une démarche commune et agréée, entre les départements de l'Habitat et de l'Intérieur, pour l'identification des HMR». Cela pose un véritable problème qui expliquerait probablement la propagation de ce phénomène. Il en ressort que le traitement de ce genre de problème exige « un cadre global et une cohérence d'ensemble ».
Quant aux mesures envisagées à l'avenir, Sekkouri a annoncé qu' « une nouvelle stratégie à l'horizon 2026 verra le jour pour actualiser les données et mieux cibler les HMR afin de les réhabiliter». La stratégie en question concernera sept régions, notamment Casablanca-Settat, Rabat, Marrakech, Tanger, FèsMeknès et El-Ayoun El-Sakya El-Hamra. Les efforts déployés par l'Etat, poursuit Sekkouri, se sont traduits également par la signature de près de 78 accords avec les différentes institutions afférentes au secteur. Dans le même sillage, les mesures prises ont donné lieu à la réhabilitation de 16.000 habitats parmi les 41.000 recensés, soit 40% de ces constructions. Ces actions ont permis, en effet, l'amélioration des conditions de vie de près de 40.000 familles parmi les 76.000 concernées. Le coût de financement des accords conclus a atteint environ 7 MDH, subventionné à hauteur de 2 MDH par le Département, a-t-il précisé. Sekkouri a relevé également que « le revenu très limité des ménages occupant des habitats menaçant ruine, est un autre problème qui rend leur relogement difficile ».
Au sujet de la reconstruction, Sekkouri a souligné qu'une révision sera apportée à la procédure actuelle, qui se propose de mieux appréhender la « complexité » de la problématique et la multitude des intervenants, non sans mentionner les délais d'aboutissement des procédures qui « sont très longs et peuvent prendre jusqu'à six ans ». Sur ce point, le gouvernement, déclare-t-il, «prévoit de réduire le nombre des intervenants, de fixer les délais et de déconcentrer les décisions ».
Pour rappel, les HMR constituent un point noir pour nos villes, surtout dans les anciennes médinas, et ces bâtiments présentent un risque élevé d'effondrement, avec les dommages humains et matériels qui s'ensuivent.