La Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a dévoilé le bilan de 2022, il en ressort une baisse palpable des indicateurs de la criminalité dont les tendances électroniques se développent. Détails. Une nouvelle année, une nouvelle perspective. Le Directeur général de la Sûreté nationale, Abdellatif Hammouchi, a rassemblé ses hauts responsables pour faire le point sur la performance des appareils sécuritaires et le bilan de l'année qui est sur le point de s'écouler. Une façon de passer sous la loupe les premiers résultats de la nouvelle stratégie de la lutte contre la criminalité, dont l'ampleur s'est réduite en 2022. Selon les indicateurs de la DGSN, les crimes violents sont moins nombreux et plus réprimés. En témoigne le recul notable du nombre des affaires répressives enregistrées avec moins de 30,22%, pour un total de 820.274 affaires. Ceci a permis de repérer et de déférer 875.879 individus devant les différents parquets, alors que les statistiques de la criminalité violente n'ont pas dépassé le seuil de 6,59%. Un taux de répression jugé élevé En effet, quand on parle de taux de répression, on se réfère aux taux de résolution des crimes qui a atteint cette année, selon la même source, un niveau jugé "record" pour la sixième année consécutive. En effet, 94,43% du total des affaires soumises aux services policiers ont été résolues. Le taux est inférieur en ce qui concerne les crimes violents, dont 85,34% ont été élucidés. Si la police est parvenue à un tel résultat, c'est principalement grâce au développement des mécanismes d'enquête pénale, selon la DGSN qui explique que cette performance est due également à "la coordination fructueuse entre les services de la DGSN et de la DGST", et à "la dénonciation immédiate des crimes par les victimes et les témoins, ce qui a grandement contribué à la baisse des indicateurs des «crimes de l'ombre» et à la répression des personnes impliquées". Quid du crime électronique Durant cette année, il a été constaté une évolution de la nature même de la criminalité sachant que de nouvelles tendances s'imposent désormais. Nous ne sommes plus seulement dans les schémas de criminalité traditionnelle. D'autres types de contrefaçon et de crimes font leur apparition avec des modes opératoires différents. Ici, il est question du crime électronique dont les indicateurs font ressortir une tendance haussière des crimes de cyber-extorsion qui ont augmenté de 5% en 2022. 5.623 affaires ont été signalées en 2022 contre 5.366 l'année précédente, fait savoir la même source, soulignant 3.935 contenues criminels. À cet égard, les services spécialisés ont émis 752 mandats afin d'identifier les mis en cause, à l'issue des investigations, 1.617 personnes ont été interpellées et déférées devant la justice pour ces affaires, lit-on dans le rapport. Lorsqu'on parle des crimes commis sur le Net au Maroc, on parle souvent de crime de sextorsion qui en accapare une partie non négligeable. La DGSN en a recensé au cours de cette année 417 affaires, avec une baisse de 17 % par rapport à l'année précédente. Concernant le bilan des arrestations, 237 personnes impliquées dans ce genre de crime à l'encontre de 428 victimes, ont été interpellées, dont 77 étrangères. Comment traque-t-on les cybercriminels ! En effet, selon les données du Service de lutte contre les crimes liés aux nouvelles technologies, de nouvelles techniques d'extorsion et d'escroquerie prospèrent sur Internet ces dernières années. L'une des tendances les plus observées est les fausses convocations de police par lesquelles les hackers tentent de tendre un piège aux victimes pour les soumettre ensuite au chantage. Les services compétents reçoivent beaucoup de plaintes de ce genre. Il y a également le «phishing», c'est-à-dire un procédé par lequel le criminel extorque des données personnelles par le trucage de sites d'établissements privés (hôtels, magasins, sites de vente en ligne, etc.). "Il y a aussi le "skimming" ou l'usurpation des données des cartes de crédit d'autrui pour faire des achats sur Internet. Nous nous préparons au phénomène du "Jackpotting", bien qu'il ne soit pas entré au Maroc pour le moment. Il s'agit du fait de dévaliser un distributeur automatique à l'aide d'un hacker. Il est probable que ce genre de pratiques criminelles soit importé au Maroc de façon imminente. D'où la nécessité d'une approche de riposte préventive", nous a expliqué Salim Alami, Commissaire divisionnaire et Chef du Service susmentionné dans une interview précédente accordée à "L'Opinion". En effet, la police nationale est suffisamment armée pour faire face aux nouvelles formes de criminalité électronique. Elle est composée d'unités centrales et régionales, dont une cellule chargée des affaires liées à l'extorsion et la diffamation et une autre chargée de la veille active sur Internet. Au moment où la diffamation et les fake news pullulent sur les réseaux sociaux, les éléments renforcent le contrôle sur les écrans. Afin de déceler les infractions et débusquer les criminels, des mécanismes de coopération internationale permettent d'avoir un canal de communication avec les géants du web. "Il existe un système de requête directe avec des sociétés telles que Facebook et d'autres plateformes. Ce système, je le rappelle, permet un échange direct concernant les contenus douteux et susceptibles de constituer des crimes", a précisé le responsable, soulignant le rôle du Service numérique forensique et imagerie, dont un des rôles est de chercher et fournir les preuves numériques indispensables pour les enquêtes. Par ailleurs, la DGSN parie sur le développement de la Police scientifique, chantier sur lequel elle a d'ores et déjà commencé à travailler. « La Direction Générale de la Sûreté Nationale a continué d'investir dans le développement des structures et des mécanismes de la police scientifique et technique, ce qui lui a permis de contribuer à la consolidation du procès équitable en s'appuyant sur des preuves scientifiques, et d'atteindre des niveaux records dans le taux de la répression en aidant à élucider des crimes complexes, tout en apportant un grand soutien aux officiers et agents de police judiciaire au niveau du traitement des preuves sur les scènes de crime ou au cours des enquêtes criminelles », a indiqué le rapport sur ce point.
Terrorisme 20 personnes déférées devant la Justice
Il va sans dire que le crime électronique et l'exploitation malveillante d'Internet à des fins de propagande et d'endoctrinement sont étroitement liés au terrorisme. Sur ce volet, la Brigade Nationale de Police Judiciaire (BNPJ) a déféré 20 individus devant le parquet compétent, soit 23% en moins que l'année précédente, sans compter les cellules terroristes démantelées par le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ) relevant de la DGST. En 2022, il y a eu reprise complète des opérations de coopération sécuritaire internationale. La DGSN parle de 5.800 dossiers et demandes d'informations, soit une augmentation de 24% par rapport à 2021 et de plus de 40% en comparaison à 2020.