L'évolution prévue du taux de change du dirham par rapport au dollar américain et à l'euro en 2023 fait l'objet d'une récente étude réalisée par une entreprise chypriote de technologie financière. Le dirham marocain est la monnaie officielle du Maroc depuis 1960, remplaçant le franc français après l'indépendance du pays vis-à-vis de la France. Il est une monnaie fermée étant donné que la loi limite l'importation ou l'exportation des dirhams marocains hors de ses frontières. Il ne peut donc être acheté qu'au Maroc. Le dirham est géré par rapport au panier de devises de ses principaux partenaires commerciaux, qui a changé au fil du temps. Le panier contient actuellement l'euro et le dollar américain avec une pondération de 60% par rapport à l'euro et de 40% par rapport au dollar, ressort-il d'une récente étude de Capital.com, une entreprise de technologie financière, basée à Chypre, intitulée : « Moroccan dirham (MAD) forecast : Will the dirham continue to dip amid fallingforeign exchange reserves? ». En 2018, poursuit la même source, le Maroc a entamé une transition progressive d'un taux de change fixe vers un régime plus flexible en élargissant la bande dans laquelle la monnaie est autorisée à fluctuer de ± 0,3% à ± 2,5%. En mars 2020, la bande a été élargie à 5%. L'utilisation d'un panier de devises et d'une bande fixe signifie que lorsque l'euro ou le dollar s'apprécient fortement, le Maroc doit vendre ses réserves de devises étrangères pour maintenir le dirham dans la bande. Cela signifie, d'après les analystes de Capital.com, que la valeur de la monnaie est fortement influencée par la performance économique, et la politique monétaire de ses partenaires commerciaux. Le dirham stoppe une tendance baissière prolongée Ladite analyse fait remarquer, en outre, que le dirham est en baisse par rapport au dollar américain depuis mai 2021, alors qu'il s'échangeait autour de 8 dirhams pour un dollar. Elle ajoute que le taux de change USD/MAD a terminé 2021 autour de 9,25, il a grimpé à 9,74 fin février 2022 alors que le dollar s'appréciait à cause de la crise russo-ukrainienne. Ce qui fait que les gains du dollar se sont accélérés pour atteindre la barre des 10 en mai 2022 alors que la Réserve fédérale américaine (FED) a accéléré le rythme des hausses du taux d'intérêt. La même source note aussi que la paire USD/MAD a chuté à 9,83 début juin dernier, mais est repassée au-dessus de 10 en milieu du même mois, approchant 10,50 en juillet. La paire a atteint la barre des 11 fin septembre, s'échangeant autour de ce niveau jusqu'au 3 novembre. Dans le même ordre d'idée, Capital. com indique qu'avec le recul du dollar américain par rapport à ses plus hauts du mois de novembre dernier dans la perspective d'un ralentissement du rythme des hausses de taux d'intérêt, la paire USD/MAD a reculé vers le niveau de 10,50 pour la première fois depuis août 2022. Par ailleurs, la devise nationale a beaucoup fluctué face à l'euro au cours de l'année écoulée, passant d'environ 10,40 fin novembre 2021 à 10,90 en mars 2022, à 10,22 en juillet puis à 11,13 le 23 novembre, son plus haut niveau depuis avril 2020. Capital.com rappelle, d'autre part, que Fitch Solutions, dans une note datée de septembre 2022, a souligné qu'un dirham marocain plus faible pourrait continuer à augmenter le coût des importations, maintenant le taux d'inflation du pays à 3,7% l'année prochaine, ce qui serait le deuxième taux d'inflation le plus élevé depuis 2008 – le deuxième après 2022 – et bien au-dessus de la moyenne sur 10 ans pré-Covid-19 de 1,1%. Prévision USD/MAD Côté prévisions, poursuit la même source, les analystes de Fitch Solutions s'attendaient à ce que la force du dollar américain pèse davantage sur le dirham marocain, ce qui les a incités à réviser à la baisse leur prévision de fin d'année de 10,50 MAD/USD à 11,15 MAD/USD. « Notre révision implique que le dirham sera en moyenne de 10,21 MAD/USD en 2022, plus faible que notre précédente prévision de 10,00 MAD/USD. Notre nouvelle prévision reflète une dépréciation de 13,4% par rapport à 2021, la plus forte dépréciation depuis au moins les années 1990 », ont-ils déclaré. Et d'ajouter : «Un dirham plus faible pendant plus longtemps maintiendra l'inflation élevée en 2023. Nous prévoyons que le dirham atteindra en moyenne 10,48 MAD/USD en 2023, marquant une dépréciation de 2,5% en glissement annuel en raison d'un billet vert fort». Prévision EUR/MAD Par ailleurs, les prévisions de l'euro par rapport au dirham marocain, réalisées par la plateforme spécialisée « Trading Economics », au 13 décembre, indiquaient que le MAD pourrait rester relativement stable par rapport à l'euro au cours de l'année prochaine, s'échangeant à 11,0651 d'ici la fin de ce trimestre et à 10,9325 dans un an. Les prévisions EUR/MAD de Wallet Investor indiquent, de son côté, que le dirham pourrait prendre de la valeur par rapport à l'euro l'année prochaine, la paire s'échangeant à 10,711 fin 2023, relève-t-on de même source. Le Maroc pourrait solliciter le soutien du FMI Dans cette étude, les analystes de Capital.com rappellent que l'agence de notation internationale Fitch Solutions s'attend à ce que le Maroc recherche un financement auprès du FMI, car ses réserves de change sont tombées en dessous de cinq mois de couverture des importations pour la première fois en neuf ans. «Les réserves de change ont chuté de 13,1% depuis le début de 2022 alors que le Royaume continuait de faire face aux conséquences de l'invasion russe de l'Ukraine. La flambée du dollar a annulé une grande partie de l'accumulation de réserves de change que le Maroc a connue pendant la pandémie, Bank-Al Maghrib devant soutenir sa devise gérée. Une facture d'importation plus élevée a également exercé une pression croissante sur les réserves de change du Maroc. Les réserves de change subiraient davantage de pression tout au long du premier semestre 2023, le dollar américain et les prix des matières premières restant élevés », expliquait Fitch Solutions, rapporte Capital.com. «Cela entraînera une diminution de la couverture des importations du Maroc de 7,3 mois en 2021 à 4,9 mois en 2022 et 4,8 mois en 2023, le niveau le plus bas depuis 2012 », a déclaré l'agence de notation internationale. « Nous pensons que le Maroc sollicitera le soutien du FMI en raison de la détérioration de sa position extérieure. La baisse des réserves s'est ajoutée à une aversion accrue pour le risque à l'égard des marchés émergents, ce qui a entraîné une ambée des swaps sur défaillance de crédit du Maroc à des niveaux jamais vus depuis 2008. Nous pensons que cela poussera le Maroc à solliciter le soutien du FMI afin d'émettre de la dette internationale et de renforcer ses réserves de change », a ajouté Fitch. A. CHANNAJE Le dirham gagne du terrain face au dollar
Le dirham s'est apprécié de 1,09% face au dollar américain et s'est déprécié de 0,42% vis-à-vis de l'euro, durant la période allant du 08 au 14 décembre 2022, selon Bank Al-Maghrib (BAM). Au cours de cette période, aucune opération d'adjudication n'a été réalisée sur le marché des changes, indique BAM dans son récent bulletin hebdomadaire. Au 9 décembre 2022, les avoirs officiels de réserve se sont établis à 330,4 milliards de dirhams (MMDH), en baisse de 4,2% d'une semaine à l'autre, suite principalement au remboursement de la dette du Trésor, fait savoir la Banque centrale. Au cours de la même période, l'encours global des interventions de BAM ressort à 99,6 MMDH, dont 52 MMDH sous forme d'avances à 7 jours sur appel d'offres, 22,1 MMDH d'encours de pensions livrées à long terme et 25,5 MMDH de prêts garantis à long terme. Sur le marché interbancaire, le volume quotidien moyen des échanges s'est établi à 5 MMDH et le taux interbancaire s'est situé au cours de cette période à 2% en moyenne. Lors de l'appel d'offres du 14 décembre (date de valeur le 15 décembre), la Banque a injecté un montant de 57,9 MMDH sous forme d'avances à 7 jours.