Le geste, particulièrement obscène perpétré par le gardien de but argentin en mondovision, lors de la cérémonie de remise des trophées de la finale de la Coupe du Monde du Qatar, est venu rappeler que ce Mondial, le premier dans l'Histoire de la compétition à se dérouler en terre arabo-musulmane, fut le théâtre d'un jeu de miroirs identitaires d'une ampleur sans commune mesure avec ceux qui l'ont précédé. Avant même le début de la compétition, des voix principalement occidentales ont voulu et tenté de focaliser l'attention non pas sur les valeurs du sport, mais sur le débat hors contexte des droits des LGBT. Un débat pourtant quasiabsent lors du Mondial organisé quatre années auparavant en Russie où ces mêmes droits sont constamment et allégrement bafoués. En toile de fond se profilait donc une volonté manifeste d'embarrasser le pays hôte du Mondial 2022 et à travers lui l'ensemble du monde arabo-musulman où ce genre de débats est éludé, avant tout par pudeur. Imaginons maintenant ce qu'aurait été cette cérémonie de remise des trophées si le Maroc ou du moins son portier, Bono, en avait été le récipiendaire en lieu et place du troll argentin. Les valeurs qu'aurait cherché à véhiculer ce valeureux garçon, qui a fait montre tout au long du Mondial d'une conduite aussi noble qu'irréprochable, auraient été incontestablement celles chevaleresques du sport, de l'attachement à la famille, à la bonne éducation et aux bonnes moeurs. En somme, ces mêmes valeurs communément portées par l'ensemble de l'équipe nationale marocaine sous le mot d'ordre ingénieux et fédérateur de Niya scandé avant, pendant et après la compétition par l'entraîneur Oualid Regragui. Difficilement explicable aux non-initiés, Niya est en quelque sorte notre mantra, notre bonne foi, notre «Hakuna Matata» et notre «Yes we can» à la fois. Il s'agit d'un concept large qui cristallise à lui seul tout un système de valeurs humaines inextricables car imbriquées les unes dans les autres. La Niya n'en demeure pas moins illustrable à travers, notamment, la quiétude et la confiance totale de Regragui en ses poulains lorsqu'ils le propulsaient dangereusement dans les airs à chaque fin de match remporté par les Lions de l'Atlas. De même qu'elle a été joliment illustrée par les interactions des joueurs marocains avec leurs familles et leurs parents dans une mise en avant spontanée du principe très arabe et très marocain de «Rdate Lwalidine», qui relève également de la Niya. Notre bonne vieille Niya a enfin été illustrée par les sacrifices énormes consentis par des joueurs comme Saïss, Aguerd ou Mezraoui qui, malgré leurs blessures graves, ont bravé souffrances et douleurs dans une volonté surhumaine de défendre leurs couleurs, mais aussi leurs valeurs. Dommage que la FIFA n'ait pas prévu des trophées récompensant la meilleure éducation, les meilleures valeurs et la plus grande Niya affichées par les équipes participantes. Nous en aurions été les incontestables vainqueurs. Majd EL ATOUABI