Lors de cette Coupe du Monde, ce sont environ 12.000 sièges qui ont été mobilisés par RAM dans le cadre de vols spéciaux pour transporter les supporters des Lions de l'Atlas vers le Qatar. Un dispositif historique, qui a ses mérites et aussi ses limites. Dans la soirée du mardi 13 au mercredi 14 décembre, plusieurs centaines de supporters marocains se sont retrouvés bloqués à Casablanca en raison de l'annulation de sept vols qui devaient les acheminer vers Doha pour encourager les Lions de l'Atlas dans leur match historique des demi-finales face à la France. Dans la capitale qatarie, d'autres Marocains qui comptaient prendre les mêmes vols dans le sens inverse pour retourner chez eux, se retrouvent également pris au piège de cette annulation de vols, sans pouvoir pour autant profiter de cette prolongation forcée de séjour à Doha pour entrer au stade d'Al Bayt et encourager leur équipe. Au total, on parle d'environ 20.000 Marocains dépourvus de tickets pour le match qui se retrouvent coincés au Qatar et obligés de se contenter des Fan Zone pour encourager les Lions. Ce qui suscite une vague de contestation et de colère orientée principalement vers la Compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM), mais également envers la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF). En l'espace d'une nuit donc, tous les efforts consentis par ces deux instances pour permettre aux fans marocains d'encourager leur équipe, passent dans la trappe de l'oubli en raison de ce couac monumental qui vient s'ajouter à ceux constatés dès la phase des huitièmes de finale avec les difficultés monumentales éprouvées par les supporters marocains pour obtenir les milliers de billets d'avion subventionnés mis en vente à travers le réseau des agences de la RAM, ainsi que par le biais de la vente en ligne. Au milieu du fatras d'informations contradictoires, de rumeurs et de fake-news concernant les raisons de ce faux-pas organisationnel que d'aucuns mettent à l'actif des autorités qataries qui auraient demandé à leurs homologues marocaines de stopper les flux excessifs et désormais incontrôlables de supporters marocains dépourvus de tickets, nous avons essayé de joindre l'encadrement de la RAM dont le communiqué annonciateur de l'annulation des sept vols diffusé à 3 heures du matin n'apporte aucun élément de réponse concernant cette annulation. En vain ! Selon nos sources, tout au long de la matinée du mercredi et jusqu'au début de l'après-midi, c'était réunion de crise au sommet dans le siège de la RAM à Hay Hassani en vue de dresser le bilan de l'opération et de préparer un début de réponse concernant les raisons de la crise du mardi soir. Pour autant, ces problèmes organisationnels qui s'expliquent certainement par la grandeur de l'événement, la ferveur qui l'accompagne et sans doute aussi la précipitation qu'il a imposée aux organisateurs, doivent-ils occulter les défis et challenges auxquels il a donné lieu, ainsi que les résultats obtenus ? Retour sur les dessous d'une opération d'envergure toujours en cours à l'écriture de ces lignes. Dispositif historique ! Depuis le début de la Coupe du Monde, le trafic aérien au Qatar a plus que doublé, créant une pression inédite sur les terminaux du pays. En seulement deux semaines, plus de 12.900 vols ont été opérés à destination et en provenance de Doha, selon les dernières données de l'Autorité de l'aviation civile du Qatar (QCAA). Dans ce chiffre, la Royal Air Maroc (RAM) s'accapare une cinquantaine de vols depuis le début de la compétition, soit la plus grande offre de l'Histoire de la compagnie aérienne qui a mobilisé de gros porteurs capables de transporter entre 280 et 340 passagers. Une dizaine de vols lors de la phase de poule, 7 ont été programmés lors du quart de finale et 30 prévus pour la demi-finale, dont 23 ont d'ores et déjà été opérés... Aussi bien du côté de l'Office national des aéroports (ONDA) que de RAM, on affirme qu'il est « très tôt » pour le moment pour donner un chiffre exact du nombre de supporters marocains qui se sont déplacés pour aller soutenir les Lions de l'Atlas au Qatar, mais en moyenne, quelque 12.000 supporters ont pu bénéficier des vols spéciaux, sans compter ceux qui ont fait le déplacement à Doha avant le lancement du dispositif, ainsi que via d'autres compagnies et d'autres routes aériennes. Ticket d'entrée... source de la discorde C'est dire que pour la compagnie nationale, le dé logistique, technique et humain était de taille. D'autant que la gestion des flux est partagée entre les autorités marocaines et qataries. Une flotte renforcée, des dizaines d'avions affrétés, des équipages renfloués et des équipes au sol dédoublées, le tout à des prix sacrifiés. Voilà entre autre efforts consentis, les défis organisationnels auxquels la compagnie nationale devait faire face dans une période de grande ferveur et des délais relativement serrés. C'est dire le niveau d'engagement quasiment sportif qu'il a fallu déployer. Ainsi, selon les responsables de RAM, du moment que les annulations étaient forcées, la compagnie aérienne ne peut que rembourser les billets d'avion aux passagers, tout en présentant ses excuses. Ceci dit, notre correspondant à Doha nous rapporte que les «happy few» en possession de tickets du match n'ont rencontré aucun problème, mais des milliers de supporters étaient à la quête désespérée des tickets, dont les prix oscillent entre 3000 et 3500 dollars (soit plus de 35.000 dirhams). 6 heures avant le match, le site officiel de la FIFA a mis en ligne 500 billets, vendus en moins d'une minute, a constaté notre journaliste à Doha. Toutefois, les Lions de l'Atlas n'ont pas été privés de leur 12ème joueur, puisqu'à l'instar des matchs précédents, des milliers de Marocains ont répondu présent... merci qui ? Abdellah MOUTAWAKIL L'info...Graphie Demi-Finale La France apeurée par les supporters marocains ?
Selon certaines indiscrétions, l'afflux des supporters marocains pour la demi- finale face à la France a suscité une certaine peur du côté de l'Hexagone, à tel point que certains canaux diplomatiques ont été activés pour alerter sur le fait que le « Maroc risque de jouer à domicile face à la France ». Ce qui expliquerait certaines restrictions de dernière minute prises par les autorités qataries, ayant conduit à l'annulation de 7 des 30 vols prévus entre mardi et mercredi dernier à destination du Qatar, comme initialement prévu par la compagnie nationale, Royal Air Maroc. Il est à rappeler que ce pont aérien historique a été mis en place en partenariat avec le ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports et la Fédération royale marocaine de football (FRMF). «De par notre mission de service public et dans le but de faire rayonner le Maroc et soutenir notre équipe nationale, Royal Air Maroc ne lésinera pas en moyens techniques et humains. Nous sommes tous derrière les Lions de l'Atlas», déclare Abdelhamid Addou, président directeur général de la RAM.
Gestion des flux Les agences de voyages proposent leur aide
Les opérateurs des agences de voyages regrettent « de n'avoir pas pu avoir suffisamment de marge de manoeuvre pour fluidifier les opérations de réservations de billets ». Selon des sources auxquelles nous nous sommes adressées, « il était presque impossible de réserver des billets depuis les agences. Je crains que certains vols ne soient partis avec des sièges vides malgré la demande exceptionnelle de supporters ». En plus, l'annulation des 7 derniers vols prévus lors de la journée du mercredi 14 décembre, a certainement causé quelques perturbations sur le planning initial. Mais sur ce point, RAM indique que ces annulations ont été forcées «suite aux dernières restrictions imposées par les autorités qataries ». A l'heure où nous mettions sous presse, le match Maroc-France n'avait pas encore livré ses résultats, mais, pour la suite de la compétition ( finale ou match de troisième place), de nouvelles opérations vols spéciaux pourraient être prévues. Les voyagistes appellent à ce qu'ils aient une plus grande possibilité de faciliter les réservations et l'achat des billets. « Cela permettra d'écouler facilement le stock de billets mis à disposition, sans mettre la pression sur les agences de la RAM », indique Mohamed Said Tahiri, opérateur touristique. Enfin, la disponibilité des billets une fois au Qatar est une autre paire de manche.
« Pas mal d'agences ont pu vendre des packages intéressants pour ce Mondial »
Les agences de voyages marocaines n'avaient pas anticipé un parcours aussi surprenant des Lions de l'Atlas. La plupart d'entre elles ont fait des offres intéressantes, mais pas au-delà des matchs de poules. Malgré tout, certaines ont pu tirer leur épingle du jeu, selon Mohamed Saïd Tahiri, expert touristique.
- Comment jugez-vous la mobilisation exceptionnelle pour le transport des supporters marocains pour le Mondial ? - C'est effectivement une mobilisation exceptionnelle qui a accompagné les performances historiques de notre équipe nationale. Le tarif de 5.000 DH proposé par la RAM pour le billet d'avion est franchement quelque chose d'imbattable. C'est bien en deçà du prix habituel. Et comme vous l'avez remarqué, les Marocains se sont fortement mobilisés pour acheter des billets et aller assister aux matchs. Je regrette, pour ma part, une certaine désorganisation observée dans les agences. On sentait que l'engouement était tel qu'il était difficile de satisfaire tout le monde. - Comment améliorer ce genre d'opérations de vols spéciaux lors des prochaines occasions ? - Le mieux est de permettre aux agences de voyage de pouvoir facilement opérer ces émissions de billets afin de fluidifier ce type d'opération. Nous avons constaté que les agences n'avaient accès qu'à très peu de billets. Il est vrai que les performances de nos braves Lions ont surpris presque tout le monde. Mais je pense que nous devons mettre en place un système rodé entre les compagnies et les agences afin d'anticiper ce genre d'opérations. - Est-ce que les agences de voyage marocaines ont pu tirer leur épingle du jeu ? - Pas mal d'agences ont pu vendre des packages intéressants pour ce Mondial. Les offres allaient de 23.000 à 50.000 DH le pack, comprenant le transport, l'hébergement, etc. Mais, le problème est qu'elles avaient pratiquement toutes misé uniquement sur les trois premiers matchs de l'équipe du Maroc. Beaucoup ne croyaient pas que l'Equipe nationale allait dépasser la phase de poule ou les 8ème de finale. Donc, la difficulté s'est posée après l'entame de la deuxième phase du Mondial, avec des prix qui se sont davantage renchéris. Recueillis par A. M.