Dernièrement se sont déroulées les élections professionnelles où ont été élus les représentants des opérateurs économiques opérant dans les secteurs des services, du commerce et de l'industrie, et également de l'agriculture et de l'artisanat, et ce, dans les différentes Chambres à travers tout le pays. Les premières réunions avec les représentants du tissu économique profond du pays ont démontré que l'ensemble des opérateurs économiques se plaignent avant toute chose de la relation banque – client. En effet, la quasi-totalité des opérateurs économiques considèrent que certaines banques ont atteint un niveau d' « arrogance » inacceptable qui va du mauvais accueil de la clientèle jusqu'à la lenteur du traitement des dossiers, voire des fois à l'indifférence totale sinon un manque d'égard vis-à-vis des concitoyens. En matière de crédit, la nouvelle gymnastique bancaire consiste à ne plus donner de réponse à la demande de la clientèle et certaines banques, particulièrement les étrangères au Maroc, considèrent même qu'elles ont le libre choix de travailler avec qui elles veulent, en oubliant au passage que des autorisations de notre pays souverain leur ont été octroyées pour leur permettre de gagner de l'argent mais également d'accompagner l'économie en général et de contribuer équitablement au développement de notre pays. En un mot, ces banques ont des droits mais ont également des devoirs à respecter. Ces banques doivent donc se soumettre aux règles et aux exigences de la politique générale du Maroc, et non mépriser les règles élémentaires du secteur. Ces dernières semaines, le ministère de l'Intérieur a dû intervenir en force pour obliger les banques à respecter les règles de sécurité en vigueur dans notre système bancaire national. Les autorités sont même allées au point de fermer des agences bancaires (la Société Générale notamment) pour les faire plier et respecter les lois et les règles de notre pays. En France, dernièrement, les mauvais agissements des banques ont amené le président Sarkozy à taper très fort sur la table pour obliger les banques à redistribuer l'argent du contribuable et non à enrichir inexorablement les dirigeants des banques par le système de bonus (primes). Ainsi, plus d'un milliard d'euros sur les cinq milliards d'euros de subventions accordées par l'Etat va directement dans les poches d'une poignée de cadres bancaires !!!! Au Maroc, certains politiques, compte tenu du mauvais climat existant entre les banques et une majorité de petites et moyennes entreprises, ont décidé de tirer la sonnette d'alarme et d'instaurer lors de la prochaine rentrée parlementaire des règles régissant les relations banque-client, et ce, principalement en matière de crédit, à l'instar de ce qui a été fait déjà dans plusieurs pays développés. Parmi ces mesures, les banques devront répondre à la demande de leur client dans un délai raisonnable et tout refus devra être argumenté. La désignation d'un médiateur sera instaurée à l'issue de cette nouvelle loi qui sera proposée au début de la rentrée parlementaire. D'ici là, plusieurs réunions sont programmées au niveau des Chambres de Commerce et d'Industrie pour la rédaction de la mouture définitive de cette proposition de loi, qui sera une première dans un pays en voie de développement et qui rééquilibrera les relations banque-clientèle. --------------- Youssef Tazi : Elu de la Chambre de Commerce de Rabat Parlementaire de la capitale Membre de la Commission de la Justice et ancien membre de la Commission Economique de la Chambre des Conseillers