Dans son rapport publié ce mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a de nouveau abaissé ses prévisions pour l'économie mondiale en prévoyant une conjoncture « sombre et incertaine » et un ralentissement significatif des grandes économies. Le FMI indique que « plusieurs chocs ont frappé une économie mondiale déjà fragilisée par la pandémie : une inflation plus élevée que prévu dans le monde – en particulier aux Etats-Unis et dans les grandes économies européennes – déclenchant des conditions financières plus strictes, un ralentissement pire que prévu en Chine, reflétant les flambées de COVID-19 et les restrictions, et d'autres retombées négatives de la guerre en Ukraine ». Alors que la hausse des prix continue de peser sur le niveau de vie dans le monde entier, pour le FMI, la maîtrise de l'inflation devrait être "la première priorité" des décideurs politiques. « De nombreux risques » évoqués par le FMI dans ses dernières prévisions, en avril, « ont commencé à se concrétiser », alerte-t-il. « Un scénario alternatif plausible, dans lequel les risques se matérialisent, l'inflation augmente encore et la croissance mondiale diminue à environ 2,6% et 2,0% en 2022 et 2023 respectivement, placerait la croissance dans les 10% inférieurs des résultats depuis 1970 » ajoute la même source. La FMI note que « l'inflation mondiale a été révisée à la hausse en raison des prix des denrées alimentaires et de l'énergie ainsi que des déséquilibres persistants entre l'offre et la demande », relevant que l'inflation se situe à 6,6% dans les économies avancées et 9,5% dans les économies émergentes et en développement cette année, soit des révisions à la hausse de 0,9 et 0,8%, respectivement. Les économistes de l'institution basée à Washington anticipent ainsi un ralentissement de la croissance de 6,1% l'an dernier à 3,2 % en 2022 et 2,9% en 2023, soit respectivement 0,4% et 0,7% de moins que dans leurs prévisions du printemps. Des ralentissements en Chine et en Russie ont impactés la production mondiale qui s'est contractée au deuxième trimestre de cette année, tandis que les dépenses de consommation américaines ont été inférieures aux attentes. Risques mondiaux Selon le tableau peint par l'institution de Bretton Woods, la situation conflictuelle en Ukraine pourrait conduire à un arrêt brutal des importations européennes de gaz depuis la Russie ; l'inflation pourrait être plus difficile à réduire que prévu, soit si les marchés du travail sont plus tendus que prévu, soit si les anticipations d'inflation ne sont pas ancrées. « En 2023, la politique monétaire désinflationniste devrait peser, la production mondiale augmentant de seulement 2,9% », note encore l'institution financière internationale, estimant que les risques qui pèsent sur les perspectives sont « massivement orientés à la baisse ». La FMI recommande un soutien budgétaire ciblé afin d'amortir l'impact sur les plus vulnérables, tout en prévenant qu'une « politique monétaire plus stricte aura inévitablement des coûts économiques réels, mais tout retard ne fera que les exacerber ». Par ailleurs, l'institution financière fait remarquer que les perspectives pour les pays du Moyen-Orient, d'Asie centrale et d'Afrique subsaharienne demeurent en moyenne inchangées ou positives, reflétant ainsi les effets des prix élevés des combustibles fossiles et des métaux pour certains pays exportateurs de matières premières.