Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé, mardi, ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale cette année et l'an prochain, évoquant une conjoncture "sombre et incertaine" compte tenu de plusieurs "chocs" qui accentuent les effets de la pandémie. "Plusieurs chocs ont frappé une économie mondiale déjà fragilisée par la pandémie: une inflation plus élevée que prévu dans le monde – en particulier aux Etats-Unis et dans les grandes économies européennes – déclenchant des conditions financières plus strictes, un ralentissement pire que prévu en Chine, reflétant les flambées de COVID-19 et les restrictions, et d'autres retombées négatives de la guerre en Ukraine", a indiqué le FMI dans sa mise à jour. Les économistes de l'institution financière internationale anticipent ainsi un ralentissement de la croissance de 6,1% l'an dernier à 3,2 % en 2022 et 2,9% en 2023, soit respectivement 0,4% et 0,7% de moins que dans leurs prévisions du printemps. "Une reprise timide en 2021 a été suivie d'évolutions de plus en plus sombres en 2022 à mesure que les risques commençaient à se matérialiser", rappelle-t-on. La production mondiale s'est ainsi contractée au deuxième trimestre de cette année, en raison des ralentissements en Chine et en Russie, tandis que les dépenses de consommation américaines ont été inférieures aux attentes. "L'inflation mondiale a été révisée à la hausse en raison des prix des denrées alimentaires et de l'énergie ainsi que des déséquilibres persistants entre l'offre et la demande", note le FMI, relevant que l'inflation se situe à 6,6% dans les économies avancées et 9,5% dans les économies émergentes et en développement cette année, soit des révisions à la hausse de 0,9 et 0,8%, respectivement. → Lire aussi : Egalité des genres: le FMI décline sa nouvelle stratégie "En 2023, la politique monétaire désinflationniste devrait peser, la production mondiale augmentant de seulement 2,9%", note encore l'institution basée à Washington, estimant que les risques qui pèsent sur les perspectives sont "massivement orientés à la baisse". Selon le tableau peint par l'institution de Bretton Woods, la guerre en Ukraine pourrait conduire à un arrêt brutal des importations européennes de gaz depuis la Russie; l'inflation pourrait être plus difficile à réduire que prévu, soit si les marchés du travail sont plus tendus que prévu, soit si les anticipations d'inflation ne sont pas ancrées. Elle a en outre relevé que "des conditions financières mondiales plus strictes pourraient entraîner un surendettement dans les pays émergents et les pays en développement, alors que de nouvelles épidémies et fermetures de COVID-19 ainsi qu'une nouvelle escalade de la crise du secteur immobilier pourraient encore freiner la croissance chinoise; et la fragmentation géopolitique pourrait entraver le commerce et la coopération mondiaux". "Un scénario alternatif plausible, dans lequel les risques se matérialisent, l'inflation augmente encore et la croissance mondiale diminue à environ 2,6% et 2,0% en 2022 et 2023 respectivement, placerait la croissance dans les 10% inférieurs des résultats depuis 1970", ajoute-t-on de même source. Pour le FMI, alors que la hausse des prix continue de peser sur le niveau de vie dans le monde entier, la maîtrise de l'inflation devrait être "la première priorité" des décideurs politiques. "Une politique monétaire plus stricte aura inévitablement des coûts économiques réels, mais tout retard ne fera que les exacerber", prévient-on, en recommandant un soutien budgétaire ciblé peut aider à amortir l'impact sur les plus vulnérables. "Avec les budgets publics tendus par la pandémie et la nécessité d'une politique macroéconomique globale désinflationniste, ces politiques devront être compensées par une augmentation des impôts ou une baisse des dépenses publiques", nuance le Fonds monétaire international qui juge toutefois "d'autant plus nécessaires les réformes des cadres de résolution de la dette". Par ailleurs, l'institution financière fait remarquer que les perspectives pour les pays du Moyen-Orient, d'Asie centrale et d'Afrique subsaharienne demeurent en moyenne inchangées ou positives, reflétant ainsi les effets des prix élevés des combustibles fossiles et des métaux pour certains pays exportateurs de matières premières.