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Guerre en Ukraine : quels impacts pour le fret maritime ?
Publié dans L'opinion le 17 - 03 - 2022

Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avec son corollaire de boycotts et de sanctions, risque de créer de réelles perturbations sur le fret maritime. Un fret maritime qui vit une flambée sans précédent depuis des mois. Mais pour le Maroc, rien à signaler pour le moment.
A peine essaie-t-il de se ressaisir du choc du Covid qu'il se voit confronté à une autre vague : le fret maritime est encore une fois menacé de perturbations par la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Chez les professionnels et acteurs de l'univers maritime, mais également chez les exportateurs, on ne dort plus qu'avec un seul oeil. Et pour cause, la crise ukrainienne risque de renchérir les tarifs du fret maritime.
« Pour l'heure, on ne constate pas encore de gros changements, mais nous observons la situation de près », fait-on savoir auprès des commissionnaires de transport maritime, communément appelés en anglais Freight Forwarders. Toutefois, pour les exportateurs marocains, on signale qu'au minimum trois chargements sont actuellement bloqués au très stratégique et très sollicité port allemand de Hambourg. « Il s'agit de cargaisons qui étaient à destination de Saint-Pétersbourg en Russie.
Avec le boycott des ports russes par les armateurs internationaux, ces chargements attendent à Hambourg, le temps d'être redirigés vers d'autres destinations », nous confie un professionnel du transport maritime qui a requis l'anonymat. Ces cargaisons sont constituées d'agrumes et autres fruits, traditionnellement exportés en masse vers le marché russe.
80% des exportations réalisées
Auprès de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, on est en train de faire le point sur l'impact réel de la guerre sur les exportations marocaines, mais les responsables rassurent : plus de 80% des exportations ont déjà été effectuées avant le déclenchement de l'offensive russe sur l'Ukraine.
Malgré les risques sécuritaires en Mer Noire, les professionnels marocains du transport tiennent à rassurer : « En réalité, la grande majorité des exportations marocaines vers la Russie passent par le Port de Saint-Pétersbourg, c'est-à-dire par le Nord-Ouest de ce vaste pays. Donc, l'impact de la situation en Mer Noire est plutôt minime », précise le professeur Najib Cherfaoui. « Concernant les importations de blé, là aussi, les flux depuis la Mer Noire sont davantage à destination des pays du Proche-Orient », poursuit l'expert maritime.
Blé : diversification des marchés
Il est à rappeler que le Maroc avait déjà entrepris une politique de diversification de ses sources d'importation de blé. D'ailleurs, dès l'éclatement du conflit entre Kiev et Moscou, le gouvernement marocain avait tenu à rassurer : « Il n'y aura aucun impact sur l'approvisionnement du Royaume en produits dont il pourrait avoir besoin », déclarait Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement. « L'importation potentielle de blé tendre d'Ukraine a été fixée à 8,7 millions de quintaux (qx), dont 5,6 millions qx ont déjà été importés, alors que la quantité restante (trois millions qx) peut être importée de n'importe quelle autre région », précise Mustapha Baitas.
En plus, la quantité potentielle d'orge importée de Russie a été fixée à 0,6 million qx, dont 0,5 million qx ont été acquis. Par ailleurs, il faut noter que pour ce qui est des importations de blé tendre et d'orge, la Russie et l'Ukraine sont respectivement les deuxième et troisième fournisseurs de blé tendre du Maroc après la France, avec des parts s'élevant respectivement à 25 et à 11%.
Le flux vers le Maroc épargné
Pour ce qui est du flux maritime lui-même, les experts du transport maritime sont unanimes pour l'heure : le Covid a été plus porteur de risques que l'actuelle guerre en Ukraine (voir encadré). Mais tout dépend de la tournure que prendront les choses entre la Russie et les Occidentaux, notamment avec les nombreux risques d'expansion de ce conflit dans d'autres pays européens.
Du fait de « l'enferment » du Sud-Ouest de la Russie en Mer Noire, le foyer actuel de tensions est isolé des principales routes maritimes à destination du Maroc, à savoir les axes au départ de la Chine et qui transitent par le Canal de Suez, avant de continuer sur l'Europe ou vers l'Afrique, en transbordant par le Port Tanger Med.
Abdellah EL MOUTAWAKIL

Repères
Freight Forwarders : Hapag Lloyd applique sa propre « surtaxe »
Après Maersk l'année dernière, c'est autour de Hapag Lloyd d'appliquer une mesure qui risque de créer une nouvelle tension. En effe,t l'armateur allemand prévoit désormais d'appliquer une surtaxe de 50 dollars aux freight forwarders qui n'utiliseront pas ses services pour le transport terrestre de marchandises. Une mesure similaire de Maesrk l'année dernière avait poussé les professionnels du transport à saisir le Conseil de la Concurrence. Ce qui avait conduit Maersk à « suspendre » sa décision avant que le Conseil ne se prononce. Aujourd'hui, c'est Hapag Lloyd qui revient à la charge.

Logistique : cap sur l'efficacité énergétique
Le Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (Club OEA) et l'Institut de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IFMEREE) organisent un séminaire sur le thème « l'Efficacité énergétique, levier majeur de la compétitivité logistique et industrielle de la région du Nord ». L'événement aura lieu vendredi 18 mars 2022 à Tanger. Pour rappel, la région du Nord, véritable plateforme industrielle et logistique majeure pour la Méditerranée et pour l'Afrique, traite aujourd'hui plus de 50% du volume du commerce extérieur du Maroc.
L'info...Graphie
Trafic maritime
Le Canal de Suez augmente ses tarifs

En plus de la hausse des prix du pétrole, c'est probablement un autre indicateur de la hausse prochaine des tarifs du fret maritime. En effet, les autorités du Canal de Suez, en Egypte, annoncent une augmentation de tarifs des droits de passage. Une décision motivée par « la croissance significative du commerce mondial », ainsi que par « les besoins de développement et d'amélioration du service de transit », fait-on savoir.
En vertu des nouvelles dispositions, les droits de transit augmentent de 10% pour les navires transportant du GPL, des produits chimiques et d'autres produits liquides en vrac, de 7% pour les navires polyvalents et ceux transportant des véhicules, du gaz naturel ainsi que des marchandises de consommation communes, et de 5% pour les pétroliers et les vraquiers secs.
Effet domino oblige, ces frais supplémentaires influent probablement sur le coût de revient des marchandises pour les chargeurs, ce qui se répercute sur les prix à la consommation. A noter que les prix du fret maritime sont actuellement multipliés par 5 par rapport à leur niveau normal.

Transport maritime
Attention, reconfinement chinois

Plus que le conflit en Ukraine, c'est le retour brutal du Covid- 19 qui crée la panique dans l'univers du transport maritime. En effet, la politique zéro Covid des autorités chinoises a conduit à un reconfinement de sept jours de plusieurs dizaines de millions de personnes dans onze villes. Parmi ces grandes métropoles, on retrouve celles abritant les grands ports mondiaux comme celui de Shanghai, le premier du monde, et de Shenzhen, le quatrième.
« À ce jour, les terminaux fonctionnent normalement mais tous les acteurs du shipping surveillent les ports chinois comme le lait sur le feu car la congestion aurait bien plus d'effet sur les rotations des navires que la fermeture du marché russe, à l'écart des grandes routes maritimes mondiales », observe la revue spécialisée dans l'univers maritime, « Le Marin ».
En raison d'un manque de chauffeurs routiers et d'une possible pénurie de travailleurs portuaires, un début de congestion de navires est déjà observable cette mi-mars au large des grands ports chinois, de Shanghai à Qingdao en passant par Ningbo-Zhoushan.
En juin dernier, la fermeture partielle du grand terminal de Yantian, à Shenzhen, avait désorganisé au moins autant la chaîne logistique mondiale en raison des retards sur les navires que le blocage pendant une semaine Abdellah EL MOUTAWAKIL du canal de Suez en mars.

3 questions à Najib Cherfaoui, expert maritime
« Le prix du carburant pour navires est le plus élevé depuis 2013 »

Pour l'expert maritime, le Professeur Najib Cherfaoui, ce sont les prix du fuel qui risquent d'entraîner une nouvelle hausse du transport maritime. Et actuellement, les prix des carburants sont à un niveau jamais atteint depuis près d'une décennie.
- Est-ce que la guerre en Ukraine impacte le transport maritime à destination du Maroc ?
- Les événements actuels n'ont aucun effet sur les importations qui continuent à se dérouler selon le rythme ordinaire comparativement aux trois dernières années. Pour les céréales, Argentine, France, Brésil, Canada, Allemagne, Etats–Unis et Uruguay prennent le relais.
- Avec le boycott des armateurs des ports russes, quels moyens pour continuer les échanges maritimes avec la Russie ?
- Disons qu'il faut plutôt parler de diversification de la ressource et des marchés. Il y a donc le Canada et l'Europe du Nord comme alternatives immédiates pour les agrumes/primeurs. La réalité des choses montre à nouveau la nécessité pour le Maroc de disposer de sa propre flotte stratégique englobant la sécurité des approvisionnements énergétiques et alimentaires.
- Cette guerre a-t-elle provoqué un renchérissement du fret maritime à destination du Maroc ?
- La montée en puissance des prix du pétrole a généré une surcharge fuel révisable tous les quinze jours. Le fret maritime comprend des éléments variables qui échappent au contrôle des compagnies de navigation. Le plus important est le coût du carburant.
Les « surfrets » dus à l'ajustement des prix du carburant sont appelés « surfrets » de combustible (BS - bunker surcharge) ou surcharge fuel (BAF - bunker adjustment factor). Ils sont généralement appliqués sous forme de somme par conteneur. Le prix du carburant pour navires est le plus élevé depuis 2013.
Recueillis par A. M.


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