L'Observatoire Marocain de la Souveraineté Numérique (OMSN) plaide pour une journée nationale de la femme digitale. Un souhait motivé par la multiplication des initiatives digitales initiées par des femmes, dont le poids ne cesse de peser sur le marché du numérique au Royaume. - L'Observatoire Marocain de la Souveraineté Numérique plaide pour une journée nationale de la femme digitale. Comment définissez-vous la femme digitale ? - La femme digitale est toute femme qui travaille et oeuvre pour instaurer un écosystème numérique favorable et contribue dans le développement de l'économie numérique de notre pays, que ce soit des femmes entrepreneures, femmes ingénieures dans différentes disciplines (développement informatique, ingénierie des données, big data, intelligence artificielle, etc.), femmes geeks ou influenceuses,...Nous souhaitons que la journée nationale de la femme digitale soit un rendez-vous annuel où on rend hommage à toutes les initiatives digitales initiées par des femmes et célébrer toutes les femmes qui ont réussi des paris technologiques et ont créé de la valeur sur le marché du numérique au Maroc. - Qu'est-ce qui distinguera cette journée de la journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars de chaque année ? - La distinction est très simple. Le 8 mars est la journée internationale des droits de la femme de façon générale, mais l'idée de notre journée est plutôt liée à la sous-représentation des femmes dans le domaine des technologies en particulier. La femme a pu prouver sa présence dans d'autres domaines notamment liés aux sciences humaines et sociales. Mais pour le domaine de la technologie, la femme peine encore à trouver sa véritable place. Notre journée vise alors à effacer ce stéréotype qui limite les capacités des femmes sur le plan technique et braquer les projecteurs sur des femmes brillantes dans le domaine du numérique et de la technologie; l'idée de cette journée est de plaider pour plus d'inclusion de femmes dans le secteur technologique. - Une sous-représentation des femmes dans ce secteur et un accès plus difficile à des postes de responsabilité sont constatés. A combien s'élève la part des femmes dans les top management des entreprises du secteur ? - Au Maroc, bien que la Constitution de 2011 et le Code du travail comportent des directives claires contre toute forme de discrimination, la contribution des femmes dans le marché de l'emploi reste timide. Une étude publiée en mars 2021 par le Haut-Commissariat au Plan montre que le taux d'activité des femmes représente 19,9% contre 70,4% pour les hommes. Il est vrai que la participation des femmes dans l'industrie des Technologies de l'Information et des Communications (TIC) reste limitée. C'est d'ailleurs un constat mondial. Parmi les points qui ressortent de notre conférence sur le « Women tech » c'est qu'il y a une vraie pénurie de statistiques et d'études qui donne une idée précise sur la part des femmes dans les top management des entreprises en technologie. Un chiffre qui m'est resté collé à l'esprit, c'est celui publié par une récente étude menée par « Harvard Business Review », qui montre que 41 % de femmes quittent leur carrière en technologie après 10 ans d'expérience. D'ailleurs, de par notre mission en tant que think-tank dédié au numérique, nous allons mobiliser nos équipes pour réaliser une étude sur le taux d'accès des femmes au postes du management en technologie au Maroc. - Petit à petit et grâce à de nombreuses initiatives, de plus en plus de portes s'ouvrent aux femmes dans l'univers du digital. Faudrait-il inventer de nouveaux paradigmes pour accélérer la cadence ? - Je trouve que la situation est un peu paradoxale. Chaque année, nous enregistrons des taux élevés de féminisation dans le secteur de l'éducation, au même moment où la femme peine à trouver sa véritable place dans l'écosystème digital. Je pense qu'il y a une sorte de résistance culturelle et une attitude masculine qui pèse encore dans l'esprit d'une grande frange de la société. Par contre, je peux vous confirmer qu'à travers mes différentes interventions en tant qu'enseignant dans des écoles supérieures et universités, la gent féminine reste majoritaire et les femmes arriveront beaucoup plus en force sur le marché de l'emploi. L'économie numérique de notre pays sera portée principalement par des femmes. - Reste-t-il encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre une parité parfaite dans ce domaine ? - Je trouve que notre pays a réalisé des progrès significatifs en termes d'autonomisation économique et sociale des femmes. Dans le secteur de la technologie, nous assistons à une nouvelle génération de femmes passionnées par ce domaine et capables de prouver, de par leurs compétences, qu'elles sont une pièce maîtresse pour asseoir une économie numérique solide et pérenne. Recueillis par Safaa KSAANI OMSN Un bilan positif après six mois de fonctionnement
Six mois après le lancement de l'Observatoire Marocain de la Souveraineté Numérique (OMSN), nous avons délivré un nombre d'articles sur différents sujets en termes de vulgarisation de la culture du numérique, en plus d'un cycle de conférences. La rencontre, tenue sous le thème «Women in tech : où en est le Maroc ?» en est notre point de départ. "Une prochaine rencontre portera sur l'aspect juridique des crypto-monnaies. Nous préparons également une conférence sur la diplomatie numérique. Nous avons également tenu une visite à la ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, Ghita Mezzour. A cette occasion, nous lui avons présenté notre plan d'action. Des collaborations sont en vue relatives à la souveraineté numérique", se félicite Mustapha Meloui, qui est à la tête de l'Observatoire. Créé en octobre 2021, l'OMSN vise à fédérer les entreprises et les acteurs du numérique pour l'émergence d'un écosystème numérique marocain souverain. Une initiative émanant d'une prise de conscience de l'importance d'encourager l'indépendance technologique et numérique du Royaume. L'Observatoire aura donc pour vocation de réunir les acteurs technologiques, économiques et académiques autour de travaux d'études, d'articles scientifiques afin de construire un plaidoyer pour une souveraineté numérique marocaine, un manuel de référence en la matière, mais aussi l'organisation de cycles de formation et des workshops pour vulgariser les principes et les enjeux de ce nouveau défi sur les plans national et international. S. K.