Des chercheurs, des intellectuels et des universitaires ont pris part, samedi à Fès, à un colloque au cours duquel ils ont débattu des concepts du dialogue et du choc des civilisations dans leur rapport avec les médias. Intervenant lors de cette rencontre, organisée par la Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux (FMEJ) sous le thème «Entre dialogue et choc des civilisations: l'attisement des conflits, deviendra-il un fonds de commerce pour les médias?», le secrétaire général du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME), Abdallah Boussouf, s'est attardé sur les problématiques liées au rôle des médias dans les conflits relatifs au dialogue des civilisations. Il a mis en avant la place de choix qu'occupe la ville de Fès, particulièrement l'université Al Qaraouiyine dans le dialogue des civilisations et le rapprochement des cultures, rappelant que cette université a permis d'assurer une stabilité religieuse et politique dont jouit le Maroc jusqu'à aujourd'hui grâce à la formation des plus grands noms du mouvement national et de la majorité des ouléma marocains. Il a estimé que le développement des médias a été lié aux conflits, passant en revue plusieurs étapes historiques de cette relation entre médias et conflits notamment l'évolution de la radio lors de la seconde guerre mondiale et sa capacité à outrepasser les frontières de l'ennemi via les ondes qu'elle diffuse, ainsi que les chaines de télévision dans la préparation et l'attisement des esprits pour justifier les escalades des conflits. Il a, de même, tenu à souligner que ce ne sont pas les médias objectifs et respectueux de la déontologie et de l'éthique de la profession qui attisent les conflits, les divisions et les guerres. Ce rôle relève, a-t-il expliqué, des médias soumis à des agendas politiques et financiers. De son côté, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a souligné, dans une allocution lue en son nom, que le Maroc veille à créer un terrain juridique et réglementaire garantissant une pratique médiatique saine et à l'abri du discours de la haine et de la violence. Il a été procédé, a-t-il fait observer, au renforcement de la prévention de ce type de discours à travers la mise en place de mécanismes combinant la bonne pratique médiatique et le respect de la déontologie et de l'éthique de la profession, à même de permettre aux médias de ne plus s'ériger en outil de propagation de la haine et de l'intolérance. Pour sa part, le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulemas, Ahmed Abbadi, a souligné que l'établissement d'un dialogue entre les civilisations passe nécessairement par l'instauration de bonnes pratiques locales pour qu'elles soient sources d'inspiration. Et M. Abbadi de mettre l'accent sur l'importance du dialogue en tant que nécessité fonctionnelle qui est de nature à avoir des retombées positives générales et pour tous. Le président de la région Fès-Meknès, Abdelouahad El Ansari a, pour sa part, relevé que le discours médiatique est en tête des «discours influenceurs» auprès des sociétés et des peuples mais aussi des décideurs mondiaux, ajoutant que tout le monde est appelé à lutter contre les stéréotypes et le discours incitant à la haine et promouvoir les efforts de la presse objective et neutre, guidée par la déontologie de la profession. Quant au président de la FMEJ, Noureddine Miftah, il a tenu à préciser que la thématique de ce colloque, organisée parallèlement à l'Assemblée générale constitutive de la huitième représentation régionale de la Fédération à Fès-Meknès, s'inscrit parfaitement dans la particularité et la spécificité de cette région à caractère ancestral, spirituel et culturel. Ce colloque a été marqué par un hommage appuyé rendu à des personnalités de la région ayant marqué le champ médiatique national ainsi qu'au journaliste, écrivain et homme politique patriote, feu Abdelkarim Ghellab.