L'industrie aéronautique est un secteur de haute technologie où l'innovation est le moteur du développement. En effet, les constructeurs n'ont pas cessé d'améliorer leurs performances techniques et économiques. Le LEAP -moteur développé par GE aviation & Safran- a révolutionné le marché du moyen-courrier. Grace à ce turbopropulseur, les émissions du CO2 ont baissé de 15% par rapport au moteur de l'ancienne génération de l'A320 & le 737NG. Malgré ces progrès, la crise covid-19 a accéléré le besoin d'une industrie verte adaptée à l'ère du numérique, notamment pour les activités liées aux services et à la maintenance. Selon une récente étude de Boeing, le marché des services aviation commerciale & d'affaires représenterait d'ici à 2030 un volume de 1700 milliards de dollars. La transition vers une nouvelle génération de flotte ainsi que le maintien des certifications génèreraient une croissance à court terme de la demande des services de formation. Concernant les ventes des pièces de rechanges et les opérations de maintenance, elles connaitraient un rétablissement pour revenir à des performances similaires à l'avant covid. En conséquence, les constructeurs ont placé la transformation digitale au coeur de leur stratégie. Par exemple, l'utilisation de la réalité virtuelle apporterait aux différents opérateurs aériens un aspect d'interactivité lors des parcours de formation. Elle permettrait de personnaliser les parcours selon les spécificités de chaque flotte et de réduire le temps et les ressources nécessaires pour la formation. En vue d'améliorer la qualité du service et d'assurer une meilleure rentabilité, le big data représente un réel enjeu pour les constructeurs et les fournisseurs 1er rang. Dans ce cadre, l'exploitation des données permettrait de suivre les performances techniques des pièces. Cela contribuerait à une meilleure prévision des plannings des opérations de maintenance et un meilleur suivi de la fiabilité des pièces. Dans le même sens, l'intelligence artificielle pourrait aider les ateliers MRO à optimiser les coûts et les délais de livraison. Elle aiderait à identifier en amont les interventions nécessaires lors d'une opération de maintenance. Ainsi, le numérique est un levier important dans la conquête vers l'avion vert. Ce dernier permettrait de suivre l'impact environnemental de l'industrie et contribuerait à identifier les axes d'amélioration pour une meilleure exploitation et réutilisation des pièces aéronautiques. Compétitive et riche en matière de ressources humaines, l'industrie aéronautique marocaine a les atouts nécessaires pour se positionner sur ce segment. En effet, la transformation digitale est une préconisation importante de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement. L'industrie nationale pourrait s'appuyer sur le solide partenariat public privé pour construire une offre attractive. Cette offre devrait se baser sur 3 piliers : la formation vers les métiers du numérique, l'innovation digitale et la cybersécurité. En ajoutant ce package au savoir-faire acquis dans ce domaine, le Maroc se positionnera comme un acteur crédible et attractif à l'échelon régional et mondial. Ibrahim HATIM Analyste technico-économique & Membre de l'Alliance des économistes istiqlaliens