La crise diplomatique maroco-espagnole, qui s'est étendue jusqu'au Parlement européen, est porteuse de plusieurs leçons pour le Royaume, dont la plus saillante est l'impératif d'accélérer le processus de diversification de ses partenaires économiques, dans une logique pragmatique de «win-win». Depuis les années quatre-vingt-dix, le Maroc a pris le virage libéral en faisant de l'ouverture économique un axe stratégique de sa politique commerciale, fixant solidement ses relations avec l'Union Européenne, de loin son premier partenaire commercial, puis en bâtissant, à chaux et à sable, une coopération avec les Etats-Unis. Si cette dernière a porté ses fruits sur le plan politique, avec la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, actée par la Proclamation de l'ex-Président Donald Trump, la première s'est soldée, par contre, avec un déficit commercial chronique qui dépasse les 100 milliards de dirhams, sans oublier les positions ambiguës vis-à-vis de l'intégrité territoriale du Royaume. Prenant en considération cet aspect historique, les mutations de la scène internationale et les nouvelles donnes de la géopolitique mondiale, à la faveur de la crise sanitaire qui a donné un coup de fouet au protectionnisme économique, il devient évident que le Maroc devrait se doter d'un « gilet pare-balles » à même de limiter, ne serait-ce qu'en partie, les effets ravageurs des éventuelles crises et d'assurer un développement économique durable pour le pays. Un gilet dont la robustesse dépendrait de la diversification des partenaires commerciaux, en tablant davantage sur des pays à fort potentiel de développement et d'investissement, tel que la Chine, avec qui le Maroc partage «une approche commune» concernant les grands dossiers internationaux, comme l'a si bien formulé l'ambassadeur de la République populaire de Chine au Maroc, Li Changlin, la semaine dernière, lors d'une cérémonie commémorative du centenaire du Parti communiste chinois (PCC). Il est vrai que depuis la visite en Chine effectuée en 2016 par SM le Roi Mohammed VI, la coopération entre notre pays et l'Empire du Milieu ne cesse de gagner en largeur et en profondeur et ses perspectives s'annoncent d'ores et déjà prometteuses. En témoigne le lancement de la Cité Mohammed VI Tanger Tech, l'investissement de 350 millions d'euros effectué par le groupe chinois Citic Dicastal dans son unité industrielle à Kénitra et bien évidemment les 10 millions de doses Sinopharm livrées dans un contexte où la bataille commerciale sur les vaccins bat son plein. Hisser donc les relations sino-marocaines vers de plus hautes latitudes partenariales serait un geste stratégique, bénéfique pour les deux pays dans une conjoncture où le changement de paradigme s'impose.