L'objectif est de générer des emplois et de permettre une inclusion financière à des milliers de personnes qui sont en dehors de l'économie légale. Une première à l'échelle mondiale qui pourrait en inspirer d'autres. Le Congrès du Salvador a approuvé cette semaine une loi convertissant le Bitcoin en monnaie légale. Une initiative défendue par le président Nayib Bukele, afin de dynamiser la croissance de ce pays d'Amérique centrale. L'objectif est de générer des emplois et de « permettre une inclusion financière à des milliers de personnes qui sont en dehors de l'économie légale », a-t-il expliqué, précisant que « 70% de la population n'a pas de compte en banque et travaille dans l'économie informelle ». Dans ce pays d'Amérique centrale, où le dollar américain sert de monnaie officielle, et donc où s'appliquent les décisions de la Banque centrale des Etats-Unis, les envois de fonds des Salvadoriens depuis l'étranger sont un soutien important et représentent 22% du Produit intérieur brut (PIB). Pour rappel, le bitcoin est un actif décentralisé et sans connexion directe avec l'économie réelle, qui repose sur les technologies de blockchain. Cette crypto-monnaie reste très volatile mais l'intérêt croissant des institutions et des entreprises considérées comme stables contribue à la faire peu à peu entrer dans les moeurs. Vers une « internationale » du Bitcoin L'initiative de Nayib Bukele en faveur du Bitcoin a également trouvé écho dans d'autres pays d'Amérique Latine, déclenchant les prémices de ce qui ressemble à une internationale de cette « monnaie ». Au Paraguay, en Argentine, au Panama et au Brésil, des hommes politiques ont affiché leur soutien aux crypto-monnaies sur Twitter. Pour le Maroc, le Bitcoin et les autres transactions de crypto-monnaie ont été officiellement interdits dès novembre 2017. Toutefois, la plateforme d'achat-vente entre particuliers Local-Bitcoins fait état d'une envolée des achats de Bitcoin au Royaume en 2021, selon le média Coindesk, spécialisé dans le Bitcoin et les monnaies numériques. A titre d'exemple, au mois de février 2021 l'équivalent d'environ 900.000 dollars en Bitcoin avait été échangé, au Maroc, sur la plateforme Local-Bitcoins tout au long du mois. Local-Bitcoins a également enregistré une augmentation de 30% des inscriptions d'utilisateurs entre 2019 et 2020, avec plus de 700 nouveaux comptes créés, a déclaré Blomberg, directeur de marketing de la société Local-Bitcoins. A noter qu'un Bitcoin équivaut actuellement à 317.928,53 DH. Les autorités marocaines travaillent aujourd'hui d'arrache-pied pour les blockchains à usage professionnel, sous l'impulsion des entreprises marocaines ou françaises. Ces dernières y voient des opportunités ou à usage institutionnel. En attendant, l'Etat réfléchit à sa propre modernisation. Rachid Guerraoui, membre de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD), nous a affirmé que le Bitcoin peut avoir des effets positifs pour l'économie du Royaume. « Une monnaie virtuelle offre clairement des bénéfices en termes de transparence et de lutte contre la corruption. Par ailleurs, la technologie sous-jacente peut avoir d'autres applications très importantes au Maroc. Enfin, si les crypto-monnaies, sous une forme ou sous une autre, envahissent l'Afrique, il serait bon que le Maroc se positionne rapidement comme leader, comme il a réussi à le faire dans d'autres domaines », a-t-il assuré.