Aspirant à construire une société plus égalitaire, Nizar Baraka a dévoilé le programme électoral du Parti de l'Istiqlal. Un programme avec 7 engagements prioritaires. C'est lors du cycle spécial de rencontres sur les élections de 2021, de l'Association pour le Progrès des Dirigeants (APD Maroc), que le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, a partagé avec les dirigeants d'entreprises la vision du parti pour le Royaume pour les 5 années à venir. Une vision qui repose sur 7 axes fondamentaux pour réussir le défi de l'après-Covid. Il s'agit de consolider la souveraineté nationale, assurer une meilleure efficience de l'Etat, renforcer la résilience sociétale, relancer l'économie nationale de manière responsable, sortir de l'économie de rente et de la politique des privilèges, poursuivre les transformations écologique et numérique et finalement consolider la cohésion sociale. A quelques mois d'une refonte totale des instances politiques élues du pays (communales, régionales, législatives et des représentants des salariés), l'Istiqlal, par la voix de son Secrétaire Général, propose une nouvelle vision au niveau économique et sociétal. La souveraineté économique Les graves répercussions économiques et sociétales de la pandémie de Covid-19 au niveau mondial et sur le Maroc ont conduit à un retour au premier plan de la question de la souveraineté économique. Principe que l'Istiqlal prônait depuis déjà longtemps et qui représente le premier axe de sa nouvelle vision. Dans ce contexte en pleine mouvance, l'Istiqlal mise sur l'assurance de la sécurité sanitaire, énergétique, hydrique et alimentaire. « Nous considérons aujourd'hui qu'il faut impérativement généraliser la préférence nationale », a annoncé Baraka, une position de patriotisme économique qui s'inscrit dans l'ADN du parti. Ce dernier préconise alors de garantir plus d'intégration dans les filières industrielles, de poursuivre la stratégie d'import-substitution et de combattre l'informel. « Avec le chantier de la protection sociale, si on ne le réintègre pas aujourd'hui, le formel se trouvera à payer pour l'informel », ajouta Baraka. Parallèlement, il a pointé du doigt les divers problèmes qui entravent le développement territorial et auxquels la commande publique, en faisant de la sous-traitance à partir des entreprises régionales, peut répondre. D'ailleurs, le parti exhorte à développer et encourager le Made in Morocco. Toutefois, réaliste et conscient de la complexité de la réalité économique et politique du Maroc d'aujourd'hui, Baraka a mis au clair « qu'on ne peut pas tout faire, d'où l'obligation de définir des priorités et mettre en place un nouveau système de gouvernance reposant sur la logique du dialogue ». Selon Baraka, le deuxième axe du programme du parti est celui d'assurer une meilleure efficience de l'Etat. Cela ne se réalisera qu'à travers une révision générale du régime incitatif (incitations fiscales, foncières, subventions, etc.), la révision de la loi organique des finances, pour avoir des programmes interministériels plus intégrés. En outre, l'Istiqlal mise sur la transparence et l'efficacité en mettant en place une E-Gov centrée sur les besoins du citoyen et des entreprises. Vers une relance de l'économie Vu la situation de crise actuelle de l'économie marocaine, de l'endettement des finances publiques et de l'impact que cela a sur la souveraineté économique du Royaume, le Parti de l'Istiqlal a fait de la relance de l'économie nationale d'une manière responsable le troisième axe de sa vision. « Faire de l'emploi le principal objectif de toutes les politiques publiques », insista Baraka, martelant qu'il est temps d'adopter une logique de rupture. Il faut garantir des emplois dignes pour tous les citoyens, ce qui permettra de créer la richesse mais aussi plus de cohésion sociale et territoriale. Le Parti de la Balance veillera alors à renouveler les stratégies sectorielles qui sont arrivées à terme cette année, à part l'agriculture qui a été renouvelée et « qui reste dans une logique de continuité et non pas de rupture », a-t-il mentionné. La relance ne pourrait être possible sans sortir de l'économie de rente et de la politique des privilèges. Pour ce quatrième axe, Baraka a noté qu'il est temps de simplifier, de lutter contre les conflits d'intérêts et d'exiger la transparence. « On ne peut pas avoir un Conseil de la Concurrence qui met 5 ans pour voir le jour, et une fois qu'il a vu le jour, rien ne sort. Comment voulez-vous créer la confiance quand on sait qu'on n'a plus d'arbitre, qu'on n'a personne qui décide, qu'on est dans une logique de loi de la jungle ? S'il n'y pas d'autorité réelle qui joue son rôle pleinement, on va rester dans les oligopoles », a-t-il argumenté. Le citoyen au centre du programme Le Parti de l'Istiqlal compte changer de paradigmes en renforçant la résilience sociétale, en consolidant la cohésion sociale, puis en poursuivant la transformation écologique et numérique. C'est l'énoncé des axes 5, 6 et 7. Si E. Kant avait annoncé dans son Traité de pédagogie qu' « Il y a deux choses qu'on peut regarder comme étant tout ensemble les plus importantes et les plus difficiles pour l'humanité : l'art de gouverner les hommes, et celui de les élever », à l'Istiqlal on est conscient des enjeux de la conjugaison de ces deux paramètres. En effet, l'Istiqlal mise sur l'amélioration et le renforcement du secteur éducatif. « Dans le domaine de l'éducation, sur les 8 millions d'enfants scolarisés, seulement 900.000 ont pu suivre les cours à distance », a indiqué Baraka. Une situation regrettable à laquelle il faut répondre par la promotion du e-Learning et le déploiement d'une infrastructure du haut débit vu qu'on a « des déserts numériques dans notre pays ». « La crise du Covid a mis en exergue nos fragilités », a relevé le SG de l'Istiqlal. Aujourd'hui, avec le nouveau modèle de développement et la vision du parti, qui consiste à prévoir les chocs environnementaux, sociétaux, financiers... etc., et à mettre en place de nouveaux modes de management pour améliorer la capacité du Royaume à anticiper les crises, le pays a une chance et une opportunité pour façonner le Maroc que nous voulons. Une société plus égalitaire. Par ailleurs, l'Istiqlal prévoit de réviser le code du travail pour intégrer de nouveaux modes de travail, un meilleur ciblage des aides publiques afin de faire sortir les gens de la pauvreté, et une institutionnalisation du dialogue social. Ainsi, dans un contexte de crise pandémique, économique et sociétale, cette nouvelle vision du Parti de l'Istiqlal se propose de répondre au besoin urgent du changement au niveau de la gouvernance de la chose publique, à même d'asseoir une confiance tangible des citoyens en la chose politique. Hiba Synergies entre les visions de l'Istiqlal et de la CSMD L'Etat-major de l'Istiqlal a reçu, le 31 mai dernier, Chakib Benmoussa, président de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) au siège du parti. « Cette rencontre s'inscrit dans le cadre du dialogue social sur le Nouveau modèle de développement. Un dialogue voulu par l'Istiqlal de manière à ce que l'ensemble des Marocains puissent s'approprier le NMD », a souligné le parti dans un communiqué. Le SG a également appelé à ce que ce rapport puisse ouvrir la voie à la mise en place d'un « pacte national pour le développement ». Un engagement qui devrait servir de matrice aux engagement sociaux et aux grandes orientations, ce pacte aura également pour but d'identifier et prioriser les chantiers de développement prévu par le NMD.