Le projet de loi N°13.21 relatif à l'usage licite du cannabis a été adopté à la majorité, vendredi, par la Commission de l'Intérieur, des Collectivités territoriales, de l'Habitat et de la Politique de la ville, à la Chambre des Représentants. Ce projet de loi, visant à améliorer la situation socioéconomique de la population de la région, a été adopté par 20 voix contre 3. Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui campe sur sa position radicale était le seul parti ayant voté contre. S'exprimant à cette occasion, le président de la Commission, Hicham El Mhajri, a indiqué qu'au bout de sept heures de débat acharné autour de ce projet de loi, le gouvernement a pris en considération certains amendements qui sont à même d'apporter une plus-value et d'avoir un impact positif sur la population de la région. Ceci, a-t-il expliqué dans une déclaration, permettra surtout aux jeunes de la région de développer leurs compétences et, au même titre que les grandes sociétés, de trouver des partenaires pour valoriser leur production, à condition que les activités liées à cette production (culture, collecte, industrialisation, commercialisation...) ne soient pas dominées par une seule entité afin d'en garantir la traçabilité. Dans le même sens, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) prône également un développement global des zones concernées. Il insiste alors sur la nécessité de bénéficier d'une justice territoriale permettant à ces provinces de bénéficier de projets économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Ce projet de loi, élaboré en harmonie avec les engagements internationaux du Royaume, avait été adopté par le Conseil de gouvernement en mars dernier. Il vise à soumettre toutes les activités liées à la culture, à la production, à la transformation, au transport, à la commercialisation, à l'exportation et à l'importation du cannabis et de ses produits à un système de licence. Il est à noter que le Maroc a été classé premier producteur mondial de résine de cannabis par le rapport annuel 2020 de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC). Légaliser l'usage thérapeutique permettra de se positionner sur un marché « en croissance annuelle de 30 % au niveau mondial et de 60 % au niveau européen », d'après une note du ministère marocain de l'Intérieur, ce qui permettra une nette amélioration de la situation socioéconomique de la région.
Hiba Chakir Repères Agence nationale de régulation Le projet de loi N°13.21 diffusé par les autorités prévoit la création d'une « agence nationale de régulation » chargée de « développer un circuit agricole et industriel », avec « périmètres réglementaires », « coopératives d'agriculteurs autorisées » et « plants certifiés ». Le but est de « reconvertir les cultures illicites destructrices de l'environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d'emploi ». Un marché mondial prometteur Selon une étude du cabinet Grand View Research en 2017, le marché mondial du cannabis à usage médical pourrait s'élever à 55,8 milliards de dollars en 2025, soit cinq fois plus qu'en 2015. Le Maroc, avec près de 55.000 hectares cultivés en 2019 et une production estimée à plus de 700 tonnes pour une valeur de 23 milliards de dollars, selon une étude publiée en 2020 par l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (réseau indépendant), a les moyens pour se positionner au marché mondial.