L'épisode de Sebta, qui s'est soldé par l'afflux massif et soudain de quelque 10.000 migrants en provenance du Maroc, a causé une déflagration au sein de la scène politique espagnole. Outre la zizanie médiatique, «las Cortes» s'est montré plus que jamais divisé, avec des partis de l'opposition qui n'ont pas manqué de responsabiliser le gouvernement Sanchez sur la crise entre deux pays voisins, hier considérés comme «amis». Si le Premier ministre espagnol a jugé pertinent d'annuler un voyage à Paris, pour se rendre à Sebta et Mellilia, enfreignant le statu quo diplomatique entre les deux pays voisins, et si la diplomatie ibérique a jugé adéquat de rendre publics ses propos échangés avec l'ambassadeur du Maroc en Espagne, la classe politique espagnole estime que son Exécutif a conduit les tensions dans un tunnel dont on ne voit pas le bout. Face aux multiples sorties médiatiques des responsables gouvernementaux souhaitant renvoyer la balle aux autorités marocaines, les partis de l'opposition, particulièrement le fameux «Partido Popular», ont affirmé sans ambages qu'en accueillant Brahim Ghali en catimini, l'Exécutif a créé un terrain propice à la crise. Mais outre cette affaire, ce dernier a commis des erreurs flagrantes à l'égard du Maroc, notamment lorsqu'il a permis à son ancien vice-président, Pablo Iglesias, connu pour son hostilité obsessionnelle envers le Royaume, de se prononcer sur son intégrité territoriale...Une hostilité qui a et aura des conséquences qu'il faut assumer. Cela dit, au moment où les politiques cherchent des solutions pragmatiques, certains médias ibériques de droite, qui accusent Rabat d'avoir orchestré cette opération de migration massive, s'interrogent sur les raisons qui ont poussé le gouvernement Sanchez à ne pas prendre plus de mesures drastiques, faisant référence au déploiement de Frontex dans les deux villes occupées pour rétablir l'ordre. Des contenus éditoriaux qui laissent présumer que la présente crise risque de ressusciter un langage médiatique espagnol datant de l'époque Aznar, dont l'objectif premier était de salir l'image du Maroc et d'en faire l'ennemi "numero uno" de Madrid comme de l'Union Européenne.