L'ONU et la Banque islamique de développement (BID) ont lancé mardi un dialogue de haut niveau sur "le rôle de la finance islamique dans la réalisation des Objectifs de développement durable" (ODD). Cette initiative, qui a pour but de soutenir les efforts de réduire la pauvreté et d'accélérer la reprise économique post-Covid, est marquée par des conférences virtuelles qui seront accueillies par l'Institut de l'ONU pour la formation et la recherche. Ces conférences se poursuivront jusqu'à novembre 2021.
Ladite initiative est basée sur la finance islamique qui recourt à des instruments classiques comme la Zakat (aumône), dont les contributions annuelles atteignent 300 milliards de dollars, ou le waqf et d'autres instruments comme le crédit sans intérêt.
S'exprimant lors de la cérémonie virtuelle du lancement de ce dialogue, le président du groupe de la BID, Bandar Hajjar, a souligné l'importance de la finance islamique dont des instruments comme la zakat ou le waqf permettent un développement plus flexible et global.
"Nous aspirons à travailler avec nos partenaires à l'ONU pour généraliser ces instruments afin de (...) réaliser les ODD", a dit M. Hajjar, jugeant nécessaire de bénéficier de ce financement social afin de réduire les impacts de la pandémie et de produire des vaccins anti-Covid-19 au profit des pays en voie de développement et ceux moins avancés.
Pour sa part, Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale de l'ONU et présidente du groupe des Nations Unies pour le développement durable, a appelé à renforcer l'utilisation de la finance islamique sociale pour atténuer l'impact du nouveau coronavirus, à travers le dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), le COVAX et d'autres initiatives visant un accès mondial et équitable aux vaccins contre le virus de la COVID-19.
De son côté, Mahmoud Mohyeldin, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le financement du Programme de développement durable à l'horizon 2030, a affirmé que ce partenariat entre l'ONU et la BID va renforcer l'action visant la réalisation des ODD dans cette conjoncture difficile.
Les prévisions économiques récentes de l'ONU indiquent que la reprise économique mondiale "reste hésitante", en dépit d'un léger progrès par rapport à 2020, en raison de la hausse des cas d'infection à la Covid-19, du retard de livraison des vaccins aux pays à faible revenu et de l'exacerbation des inégalités.
A travers COVAX, un mécanisme d'accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, dirigé par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies, l'Alliance GAVI et l'Organisation mondiale de la santé en partenariat avec l'UNICEF, 60 millions de doses de vaccins anti-Covid-19 ont été acheminées vers plus de 120 pays.
Le dispositif COVAX a encore besoin de 2,8 milliards de dollars en vue de mettre fin à la phase aiguë de la pandémie à l'échelle mondiale d'ici la fin de 2021.
Basée sur les principes d'équité et de justice, la finance sociale islamique est censée aider à vaincre les barrières financières et le manque ou les inégalités de financement comme il pourrait stimuler l'activité économique, réaliser l'inclusion financière et favoriser la prospérité commune, a estimé, de son côté, la secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), Rola Dashti.
Il est possible d'assurer une meilleure gestion de la zakat, du waqf et autres outils de la finance islamique à travers l'industrie 4.0 et l'intelligence artificielle, a-t-elle poursuivi.
Mme Dashti a appelé, à cette occasion, à créer un fonds régional de la zakat, du waqf et de la sadaqa pour appuyer les interventions d'urgence et les efforts de lutte contre la pauvreté à long terme, ainsi que pour protéger les catégories les plus vulnérables.