Quelque 48 heures, voire 72 heures, nous séparent de Aïd Al Fitr, et au moment où nous écrivons ces lignes, le gouvernement n'a toujours pas dévoilé les mesures qu'il compte prendre durant cette journée festive, connue pour sa grande activité et sa mobilité. Parallèlement, les dés sont jetés du côté de bon nombre de Marocains souhaitant rejoindre leur chez soi ou leurs familles en cette période de fêtes. Ceux-ci ont d'ores et déjà planifié leurs voyages, en réservant des chambres d'hôtels ou en achetant en avance leurs billets de bus, de train ou d'avion. Il est donc tout à fait légitime de s'inquiéter du retard de diffusion d'une information aussi vitale, puisque cet attentisme porte préjudice non seulement au sentiment de quiétude des citoyens, mais également aux intérêts des opérateurs touristiques qui verront très probablement leurs réservations négativement impactées. Ce qui place les autorités publiques, une fois de plus, entre le marteau et l'enclume. Dans les heures qui viennent, celles-ci peuvent soit maintenir le statu quo, en autorisant les déplacements avec une certaine tolérance que tout le monde a remarquée ces dernières semaines, bien sûr dans les limites du couvre-feu, soit acter un « lockdown » généralisé et durcir les mesures restrictives au niveau national. Toutefois, au cas où le gouvernement opte pour la deuxième option, il doit faire attention à ne pas faire un « remake » du dernier Aïd El Kebir, en annonçant des mesures drastiques à la dernière minute, dont l'application relève de l'impossible. Alors que la situation épidémiologique au Maroc affiche une constante amélioration, il faut éviter à tout prix le scénario cauchemardesque de l'année dernière qui, outre les dégâts d'ordre psychologique et matériel, a plongé le pays dans un engrenage de contaminations, dont les séquelles se font toujours ressentir.