Quand pourrait-on reprendre le cours normal de la vie ? La pandémie prendra-t-elle fin un jour ou doit-on cohabiter avec ? Des questions qui n'ont pas encore de réponses. Selon plusieurs études, un retour à « la normale » reste tributaire de la vaccination. Et il faudrait que les Etats inoculent 75% de leur population. Au rythme actuel, sept années seraient nécessaires pour peut-être nous débarrasser de nos masques, selon le site Bloomberg. Bloomberg a érigé un système de calcul édifié sur la plus grande base de données d'injections de Covid-19 administrées dans le monde, avec plus de 119 millions de doses administrées dans le monde. Des responsables scientifiques américains tels qu'Anthony Fauci ont suggéré qu'il faudrait une couverture de 70% à 85% de la population pour que les choses reviennent à la normale. Le site révèle que certains pays font des progrès beaucoup plus rapides que d'autres, en utilisant une couverture de 75% avec un vaccin à deux doses comme cible. Les vaccinations se déroulant plus rapidement dans les pays occidentaux plus riches que dans le reste du monde, et au rythme actuel des inoculations, il faudra sept ans au monde entier, selon la même source, pour reprendre le cours normal de la vie. Yves Coppieters, professeur de santé publique à l'Université libre de Bruxelles, verse dans les mêmes conclusions que Bloomberg. Il affirme dans une déclaration au Journal du dimanche (JDD) que « le niveau de protection à atteindre dépend du taux de reproduction du virus. Pour le SarsCoV-2, celui-ci est estimé à 2,5 hors de toute mesure de contrôle épidémique, ce qui impliquerait de vacciner 70% de la population (ou 80% si les variants plus contagieux deviennent prédominants). Mais 12 à 20% des Européens auraient déjà été infectés et bénéficieraient d'une immunité acquise. Ainsi, dès que 40% puis 50% des personnes seront vaccinées, on observera un effet radical. Quand plus de la moitié de la population aura reçu le vaccin, on aura quasiment l'immunité attendue pour réduire significativement la circulation du virus ». Les inégalités hypothèquent la défense collective Il insiste toutefois que « tant que 70% à 80% de la population ne sera pas protégée, les événements rassemblant un public nombreux ne seront sans doute pas autorisés. On conservera les masques, les gestes barrière et plus de distance sociale qu'auparavant, mais on retrouvera une proximité amicale et familiale » Les vaccins protègent contre le Covid-19 quelques semaines après inoculation. Mais si seulement quelques personnes dans une communauté se font vacciner, le virus peut continuer à se propager sans contrôle. Au fur et à mesure que de plus en plus de personnes reçoivent le vaccin, des groupes de personnes commencent à construire une défense collective contre le virus afin que des étincelles isolées d'infection s'épuisent au lieu de se propager en une épidémie. Le concept est connu sous le nom d'immunité collective. Pour faire face à la pandémie de Covid-19, les gouvernements comptent donc, plus que jamais sur la campagne de vaccination, qui s'accélère (plus de 200 millions de doses administrées dans le monde à date de samedi dernier) mais qui révèle en même temps les inégalités entre pays riches et pauvres. Au moins 201.042.149 doses avaient été administrées, dans 107 pays au minimum. Un chiffre sous-estimé du fait que la Chine et la Russie, n'ont pas communiqué de nouvelles données depuis une dizaine de jours, mais qui dénonce une flagrante disparité, près de 45% des injections ont été réalisées dans les pays du G7, qui n'hébergent pourtant que 10% de la population mondiale. A ce jour, plus de neuf doses sur dix (92%) ont été administrées dans des pays à revenu «élevé» ou «intermédiaire de la tranche supérieure» (au sens de la Banque mondiale), qui ne concentrent qu'une grosse moitié de la population mondiale (53%). Parmi les 29 pays à «faible» revenu, seuls la Guinée et le Rwanda ont commencé à vacciner. Apport du G7 : une larme dans l'océan des milliards $ Alors que la communauté des pays riches avait affiché une inquiétude sur le sort de l'Afrique au début de la pandémie de covid-19 en mars 2020, elle ne s'est pas beaucoup mobilisée pour témoigner sa solidarité aux pays les plus en difficulté, dont ceux du continent. La solidarité internationale n'a pas dépassé les 25 milliards $, alors que dans certains pays riches, plus de 4000 milliards $ ont été engagés pour la cause. Selon le rapport de janvier 2021 du Fonds monétaire international (FMI) sur la stabilité fiscale dans le monde, les Africains avaient déjà engagé près de 66 milliards $ pour répondre aux conséquences de la pandémie à fin septembre 2020. Dans un élan de mansuétude, les dirigeants du G7 se sont engagés à partager une partie des vaccins avec les pays pauvres. Ils ont notamment annoncé plus que doubler leur soutien collectif à la vaccination, à 7,5 milliards de dollars, (une goutte d'eau de l'océan des 4000 milliards de dollars) notamment via le programme onusien Covax, piloté par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ali BENADADA La Russie enregistre un troisième vaccin La Russie a enregistré son troisième vaccin contre le Covid-19, étape préalable à la phase finale des essais cliniques, a annoncé samedi le Premier ministre, promettant d'accélérer les cadences de production. «Dès le milieu du mois de mars, les premières 120.000 doses (du troisième vaccin) seront mises en circulation. La Russie est aujourd'hui le seul pays où existent déjà trois vaccins», s'est félicité Mikhaïl Michoustine, lors d'une réunion gouvernementale diffusée à la télévision. Baptisé «Kovivak», ce troisième vaccin a été conçu par le Centre de recherche Tchoumakov de Moscou. La Russie a déjà enregistré le vaccin Spoutnik V, en août, et EpiVacCorona, homologué en octobre. Elle mène depuis janvier une campagne massive de vaccination de sa population. Le premier vaccin, dont l'annonce précoce a suscité des doutes au sein de la communauté scientifique, a bénéficié dernièrement d'une reconnaissance de son efficacité dans une étude publiée par la revue médicale The Lancet, validée par des experts indépendants. Il est désormais autorisé dans plus d'une vingtaine de pays. Les autorités russes tentent de passer des accords de production à travers le monde, plutôt que d'exporter leurs vaccins, faute de capacités suffisantes pour satisfaire la demande nationale, prioritaire.