L'ONU craint que le putsch militaire birman aggrave le sort des 600.000 membres de la communauté musulmane des Rohingya toujours présents dans le pays. L'armée birmane a pris le pouvoir lundi lors d'un putsch contre le gouvernement démocratiquement élu d'Aung San Suu Kyi, laquelle a été placée en détention de même que d'autres hauts représentants de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). La répression militaire menée contre les Rohingya en 2017 a poussé plus de 700.000 d'entre eux à fuir vers le Bangladesh, où ils se sont retrouvés bloqués dans des camps de réfugiés. Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, et des puissances occidentales avaient accusé l'armée birmane de nettoyage ethnique, des accusations rejetées par celle-ci. Notant devant les journalistes qu'une partie des Rohingya disposaient d'un accès très limité à des soins de santé et des services éducatifs basiques, le porte-parole de l'Onu Stéphane Dujarric a dit que les Nations unies craignaient que «les événements fassent empirer la situation» pour eux. Le Bangladesh accueille plus d'un million de musulmans rohingyas dans des camps de fortune exigus à Cox's Bazar, considéré comme le plus grand camp de réfugiés au monde. La plupart ont fui la violence à la suite d'une répression militaire dans l'Etat de Rakhine au Myanmar en 2017. Mais beaucoup résident toujours dans le pays voisin, sans citoyenneté ni droit de vote. Le Myanmar avait déclaré plus tôt qu'il s'était engagé à procéder au rapatriement conformément à un accord bilatéral, le Bangladesh espérant qu'il entamerait le processus au deuxième trimestre de cette année. 600.000 Rohingyas vivent encore à Rakhine Le mois dernier, Dhaka a commencé à déplacer les Rohingyas sur une île isolée du golfe du Bengale. Jusqu'à présent, près de 7000 personnes ont été transportées à Bhasan Char, une île réputée sujette aux inondations. «Le rapatriement était déjà incertain, maintenant il a été anéanti», a déclaré à l'agence Anadolu Khin Maung, le chef de l'Association des jeunes Rohingya. «Cela aura un impact énorme sur notre rapatriement pacifique dans notre pays d'origine». Il a exhorté la communauté internationale à faire entendre sa voix en faveur de la démocratie et à «faire pression sur l'armée du Myanmar pour qu'elle accepte les résultats des récentes élections». «Il y a encore plus de 600.000 Rohingyas vivant à Rakhine. J'ai beaucoup de parents là-bas. Je m'inquiète pour eux maintenant», a déclaré Abdur Rahim, un chef de camp de réfugiés. «Tous les espoirs ont été détruits». «L'ONU doit agir contre l'armée du Myanmar», a déclaré Mayyu Khan, un autre Rohingya au camp d'Ukhia à Cox's Bazaar. «Si la situation n'est pas contrôlée et que notre rapatriement pacifique n'est pas assuré immédiatement, cela créera des problèmes pour nous tous».