Politiciens et observateurs égyptiens et soudanais conviennent que l'escalade de la tension militaire à la frontière soudano-éthiopienne profite au Caire. Dans des déclarations au site «Arabi 21», ils ont souligné que l'Egypte n'hésiterait pas à fournir un soutien militaire au Soudan pour affaiblir l'Ethiopie au cas où la situation deviendrait incontrôlable, mais ils ont exclu un glissement vers une guerre entre les deux pays. Samedi, les forces armées soudanaises ont annoncé l'envoi d'importants renforts militaires à la frontière avec l'Ethiopie, pour restaurer ce qu'elle a qualifié de «terres usurpées» aux milices éthiopiennes dans l'Etat de Gedaref, à l'est. À la suite de la mort de plusieurs membres de l'armée soudanaise, le commandant en chef des forces armées soudanaises et président du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, s'est rendu jeudi dans l'Etat de Gedaref et a inspecté la situation aux frontières orientales, après les attaques des forces éthiopiennes mardi dernier. L'Egypte a rapidement publié une déclaration condamnant l'attaque contre les forces armées soudanaises. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, elle a affirmé, «sa pleine solidarité avec le Soudan frère et son droit de protéger sa sécurité et d'exercer sa souveraineté sur ses terres, et sa dénonciation de ces attaques injustifiées». Développement de la coopération égypto-soudanaise Les relations entre l'Egypte et le Soudan, après l'éviction de l'ancien président Omar el-Béchir, ont connu un développement d'une coopération sans précédent à tous les niveaux, en particulier au niveau militaire. Par ailleurs, l'analyste politique et journaliste soudanais Yasser Mahjoub a relevé que l'Egypte peut exploiter la crise entre le Soudan et l'Ethiopie, et s'y investir au profit de son désaccord avec cette dernière dans le dossier du barrage de la Renaissance. Mahjoub poursuit qu'«outre son conflit actuel avec l'Egypte et plus tard avec le Soudan, l'Ethiopie est resté dans une crise interne orageuse. Car même s'il a pu mettre fin à la rébellion tigréenne par l'option militaire, cela n'a pas empêché une rupture majeure dans le tissu social et la cohésion politique de l'Etat éthiopien». Du Coté égyptien, un ancien membre de la commission des relations extérieures du Parlement égyptien, Muhammad Imad Saber, a déclaré que le discours adopté par Khartoum porte cette fois des messages qui vont au-delà des caractéristiques du désaccord traditionnel qui surgit de temps en temps entre les deux parties, où l'armée soudanaise s'est déplacée. Récupérer les terres soudanaises dans les zones frontalières d'AlFashaqa. Et d'ajouter que « si les tensions frontalières entre le Soudan et l'Ethiopie pouvaient pousser Khartoum vers l'Egypte dans le dossier du barrage de la Renaissance, alors le problème de «Halayeb et Shalateen», en revanche, pourrait être joué par la partie éthiopienne et déclenché». L'ancien parlementaire égyptien a estimé que «l'establishment militaire égyptien travaille de diverses manières pour utiliser ses atouts afin d'empêcher le fonctionnement du barrage selon la conception éthiopienne.